Épilogue

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Plus la vie défile, plus les jours passent, plus j'aperçois le bout du tunnel.

Il faisait noir ou bleu... Ou noir. Juste du noir puis une grande lumière. Apeuré, paralysé, désespéré, le corps, recouvert d'une fine pellicule de sueur, se releva d'un bond entrainant la chute de la couverture et de son oreiller. La silhouette tremblante tâtonna sur le sol à la recherche de l'interrupteur. En quelques secondes, la lampe de chevet illumina la chambre.

- Niall ?

La jeune femme se releva difficilement, s'accrochant aux draps humides de transpiration. Une fois remontée sur le matelas elle s'aperçut que ce n'était pas sa chambre ni même sa maison. L'angoisse remonta le long de sa gorge. Comme personne ne lui répondait, elle se leva, tituba jusqu'à la porte.

- Roseann, Stephen ?

Sa voix résonna dans le couloir vide. Où était ses enfants ?

- Mercy, Earl ?

Rien. Il n'y avait que le silence pour lui répondre. La blonde passa fébrilement ses doigts dans ses cheveux blonds. Sa poitrine se soulevait par à-coups. Son rêve lui revint en pleine figure.

- Lenore ?

J'ai beaucoup parlé, beaucoup raconté. Qui peut savoir quelles histoires étaient vraies, lesquelles étaient fausses. Plus on vieillit, plus le mensonge devient omniprésent.

Elle revit les sourires brillants de son homme, les voyages qu'ils avaient fait. Elle ressentit la violence de la voiture, celle des accouchements. Elle réentendit les paroles d'amour qu'il lui avait murmuré à l'oreille, les cris de joies de ses enfants. Un sanglot remonta jusqu'à ses lèvres. Pourquoi personne n'était là ? Tout semblait s'être arrêté à son réveil. Après un dernier hoquet de terreur elle se mit à dévaler les escaliers le plus rapidement possible. Les brides de songes s'envolaient les uns après les autres. Il n'y avait plus d'amour et de rencontres, plus de dépression. Il n'y avait plus d'amitié et de chansons, plus de voyages. Il n'y avait plus de romances et de contrat, plus de famille.

Pieds nus, en chemise de nuit -presque transparente- la jeune femme s'enfonça dans la campagne. Les graviers s'enfoncèrent dans la plante de ses pieds. Elle devait fuir cette réalité. Pourquoi Niall n'était-il pas là pour la serrer contre lui ? Pourquoi ses enfants ne sautaient pas sur elle en criant que c'était une farce ? Pourquoi était-elle seule dans la nuit ?

Et si tout cela n'avait été qu'une illusion ?

Dans nos vies nous rencontrons des milliers de gens. On voit leurs visages, leurs allures, des parties de leurs corps mais on ne retient rien. Seuls certains restent figés pour l'éternité.

Maladroitement elle s'enfonça dans la végétation environnante. Le parfum de cette faune humide lui tournait la tête et le froid piqua sa peau. Essoufflée, en sueur, à moitié consciente, elle dépassa les grilles du cimetière et s'enfonça entre les tombes. Son genou heurta une pierre tombale. La douleur se diffusa rapidement dans toute sa jambe. Elle continua pourtant à avancer. A la lueur de l'aube à peine naissante, la blonde se laissa tomber devant une pierre sombre. Elle ne pouvait pas avoir tout inventé ! C'était impossible ! Sans lui elle n'était plus rien.

- Niall ! S'il te plait ! C'est un cauchemar...

Enfants, nous prenons nos rêves pour notre futur. Notre seule envie est de grandir rapidement pour les réaliser. La désillusion fait mal. Il n'y a pas de prince, pas de château brillant, pas de vie de paillettes mais pourtant la vie vaut la peine d'être vécue.

Deux mains se posèrent sur son corps tremblant. La jeune femme se retourna vivement pour rencontrer deux orbes bleutés.

- Chérie tu vas bien ?

- Oh mon dieu.

L'homme fronça les sourcils face à cette réponse. La blonde se contenta de sauter dans ses bras.

- Ina ?

- J'ai cru que tout n'était qu'un rêve, que j'étais toute seule, que vous n'étiez plus là !

Niall ravala un sourire. Sa femme était en pleine crise de panique au milieu d'un cimetière.

- Et tu es venue ici ? On devait venir voir Amanda cet après- midi.

- C'était inconscient. Je...

- Chut... Calme-toi ce n'est pas bon pour le bébé.

Marina hocha vaguement le visage tout en portant une main sur son ventre à peine bombé.

- On va rentrer ou tu vas tomber malade.

- Et les enfants ? Où sont les enfants ?

- Ina tout va bien ce n'était qu'un rêve. Nous sommes dans au cottage d'Amanda. Roseann et Stephen sont en vacances à Ibiza avec leurs amis. Lenore est au Japon avec son petit ami. Mercy est chez une amie pour le week end et Earl chez ma mère.

- Tu en est sûr ?

- Promis... Allez on rentre.

Marina jeta un dernier regard à la tombe de celle qu'elle avait considéré comme sa grand- mère. Elle se tourna vers l'Irlandais.

- Niall ? Je t'aime.

- Je le sais mon ange.

- Amanda a raison «Parfois les plus grosses erreurs ont de magnifiques conséquences...»

- C'était une sorcière ou une marraine bonne fée.

Alors c'est ainsi, vieillie par les époques et les événements, que je prends la plume pour inscrire dans le temps les brides de mes souvenirs, de ma vie. Le monde ne saura jamais ce que j'ai réellement vécu, le monde ne se souviendra bientôt plus de moi. Les souvenirs s'échappent si vite. La vie ne tient à rien, à un fil, à une parole. C'est une des choses que j'ai pu apprendre.

La mère de famille se lova dans les bras de son compagnon. Alors que les rayons du soleil inondaient la terre pour une nouvelle journée Marina frissonna de peur.

- Tu imagines ? Notre rencontre et notre histoire ne tient qu'à quelques secondes avant un choc, quelques secondes avant une décision, quelques secondes avant une signature de contrat.

Certains parlent de hasard, d'autres n'y croient pas. On ne sait jamais ce qui nous motive à entreprendre telle ou telle action et pourtant elles entrainent irrémédiablement une conséquence. L'histoire de chacun est unique. Il y aura toujours des hauts et des bas mais je crois au destin... Tout du moins à une force qui aide chacun d'entre nous à trouver le chemin. Il suffit de garder les yeux fixés sur l'horizon. A espérer et à croire que tout se joue en quelques secondes.Quelques secondes qui nous permettent de vivre les plus merveilleux moments de notre vie. Je suis Amanda Noreen Meryl Victoria Fitzduncan - Godwinson, épouse de Lord Elroy  Hodge et voilà mon histoire. Leur histoire...

"Point de vue Marine, juillet 2013.

Les rayons du soleil transperçaient les maigres vitres de la librairie."

- C'est ça la beauté des histoires d'amour. Tout se joue à pas grand-chose. Je ne veux pas imaginer... Few seconds before.

Time to returnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant