Chapitre 16

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Point de vue Marina

Ils souriaient. Ils étaient orphelins. Ils étaient abandonnés. Pourtant ils souriaient. Après sa rencontre incongrue avec Devak, ils avaient vite sympathisé. Il avait été élevé par des bénévoles anglais, travaillait dur pour pouvoir offrir une vie parfaite à sa fiancée : Lalamani. Cette dernière, âgée de 23 ans travaillait dans un orphelinat et aidait sa mère à élever ses six frères et sœurs. Tous deux vivaient dans le bidonville de New Delhi. Lalamani l'avait accueilli pour l'après-midi, lui enseignant son travail avec son pauvre anglais. Sa peau dorée, ses longs cheveux sombres et sales éclairait un visage mangé par ses grands yeux bruns ourlés de cils parfaits. Marina avait adoré jouer avec les bambins en tee-shirts sales faisant d'un câble électrique, une corde à sauter.

- Tu peux revenir quand tu veux, lui dit Lalamani en pliant un vêtement.

- C'est gentil. Merci beaucoup. C'est incroyable ce que vous faîtes.

- Il y a tellement d'enfants orphelins qui se retrouvent aux prises avec la mafia des bidonvilles pour pouvoir survivre. C'est inadmissible ce qu'ils doivent vivre dans la rue. On n'en parle jamais mais il y en a beaucoup trop. Nous n'avons même pas assez de place.

- Vous n'avez pas de financement de l'état ?

- Non. L'état n'aide pas. Ce sont les donations des particuliers... même les organismes de vos pays ne nous aident pas. Ils préfèrent gérer leurs propres problèmes.

Marina caressa le nez du bébé qu'elle tenait dans les bras. Le petit dormait, les lèvres luisantes entrouvertes. La blonde jeta un coup d'œil à son portable. 19h45. Elle allait être en retard au concert. La jeune femme n'avait aucune envie d'aller voir ses « amis » en concert. Après qu'ils l'aient lâché dans cet hôpital elle n'avait plus confiance en eux. Elle n'avait plus confiance en ses anciens amis. Le bébé se tourna légèrement cherchant à téter son sein par-dessus le vêtement. Elle explosa de rire, rendit le nourrisson à l'Indienne.

- Il faut croire qu'il te prend pour sa mère.

Marina lui offrit un pâle sourire et lui caressa une dernière fois la pommette.

- Je vais devoir y aller.

- Pas de problème. Repasse quand tu veux.

Elle inclina légèrement le visage et prit son sac avant de partir. Elle s'éloigna du bâtiment, regagna l'agitation des rues. Elle héla une petite voiturette et lui indiqua dans un très mauvais indien l'adresse de l'hôtel. Une fois devant elle le paya et rentra. La jeune femme prit sa clé à la réception et monta dans sa chambre. Elle devait s'habiller correctement pour ce soir... Elle était trop fatiguée pour rester encore debout mais Paul l'avait suppliée de venir. Il lui avait dit que les sorties étaient bonnes pour son retour à la vie sociale. Elle n'en voulait pas mais qu'importe. Elle allait lui faire plaisir puisqu'il l'avait acceptée dans le tour du monde. Elle attrapa une robe mauve et enfila un sweat bleu électrique appartenant à Vegas.

- Tient il fallait que je le lui rende...

Elle textota rapidement à l'Américaine pour lui dire qu'elle avait encore une de ses affaires. Maura avait réussi à reprendre la valise qu'elle avait amenée à Londres avant son internement. Une fois prête, les cheveux en pétard, elle attrapa son sac et sortit dans le hall. Paul lui avait envoyé l'adresse pour le concert.

- Mademoiselle Arandia ?

Elle fit quelques pas en arrière. L'homme sembla comprendre qu'il lui avait fait peur et il reprit d'un ton plus rassurant.

Time to returnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant