Chapitre 33 {Folie et puissance}

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Océan s'enfonce dans la forêt à l'aveuglette, ne distinguant rien d'autre que la nuit noire qui nous enveloppe depuis un temps que j'estime être assez long. Et pourtant je ne suis sûre de rien, les arbres gênent ma vision, et m'empêchent de constater l'avancée de la lune dans le ciel. 

Donc je ne peux pas me fier à mon impression. On ne galope pas depuis plusieurs heures, mais une éternité semble s'être écoulée depuis que Nathan nous a obligé à prendre la fuite. Océan haletait bruyamment, certainement aussi essoufflé qu'effrayé. Et en plus sa respiration, le bruit de ses sabots sur les branches mortes pouvait alerter n'importe quel monstre dans les alentours.

Alors je lui murmurais quelques mots doux pour l'apaiser, le faisant ralentir doucement jusqu'à ce qu'il décide enfin de s'arrêter complètement. J'en profitais pour descendre maladroitement de son dos, et observais l'obscurité environnante avec une crainte démesurée. 

Dans un mouvement délicat, je caressais lentement le haut de son front pour le remercier silencieusement de tous ses efforts. Laissant pendant quelques secondes reposer ma tête contre la sienne, cela nous aidant à retrouver un semblante de calme jusqu'à ce qu'un long râle sinistre retentisse. 

Je prie silencieusement pour que ma conscience soit d'humeur joueuse, et que ma psychose me pousse à imaginer des bruits. Et pourtant je suis forcée de me rendre à l'évidence qu'une créature nous épit probablement, profitant des bois pour dissimuler sa présence.

En effet, cette dernière brise plusieurs banches mortes après son passage, ne prenant pas la peine d'étouffer ses longs râles inquiétants. J'imaginais déjà la bête derrière les branchages épais, un filet de bave s'échappant d'entre ses dents acérées. Trop excitée à l'idée de nous terroriser avant de pouvoir nous dévorer comme il se doit. 

D'un mouvement de doigt en direction du sol, je fais signe à Océan de ne pas bouger. En m'aventurant davantage vers la gauche, pour prendre à revers la créature qui semblait se concentrer sur la respiration bruyante de mon cheval. 

Puis en fronçant les sourcils, je pouvais enfin apercevoir une silhouette qui titubait dans l'obscurité. Elle se déplaçait lentement, s'accrochant désespérément à chacun des troncs d'arbres sur son chemin pour ne pas s'écrouler. 

Apparemment très affaibli, je continuais à l'observer en maintenant une certaine distance avec elle, tout en veillant qu'elle ne soit pas encore sur Océan. Et même à cette distance, la silhouette semblait se déplacer sur deux jambes, comme un humain. Mais peu importe la nature de cet individu, ses longs râles me dissuadaient d'avancer pour en découvrir davantage. 

Après plusieurs minutes à le suivre, en veillant à faire le moins de bruit possible, il arrivait enfin jusqu'à Océan qui commençait hennir, complètement apeuré. Alors sans hésitation, je me précipitais vers l'individu, en imaginant pouvoir profiter de sa faiblesse apparente pour avoir facilement le dessus. 

Mais il résistait dans un unième gémissement de douleur, me laissant tomber à genoux derrière lui. Prête à me battre, je laissais cette sensation de puissance submergeait mes sens jusqu'à ce que je découvre le visage ensanglanté de mon ami.

Landry se tenait debout, devant moi. Il crachait du sang, beaucoup même. Un rire nerveux lui échappait, le faisant tousser bruyamment. D'un revers de la main, il s'essuyait la bouche pour laisser une trace rougeâtre sur cette dernière. 

- À deux doigts de mourir, et tu ne me fais même pas vaciller. Se moque Landry d'une voix rauque, se penchant aux pieds de l'arbre pour vomir une importante quantité de sang devant mes yeux complètement écarquillés. 

Trop choquée pour lui répondre, je le regarde s'agenouiller difficilement devant moi. Ses yeux orange m'observent un instant, puis finalement son sourire se crispe alors qu'un long râle s'échappe d'entre ses lèvres. C'est à ce moment précis que je remarque que ses mains sont emprisonnées par des menottes étranges, mais le garçon m'empêche de m'attarder sur ce détail, et puise dans ses dernières ressources pour me dire :

- Une hémorragie interne, au niveau de l'estomac. Je suis condamné, alors écoute attentivement ce que je vais te dire.

Je secoue négativement la tête, refusant de le perdre après l'avoir tout juste retrouvé. Je l'oblige à s'allonger pour en quelques secondes seulement trouver la source du problème. Il a très certainement été passé à tabac, plusieurs de ses côtes sont fracturées dont une qui a fini par perforer son poumon droit. 

Je stimule la régénération de ses cellules, afin que Landry puisse de nouveau respirer d'une façon plus convenable. Une meilleure oxygénation va me permettre de m'attaquer aux multiples hémorragies dans son corps. 

L'eau m'aide à réduire considérablement l'épanchement de sang au niveau de son estomac, et me permet d'accéder à ses cotes pour ressouder du mieux que je peux ses fractures. Il gémit de douleur, faisant se contacter ses abdominaux. Mais j'ai appris à ne plus me laisser troubler par la contraction involontaire des muscles, alors je poursuis mes soins pour terminer sur les plaies superficielles qui recouvrent son torse. 

Satisfaite, je me redresse en faisant légèrement craquer mon cou. Epuisée, un vertige m'assaille et m'oblige à m'asseoir pour reprendre mon souffle. J'aperçois Landry s'asseoir près de moi, pour me remercier très simplement. 

« Nathan et Kyle ? Il m'interroge, ne se préoccupant désormais plus de son état convalescent. 

- À une trentaine de minutes en marchant vers le sud. Je l'informe, en frottant légèrement mes yeux douloureux. 

- On doit les retrouver. J'ai réussi à m'échapper mais ils n'étaient pas loin derrière moi. Poursuit le garçon qui prenait appuie sur l'arbre pour se lever maladroitement, les mains encore emprisonnées, son soudain effort le faisant grimacer de douleur.

- Mais ils affrontaient un ours d'Héphaïstos. Ma voix n'est qu'un murmure, alors que plusieurs scénarios tragiques envahissent mon esprit. 

- Ils sont aussi fous que puissants. Je ne m'inquiète pas pour eux, en revanche je ne suis pas suffisamment fort pour te protéger, et combattre en même temps. Si l'homme qui m'a enlevé, ou l'un, de ses hommes nous tombent dessus, on est fichu. » Insiste Landry, en me proposant une main amicale pour m'aider à me relever. 


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Sang-Mêlé Ω  Le Destin d'Ana ΩOù les histoires vivent. Découvrez maintenant