Sang-Mêlé Ω Le Destin d'Ana Ω

Chapitre 5 {Un camping}

Ana

Lorsque je me réveille, la voiture s'enfonce dans ce qui semble être une forêt assez dense. L'atmosphère est vraiment pesante à cause de l'obscurité.

Damien finit par immobiliser le véhicule au milieu d'une chaîne de montagnes. Thomas ne perd pas une seconde, et s'empresse de descendre. Je l'imite, sans jamais m'éloigner de lui.

Les chênes sont si gigantesques qu'on ne distingue pas le bleu du ciel. À mes pieds, une multitude de déchets, dont une bonne majorité de cannettes.

Finalement une famille passe le petit portail devant nous, ils sont tous en maillots de bain. Une petite fille s'avance vers moi en sautillant de joie, l'air enthousiaste. Elle tient dans ses bras une bouée en forme de licorne bien trop grosse pour ses petits bras, ce qui semble amuser son grand frère. Ce dernier porte une simple serviette verte autour de son cou, ne souhaitant visiblement pas s'encombrer. 

Les parents trop distraits pas leurs téléphones, ne nous remarquent pas. Le père porte la glacière, tout en faisant défiler les actualités. Tandis que la mère fait son petit shopping virtuelle, un long parasol jaune coincé sous son bras pour avoir les mains libres. 

Surprise, je trouve cette famille bien sereine pour être au courant de la situation. Finalement d'autres cris d'enfants attirent mon attention, un petit groupe de bambins s'amuse à jouer au chat. Touchant régulièrement un petit garçon qui semble être le plus jeune d'entre eux. Il trop lent pour leur échapper. 

Un autre couple attire mon attention, ils s'en vont très certainement faire une randonnée vu leurs accoutrements. Alors j'interroge du regard Damien, devine aisément l'incompréhension sur mon visage.

- C'est un centre de vacances. Suivez-moi en silence. Intervient alors le garçon en s'aventurant par-delà les barrières, pour dépasser rapidement le groupe d'enfants qui rit aux éclats. 

Une multitude de tentes de différentes tailles et couleurs apparaissent sous nos yeux. J'aperçois au loin, un homme se balancer tranquillement dans un hamac relié entre deux chênes.

Près de lui, une femme prépare certainement le repas de midi.

 Finalement c'est une petite fille qui attire mon attention. Elle dessine, au beau milieu du passage, des visages difformes sur le sol poussiéreux à l'aide de ses doigts. Celle-ci ne prête guère attention à notre présence, trop concentrée à finir son bonhomme désarticulé. 

Après plusieurs minutes à arpenter les sentiers improvisés du centre de vacances, nous commençons à emprunter un chemin escarpé, qui s'aventure davantage en hauteur. Le site dans lequel on se trouve, est montagneux. Cet élément me confirme indirectement le fait que nous avons définitivement quittés l'état du Michigan. 

Thomas m'aide régulièrement en me proposant sa main pour escalader les rochers omniprésents sur notre chemin. Certains bougent encore, faisant violemment battre mon coeur sous l'effet de l'adrénaline. À ma droite, je distingue à peine le camping, désormais beaucoup plus bas. Mais les couleurs flachis des tentes me permet de deviner leurs emplacements. 

Damien escalade le petit chemin sans jamais hésiter , ne prenant jamais le temps de regarder derrière lui pour vérifier si on suit toujours le rythme frénétique qu'il a établi. Le trajet pénible s'éternise, s'éloignant toujours un peu plus de la terre ferme que je commence à regretter. 

Le gouffre à ma droite me terrifie, une simple hésitation, un basculement maladroit et c'est le grand plongeon vers l'au-delà. C'est pourquoi ma main caresse le flanc de la montagne, à la recherche d'une prise pour me rassurer.