Chapitre 40 {Fantasme}

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Des pas précipités me tirent de mon sommeil. La pièce est plongé dans l'obscurité, mais je peux deviner à la silhouette que je vois courir s'enfermer dans la salle de bain que Nathan a décidé de m'éviter.

La porte se referme derrière lui dans un claquement bruyant, et l'eau de la douche se met à couler. J'attends patiemment dans le lit, mes yeux rivés vers le plafond au-dessus de moi. Dix minutes passent et l'eau ne s'est toujours pas éteinte, et une multitude de questions assaillent mon esprit.

Est-il blessé ? Ou peut-être tout simplement endormi ? Après tout la journée a été longue, et il n'a pas encore eu l'occasion de se reposer. Je me redresse alors doucement dans le lit, laissant le froid attaquer ma peau nue désormais à découvert. Mon débardeur remonte légèrement pour dévoiler le bas de mon ventre, tandis que mon shorty se froisse dans l'effort.

Je passe mes jambes hors du lit pour m'aventurer à l'aveuglette jusqu'à la salle de bain. La bougie s'est certainement éteinte dans mon sommeil, alors je cherche plusieurs secondes la poignée de la porte qui finit par s'ouvrir dans un grincement.

- Pas vraiment discrète, l'entrée. Commente ma conscience plus amusée qu'autre chose.

Une épaisse buée remplit la petite pièce, et m'empêche de distinguer la silhouette du garçon sous la douche. D'un pas hésitant, je me rapproche un peu plus de la cabine où je crois enfin l'apercevoir, dos à moi. Sa tête repose contre le mur en face de lui, et respire bruyamment.

« Nathan ? Je l'appelle d'une voix suffisamment forte pour l'interpeller.

- Vas t'en. Sa réponse est froide, sans appel.

- Non, sors d'ici tu vas tomber malade. » J'essaie de le toucher, mais lorsque l'eau entre en contact avec ma main je l'enlève immédiatement, elle est gelée.

Mais alors comment se fait-il que la pièce soit remplie de buée...Ou la chaleur de son corps est si forte que lorsque l'eau rencontre la peau brûlante de Nathan, une réaction se fait et forme la buée. Je ne vois pas d'autres explications possibles, et pourtant cela voudrait dire que sa température corporelle doit avoisiner les 40 degrés. Et n'importe quel être humain serait allongé dans un lit entrain d'agoniser, mais comment nier l'évidence lorsqu'elle se manifeste ainsi sous nos yeux. 

« Ana, sors de là. Grogne le garçon en frappant le mur devant lui sans jamais se retourner.

- Ne fais pas l'enfant, viens. » J'insiste, et essaie de toucher son dos une nouvelle fois pour attirer son attention.

L'impression désagréable que mes doigts risquaient de fondre si je n'ôtais pas rapidement ma main de son corps, mais mon obstination finit par payer lorsque le garçon décidait enfin de faire volte-face pour me dévisager de ses grands yeux rouge.

Ma main trempée est désormais gelée, c'est pourquoi j'essaie de la ramener à l'extérieur de la douche en vain. Il la retenait, m'observant de haut en bas comme s'il pouvait voir à travers l'obscurité qui nous entourait. Une grimace de douleur étirait mes lèvres, d'abord à cause de l'eau froide qui me brûlait la peau, et de la pression continue qu'il exerçait sur mon poignet.

- Tu aurais du partir. Je n'ai pas le temps de comprendre le sens de ses mots, qu'il m'attire sous la douche.

Un cri de surprise m'échappe alors que mes vêtements ne tardent pas à être trempés. Je me débats en vain pour montrer mon désaccord, trop choquée pour crier ma colère. Un frisson me parcourt de la tête aux pieds, ne supportant pas la température froide de l'eau.

Et pourtant je me retrouvais encore impuissante face à lui, qui me maîtrisait d'une facilité déconcertante. Il ne me laissait pas le temps de réfléchir, et bloquait mon corps contre la porte vitrée en maintenant mes poignets au-dessus de ma tête avec une seule main.

Sang-Mêlé Ω  Le Destin d'Ana ΩOù les histoires vivent. Découvrez maintenant