Ana
Désormais seule, je décide de préparer mon sac pour le lendemain. Une façon de s'occuper l'esprit, préférant ne pas affronter mes propres démons tapis dans l'obscurité de ma chambre. Mais une petite boîte rectangulaire sur mon bureau, attire mon attention. Elle est soigneusement enveloppé dans un papier cadeau rouge et jaune, dont un flot argenté joliment noué le surplombe.
Accompagné d'un mot est griffonné, et déposé grossièrement à côté :
- Un cadeau de ta mère, bonne soirée. Slave.
Curieuse, je m'empresse d'ouvrir le cadeau en déchirant le papier dans la précipitation comme une enfant le jour de Noël. Mais la douce chaleur qui règne dans la pièce me rappelle que nous sommes au beau milieu du mois de juin, et donc bien loin du 25 décembre.
Je comprends assez facilement que c'est un téléphone, mais le plus étonnement est que la boîte est déjà été ouverte. En effet, il est chargé et l'écran de verrouillage illumine la chambre lorsque mon pouce le parcourt. Mon coeur se serre lorsque je remarque que le fond d'écran est une vieille photo de famille, d'une journée à la plage il y a déjà plus six ans.
On y voit clairement le visage de ma mère, souriant et plein de vie. Tandis que mon frère se tient debout derrière elle, avec moi à ses pieds qui tente en vain de le faire tomber dans le sable. À ce moment-là, Thomas était un simple adolescent dont le seul souci était sa mèche de cheveux qui recouvrait régulièrement le devant de ses yeux.
Le retrouver sur ce téléphone, alors que son regard n'exprime qu'une immense joie me paralyse de tristesse. Mes lèvres se pincent, permettant à une larme solitaire de dévaler ma joue à toute vitesse.
L'idée de ne plus jamais le revoir, lui et ses mauvaises blagues m'oppresse. C'est mon grand-frère est aussi têtu soit-il je ne peux pas me résoudre à l'abandonner à ses tourments. Et pourtant c'est injuste de ma part de le forcer à affronter des choses aussi effrayantes. Mais la menace de Nathan au lycée, et l'attaque de cette créature des enfers m'ont arraché au déni.
Je ne peux qu'imaginer à quel point il doit se sentir démuni et impuissant face à cette situation. Et malgré tout ça, je ne m'explique pas sa fuite. Comment peut-il m'abandonner dans un endroit qu'il ne supporte pas lui-même ?
Finalement, plusieurs notifications m'obligent à me concentrer sur le téléphone. Je découvre plusieurs messages de ma mère, qui s'inquiète et demande de nos nouvelles. Je comprends rapidement que Slave ne lui a encore rien dit pour Thomas, ce qui veut également dire que mon frère n'est pas encore arrivé chez elle si tel est son objectif.
Mais je préfère formuler une réponse aussi brève que possible pour ne pas entrer dans les détails et l'affoler inutilement :
- Tu nous manques. Les personnes ici sont gentils. Bisous.
- Des détails ? Thomas a quitté le camp, donc je pars le chercher mais j'en reviendrai probablement pas vivante. D'ailleurs deux personnes de mon groupe vont très certainement s'entretuer lorsque j'aurai le dos tourné. S'amuse ma conscience d'humeur moqueuse.
Je secoue négativement la tête en l'ignorant, abandonnant au passage le téléphone sur mon lit, pour réunir quelques affaires propres et les ranger le plus convenablement possible dans un sac de sport. Par-dessus je dépose une trousse de toilette dans laquelle je mets mes brosses à cheveux et à dents, ainsi qu'un savon à la fleur d'amande.
Une fois mon sac prêt, je le dépose aux pieds du lit pour enfiler mon pyjama. Enfin ce n'est qu'un simple short noir, et un débardeur plus clair. Des vêtements suffisamment légers pour passer une bonne nuit en ce début d'été.
À peine assise dans mon lit que mon téléphone s'illumine dans la nuit, m'indiquant une nouvelle notification. Cette fois-ci c'est un numéro inconnu :
- Tu devrais regarder par la fenêtre.
Effrayée, je me redresse aussitôt alors que mon coeur tambourine douloureusement contre ma poitrine. Le sang pulse contre mes tympans, ignorant ce que je vais découvrir et heureusement je ne distingue rien dans l'obscurité.
D'un pas hésitant je m'approche pour ouvrir la fenêtre lorsque je suis certaine qu'il n'y a rien derrière cette dernière. Concluant à un simple canular, je m'apprête à la refermer lorsque j'aperçois une silhouette assise sur les marches du perron.
Je ne parviens pas à voir distinctement qui se trouve devant, alors je décide de partir à sa rencontre. La porte s'ouvre dans un grincement sinistre, mais la personne s'obstine à ne pas croiser mon regard.
Quand soudain, l'inconnu se lève brusquement pour s'approcher de moi dans la précipitation. Surprise, je ne réagis pas assez vite et percute avec suffisamment de force son corps, me faisant vaciller. Impuissante, je tombe sur les fesses en gémissant de douleur, un petit bruit ridicule que j'essaie d'étouffer, bien trop tard, dans ma main.
« Pardon, je pensais pas que tu étais aussi proche. S'excuse une voix rauque que je ne reconnais pas immédiatement.
- J'ai frôlé la crise cardiaque à dix-sept ans. Je me plains, tout en frottant le bas de mon dos endolori.
- Je m'en veux vraiment. Continue le garçon en s'agenouillant face à moi, et lorsqu'il ouvre les yeux je ne peux retenir un frisson parcourir mon corps de la tête aux pieds. Ses yeux rouges m'observent avec une telle intensité, que la nuit semble l'intensifier.
- De m'avoir bousculé ? Je demande dans un chuchotement, l'air perplexe.
- Non. » Sa voix n'est désormais plus qu'un murmure alors que ses doigts frôlent ma joue avec hésitation. Je fronce les yeux sourcils, trop perdue pour obtenir une réponse logique de sa part. Et pourtant il ajoute d'une voix rauque, presque inaudible :
- D'être tombé amoureux de toi.
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Sang-Mêlé Ω Le Destin d'Ana Ω
ParanormalDe la lignée de Poseidon, descendra une enfant plus belle qu'une déesse et plus puissante qu'un titan. L'idée d'un avenir radieux ou d'une fin précipitée pour ce monde tel qu'on le connaît, dépendra de cette fillette. C'est ainsi que Zeus fit prome...