Sang-Mêlé Ω Le Destin d'Ana Ω

Chapitre 41 {Moralement acceptable}

***Point de vu Ana***

« Qu'est ce que tu m'as fait ? Je l'interroge d'une voix tremblante.

- Je t'ai protégé, à ma façon. Il me répond en haussant vaguement les épaules, comme si je devais me contenter de cette simple réponse.

- Me protéger de quoi ? J'insiste, alors qu'un frisson secoue violemment mon corps lorsque des souvenirs torrides me reviennent en mémoire.

- De moi-même. Marmonne le garçon en prenant appui contre le mur, pour croiser ses mains derrière la tête.

- Mais pourquoi ! Je m'exclame, en essayant de couvrir mon corps encore trop exposé.

- Parce que je t'aurai fait du mal, beaucoup de mal. Précise-t-il d'une voix étonnamment calme.

- Alors... » Je ne termine pas ma phrase, et touche mes lèvres de bout des doigts, absorbée par mes pensées qui se bousculaient dans mon esprit.

Une partie de moi préférait se noyer dans un océan de déni, refusant d'admettre cette évidence trop douloureuse. Je sais bien que son tempérament explosif fait de lui une personne assez imprévisible, mais delà à justifier ses agissements douteux en prétextant être capable de me violenter pour X raison...

Je secoue négativement la tête en fermant les yeux, refusant de pleurer devant lui. J'inspire profondément, avant de lui demander dans un murmure :

- Alors les baisers... Je n'ai pas le temps de formuler ma question, qu'il m'interrompt.

- Rien de tout ce dont tu te souviens ne s'est réellement produit. Ses paroles m'arrachent à l'océan de déni dans lequel je m'étais réfugié, pour m'exploser en plein visage.

- Tous les souvenirs que j'ai...ont été créé de toutes pièces... Ma voix est à peine audible, alors qu'une larme solitaire dévale rapidement ma joue.

- Non, mon incantation te fait vivre le fantasme auquel tu penses le plus souvent. Le fait que tu es pu me voir n'est pas de mon ressort. » M'explique le garçon sur un ton beaucoup trop enjoué pour moi, alors je fronce les sourcils pour manifester ma colère.

- C'est Kyle que j'ai vu ! » Je marmonne en quittant le lit, préférant ignorer son regard assassin.

N'ayant plus envie d'entendre ses justifications ridicules, je me dirige vers la porte avec l'intention de rendre visite à Océan. Mais cette dernière refuse de s'ouvrir, Nathan était derrière moi et j'aperçois sa main appuyait suffisamment fort sur le haut de la porte pour rendre vaine ma tentative de quitter cette pièce.

« Si c'est juste une question de réalité, je peux remédier à ce problème. Me propose la voix rauque du garçon, en laissant son souffle brûlant s'écraser contre mon cou.

- Pardon ? Je l'interroge trop surprise par son comportement plus qu'indécent.

- Détailles-moi les souvenirs que tu as encore en tête, et bientôt ils ne seront plus seulement le fruit de ton imagination perverse. Il insiste, alors que sa main libre vient glisser le long de mon corps jusqu'à s'arrêter sur ma hanche.

- Plutôt mourir étouffée par un oreiller. » Je m'énerve, avant de me retourner vers lui pour claquer la paume de ma main contre son torse si violemment qu'il atterrit maladroitement dans le lit.

Je quitte la chambre dans la précipitation, trop attachée à ma vie pour attendre qu'il se ressaisisse pour se venger. Toujours en pyjama, je descends les escaliers à toute vitesse alors que la fraîcheur des pierres transpercent mes pieds nus jusqu'à me faire grimacer légèrement.

Une fois dans le hall d'entrée, j'aperçois le vieil aubergiste endormi sur son comptoir, un verre d'alcool à la main. Je secoue négativement la tête, comprenant que ce vieux poivrot est très certainement responsable de cette situation périlleuse dans laquelle je me trouve.

Finalement, je reprends ma course jusqu'à ce que mes pieds rencontrent la terre chaude qui borde la vieille bâtisse, et qu'une légère brise s'engouffre dans mes cheveux. J'inspire profondément, avant de m'aventurer plus loin à la recherche de mon cheval.

Je le retrouve en quelques secondes, à proximité du ruisseau où je l'ai guidé plus tôt dans la journée. Ce dernier ne tarde pas à remarquer ma présence, et trottine vers moi visiblement très heureux de ma visite. Alors dans un mouvement délicat, je caresse sa tête en secouant légèrement sa crinière qui recouvrait de temps à autre ses yeux.

- Ana ? Une voix m'interpelle, me forçant à me retourner lentement, trop effrayée à l'idée de découvrir Nathan et son aura meurtrière.

Et pourtant, c'est le visage perplexe de Landry que je découvre avec soulagement. Il s'approche de moi, un sceau remplit de grain dans la main droite. Il ne lui faut qu'une fraction de seconde pour m'examiner de la tête aux pieds, pour m'interroger ensuite :

- Qu'est qu'il a fait ?

« Comment sais-tu que c'est lui ? Je me surprends à lui demander.

- Tu es en pyjama, dehors. Et pieds nus qui plus est. Me fait remarquer le garçon en haussant un sourcil.

- Certes... Et c'était une très mauvaise blague... » Je réponds à sa question, en lui épargnant les détails trop glauques de cette histoire.

Il hoche la tête, ne préférant probablement pas insister. C'est ainsi qu'il siffle Océan pour attirer son attention, et l'inviter à manger les grains dans le sceau. Mon cheval ne se fait pas prier, et se dépêche de rejoindre Landry qui en verse une quantité suffisante à même le sol.

« Tu penses que c'est une mauvaise idée, si je le renvoie ? Ma question le surprend, le garçon hausse les épaules apparemment aussi indécis que moi.

- C'est un atout majeur pour cette quête. Cependant, tu ne dois pas céder à ses caprices. S'il fait des choses que la morale réprouve, renvoie le. Ça lui donnera matière à réfléchir. Me répond finalement Landry en observant distraitement le ciel bleu au-dessus de nos têtes.

- Je ne suis pas de ceux qui réfléchissent. Marmonne finalement une autre voix.

- Nathan... Ma voix n'est qu'un murmure lorsque j'aperçois le garçon s'approchait de nous d'un pas déterminé, sa mâchoire contactée sous la colère. 

- Je pars. Ajoute ce dernier qui préférait éviter mon regard.

- Pour quelles raisons ? L'interroge Landry calmement.

- Je n'ai plus aucune raison de rester ici. » Grogne le demi-dieux en faisant volte-face sans même un adieu.

Je le regarde s'éloigner, impuissante. Je lui en veux, énormément même. Ce qu'il a fait été totalement déplacé, et pourtant ce genre de comportement ne devrait même plus m'étonner. Mais contre toute attente, c'est Landry qui réagit avant moi :

- Nathan ! Tu peux rentrer avec Océan, l'aubergiste nous prête son pick-up. 

Je le vois hésiter, mais il finit par accepter en se rappelant probablement la longue route qui l'attend. Le garçon près de moi m'interroge silencieusement pour avoir mon accord, que j'accepte d'un simple hochement de tête en m'éloignant d'eux. 

Je n'ai pas envie de rester plus longtemps avec lui, de tous ceux que j'ai pu rencontrer jusqu'à aujourd'hui... Je pensais qu'il serait le seul à ne jamais m'abandonner dans un moment aussi crucial...

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