Immobile depuis plusieurs longues minutes dans la salle de bain, j'observe le bas de son tee-short encore trop gênée pour croiser son regard flamboyant. Le bout de ses doigts s'aventurent de mes cheveux au creux de mon cou, jusqu'à glisser le long de mon bras dans une douce caresse.
Un frisson étrange me parcourt de la tête aux pieds, et son petit rire satisfait me laisse penser que ma réaction le ravi au plus au point. Hésitante, je lui cède volontiers le contrôle qu'il semble maîtriser à la perfection. En effet, sa main libre vient se mêler à mes cheveux pour les tirer légèrement vers l'arrière et m'oblige à croiser son regard écarlate.
« Nathan... Ma voix n'est qu'un murmure, enivrée par un sentiment incroyable que je ne parvenais pas encore clairement à identifier.
- De l'excitation, ma chérie. M'informe ma conscience apparemment amusée par mon innocence.
- Impossible. Je chuchote pour moi-même, mais lorsqu'il hausse un sourcil sous la surprise, j'en déduis avoir très certainement pensé un peu trop fort.
- Un concept qui m'est inconnu. » S'amuse le garçon, un sourire espiègle étirant légèrement ses lèvres.
C'est évident, rien n'est impossible lorsque l'on s'appelle Nathan, et qu'on est l'unique descendant du seigneur des enfers. Bien que cette relation ne soit pas des plus saines, n'importe quel enfant, petit ou grand, a besoin d'un père. Aussi terrible soit-il. N'est-ce pas ?
J'ai grandi sans connaître le mien, en observant les autres s'épanouir avec des parents aimants mais surtout très présents. J'en venais à envier la plupart de mes amies, faisant le voeu chaque soir de pouvoir rencontrer mon père. Et pourtant, je regrette amèrement cette époque d'insouciance dans laquelle j'ai eu la chance de grandir.
Ignorer la véritable nature de notre père était certainement la meilleure chose qui est pue nous arriver, à moi comme à Thomas. Désormais, nos perspectives d'avenir étaient assez limitées pour ne pas dire nulles. Bien entendu, il n'était plus question pour lui de poursuivre ses études en médecin, et moi le lycée pour obtenir mon baccalauréat.
« Ana, tu vas bien ? La voix inquiète de Nathan me ramène finalement à la réalité, pour me confronter à son regard sérieux.
- Bien. Je lui réponds dans un chuchotement, alors qu'une vague de chaleur me submerge. Mais cette fois-ci, ce n'est pas lui le responsable.
- Tu es aussi pâle que le mur derrière toi. Marmonne le garçon en soutenant de sa main droite mon menton, refusant catégoriquement le fait que je puisse me défiler.
- Je vais bien. » Mon affirmation manque clairement de conviction, et il le ressent automatiquement.
Ses bras musclés ne tardent pas à m'enlacer tendrement, alors que son dos vient prendre appuie contre le mur derrière lui. Épuisée, ma tête repose contre son torse brûlant pour écouter les battements réguliers de son coeur. C'est à ce moment précis que mes forces décident de m'abandonner, faisant céder mes jambes dans la seconde.
Instinctivement, Nathan resserre un peu plus son étreinte comme s'il s'attendait à ce que je fasse un malaise. J'ai envie de le remercier, mais les mots me manquent. La fatigue m'assaille et m'empêche de réfléchir correctement.
- Tu pètes le feu, oui ! Son commentaire pourrait être une moquerie, mais je ressens davantage de la colère dans sa voix que l'envie de plaisanter.
Et pourtant je ne parviens pas à retenir mon esprit qui s'enfonce dans les abysses de l'inconscience. N'ayant le temps que pour un dernier mot, à peine audible :
- Nathan...
*** passage d'une heure***
Le bruit des pas d'une personne qui tourne en rond, tel un véritable lion dans une cage, finit par avoir raison de mon sommeil. J'ouvre difficilement les yeux, mais la faible lueur de la bougie que j'aperçois près de moi est agréable. Cette petite flamme que je regarde me réchauffe instantanément, pour faire de mes anciens tourments un seul et même vague souvenir.
