Chapitre 23

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Point de vue Marina

Excédée. La jeune fille se tordit les mains. Elle n'aimait pas les regards que les Brésiliens posaient sur elle. Du haut de ses talons de 12 centimètres noirs, elle ne se sentait pas très à l'aise. Ina soupira et s'arma de courage. Son visage et ses bras la faisait souffrir. Elle n'en revenait toujours pas de ce qui s'était passé. Le mouvement de foule l'avait poussé contre les grilles. De jolies brésiliennes l'avaient gentiment gratifié de quelques insultes – qu'elle n'avait absolument pas comprises- et de quelques coups de pieds. Ina avait réussi à rouler sous le grillage et avait décidé de contourner l'aéroport pour retrouver les boys à l'entrée de l'aéroport. Marina avait toujours su qu'elle était un peu idiote et sa petite balade en était la preuve. L'aéroport de Rio de Janeiro était tout sauf petit et elle se voyait désormais en train d'errer dans des rues sûrement mal famées. La jeune fille humidifia ses lèvres avant de continuer sa marche.

- Allez marche.... Marche...

Ses doigts tremblants pianotaient sur son portable. Une barre de réseau s'éclaira et la jeune fille tenta son premier appel.

- Allo ?

- Louis c'est moi. Je suis perdue. Venez me chercher.

- Ina ! Quel est l'adresse ? Il y a un monument près de...

Le portable s'éteignit en vibrant. Pourquoi avait-elle lu des fictions dans l'avion et écouté sa musique ? Elle lança sa tête en arrière et expira lentement. Il fallait qu'elle trouve un moyen de se sortir de là. Elle tenta une approcha avec les indigènes sans grand résultat.

Sans bien sans rendre compte elle traversa un pont et s'enfonça dans les profondeurs de la capitale. Les larges rues traversées de câbles électriques finirent par se plonger dans l'obscurité. Elle sortit de son sac une veste en grosses mailles pour se protéger un peu du froid. Les rues étaient vides. Ina continua sa marche en repensant à son passé.

- Marina, je sais que tu ne comprends pas ce qui se passe mais il faut que tu m'écoutes. Ce bébé n'aurait pas pu vivre avec moi. Tu es ma seule petite fille. Il faut que tu manges un peu chérie... un tout petit peu ? Pour papa ?

L'homme soupira, les cheveux en bataille, de grosses cernes sous les yeux. Il écoutait la faible respiration de la petite blondinette. Elle était assise dans son lit, tous ses doudous placés sur son lit.

- Chérie ta maman et moi on va se séparer. Tu vas vivre avec maman la semaine et certains week end tu viendras chez moi ? Tu auras deux chambres, deux fois plus de vacances... Ina dis quelque chose.

La fillette de 9 ans releva le visage :

- Je te déteste.

La jeune fille soupira. Elle n'avait plus revu son père pendant presque 6 ans. Les rares fois où ils passaient la journée ensemble, elle pleurait comme une madeleine après. Sa fierté ne voulait pas pardonner. Elle remarqua que le paysage avait changé. La nuit était trop sombre, les réverbères moins chaleureux et les bâtiments plus insalubres. Certains en taules, des murs à moitié écroulé. Si elle passait la nuit elle vivrait.

Huit mois qu'elle était là. Deux mois qu'elle ne supportait plus cette école. La jeune fille ouvrit la fenêtre, contempla Fourvière qui brillait au-dessus d'elle. Lyon s'étendait sous ses yeux, les ponts illuminés par les phares des voitures. Elle aimait bien cette ville mais ça n'avait rien à voir avec sa ville natale. Elle ne supportait plus les heures de révisions, la pression, le regard des autres. Elle était une fille facile à vivre pourtant mais ici les gens étaient réticents à lui parler. D'un autre côté elle s'était renfermée sur elle-même pour ne pas être blessée.

Time to returnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant