Sang-Mêlé Ω Le Destin d'Ana Ω

Chapitre 19 {Résolutions}

Ana

Je reste interdite, ne sachant pas quoi répondre à cette déclaration aussi inattendue... que belle.      Et pourtant, je doute. Mes yeux s'attardent sur ses lèvres pinçaient, comme prêtes à admettre qu'il s'agit d'une très mauvaise blague. Mais il ne dit rien. 

Je ne prends pas la peine de me redresser, et lui se contente de rester immobile dans cette même position. Son regard flamboyant ne me lâche pas, me faisant indirectement comprendre qu'il est dans l'attente d'une quelconque réaction. Un rire nerveux, des larmes ou une remarque cinglante. Mais aucun son ne franchit la barrière que sont mes lèvres.

- Je vais te laisser, tu dois te reposer. Souffle finalement le garçon dans un murmure, avant de détourner son regard vers la forêt. J'ai envie de lui répondre, et pourtant rien de ce que je peux dire ne peut rivaliser avec son aveu. 

En quelques secondes, il s'est déjà éloigné vers son bungalow. Les poings serrés contre ses hanches, je l'entends marmonner quelques mots incompréhensibles sous la frustration. Mon manque de réaction y est sûrement pour beaucoup, et pourtant je me lève en titubant légèrement.

- Landry... a bien dit que les demi-dieux ne possédaient pas d'ADN. Alors j'ai le droit... de l'aimer moi aussi... C'est ce que je pense, et malgré tout, mes pas pour le rattraper se font hésitants.  Mais si je refuse de l'admettre, c'est que je préfère me complaire dans le déni trop incapable d'affronter mes propres sentiments pour lui.

Alors mes pas se transforment en une course effrénée vers son bungalow, glissant une main et un pied dans l'encadrement de la porte pour l'empêcher de la refermer. Nathan réapparaît dans mon champ de vision, faisant disparaître automatiquement son air abattu lorsque son regard croise le mien. 

Il fait un pas vers moi pour me rejoindre sous le porche, les sourcils légèrement froncés comme s'il attendait une quelconque explication à ma présence. Je peine à contrôler ma respiration, et l'appréhension me pousse à fuir. Et pourtant, d'une voix à peine audible, je lui demande :

- C'était sérieux ?

Pour toute réponse, un léger sourire apparaît à la commissure de ses lèvres. D'un seul pas, le garçon comble le peu d'espace qui survivait encore entre nos deux corps, pour soulever d'un seul doigt mon visage vers le sien qui s'abaisse lentement à ma hauteur.

Son haleine mentholée envahit mes poumons, alors que ses lèvres viennent rencontrer les miennes. Surprise de son infinie délicatesse, ses doigts glissent derrière ma taille pour m'approcher davantage de son corps jusqu'à obliger mes bras tremblants à l'enlacer timidement.

Les yeux fermés, je savoure cette nouvelle sensation s'immiscer au creux de mon ventre, alors que la pression de ses mains sur le bas de mon dos me fait haleter contre ses lèvres. Il sourit contre ma joue, visiblement aussi satisfait que moi de ce revirement étonnement agréable. 

De longues minutes passent ainsi, alors qu'aucun de nous deux ne semble vouloir mettre un terme à cette étreinte. Chacun profite de la chaleur que l'autre lui offre, dans la plus envoutante des atmosphères.

Mon visage est enfoui contre son torse, alors qu'il resserre son emprise comme pour me transmettre la force de ses sentiments qui l'assaillent. Puis d'une seule main, il entreprend de caresser tendrement mes cheveux en murmurant près de mon oreille :

- Je t'aime.

Ses quelques mots renversent définitivement le peu de doutes qui subsistaient dans un coin de mon esprit, faisant tomber ma tête en arrière pour lui adresser un sourire béat. Son regard flamboyant plonge dans le mien jusqu'à faire virer mes joues aux cramoisies, bien que l'obscurité de la nuit camoufle assez bien ma gêne apparente.