« Nathan... Je l'appelle doucement, interpelant le garçon qui cessait enfin de faire les cent pas.
- Ana. Son air grave me fait froncer les sourcils sous l'incompréhension.
- Ça ne va pas ? Ma question semble l'énerver plus qu'autre chose, jusqu'à le faire secouer négativement la tête en se pinçant l'arête du nez.
- Tu dois renoncer à cette quête. » Sa réponse est froide, et me fait l'effet d'une bombe qui m'explose en plein visage.
Je ne comprends pas ce soudain revirement. A-t-il apprit de nouvelles informations concernant le ravisseur, ou peut-être qu'un inconnu a fini par retrouver mes amies et mon frère ? Non, c'est impossible. Nathan ne prend jamais la peine de mesurer le sens de ses mots, c'est son avantage à lui. On n'a pas à trouver une deuxième interprétation à ses paroles, mais alors pourquoi me demander de renoncer à cette quête alors qu'on aperçoit enfin le bout du chemin ?
« Tu es malade, tu dois me laisser seul avec Landry pour finir cette quête. Insiste le garçon.
- Jamais. Ma réponse est sans appel, je me redresse dans le lit, trop en colère pour croiser son regard.
- C'est pour ton bien, tu te mets en danger inutilement. Poursuit Nathan apparemment déterminé à me faire changer d'avis.
- Non ! Je m'énerve, m'aventurant hors du lit pour me diriger vers la salle de bain en prenant soin d'éviter le moindre contact physique avec lui.
- Arrêtes de faire la gamine ! Grogne Nathan, toujours sur mes talons.
- La gamine t'emmerde ! » Je lui réponds, lui offrant une magnifique vue sur mon majeur en l'air.
Mais je n'ai pas le temps d'atteindre la salle de bain, que sa main vient attraper la mienne tandis que l'autre s'occupe de pousser mon corps jusqu'à ce que je me retrouve coincée, sans aucun échappatoire. Je me débats, en vain alors qu'il vient percher mes mains au-dessus de ma tête pour me dévisager d'un air grave. Il grince légèrement des dents sous la colère qu'il tentait de maîtriser tant bien que mal, mais l'idée de lui céder pour une démonstration de force aussi puérile ne me traversait même pas l'esprit.
« Tu es faible, et impuissante. Sa voix est froide, et ses paroles me touchent bien plus que je n'avais pu l'imaginer.
- Tais-toi. Je tourne la tête en refusant de l'admettre.
- Donnes-moi tort. » S'amuse Nathan, bien que son visage n'esquisse pas même un sourire en coin.
J'essaie une nouvelle fois de me libérer, en essayant de lui écraser le pied pour le perturber. Mais rien n'y fait, son genou s'appuie sur ma cuisse désormais aussi démunie que le reste de mon corps. Et j'ai beau être en colère, elle ne suffit pas contre la sienne qui semble bien plus intense. Un véritable feu ardent brûle dans ses iris rougeoyantes, ne laissant plus aucune place à la pitié.
Mais aussi puissant soit-il physiquement, je connais la moindre de ses faiblesses. Je suis très certainement la seule à connaître son côté humain, et je sais comment me libérer sans même avoir besoin de recourir à la violence.
- Je te déteste, Nathan. Je prononce ces quelques mots en soutenant son regard, bien décidée à lui faire regretter ses paroles en appuyant là où ça fait mal, ou plutôt là où il a mal.
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Sang-Mêlé Ω Le Destin d'Ana Ω
ParanormalDe la lignée de Poseidon, descendra une enfant plus belle qu'une déesse et plus puissante qu'un titan. L'idée d'un avenir radieux ou d'une fin précipitée pour ce monde tel qu'on le connaît, dépendra de cette fillette. C'est ainsi que Zeus fit prome...