Chapitre 36

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Point de vue Niall

Trop froide, trop vite. Malgré les 20° C extérieurs, les tonnes de dossiers jonchant les moindres surfaces solides, le jeune homme était gelé. Le regard tueur de Marco et la face baissée de Paul ne lui auguraient rien de bon. Surtout que Simon était là. Ça allait être sa fête. Simon était le gros producteur et ne se déplaçait que pour leurs anniversaires, ou pour leurs grosses bêtises.

- Si je résume bien tu as mis en cloque ta petite amie sous contrat quand elle n'était plus sous contrat. Répond Horan !

Si Simon commençait à l'appeler par son nom de famille et à hurler... Il avala de travers :

- Oui.

- Et tu n'assumes pas la paternité.

- Je n'ai que 22 ans !

- Bordel elle en a 19 ! Tonna Paul en frappant la table.

- Je savais qu'on aurait dû faire appel à une professionnelle. Pro-fe-sio-nelle! Est-ce que vous savez ce que c'est? Maintenant on a une fille enceinte, un CD en retard et des concerts non préparés.

Le retour de Marco. Niall ne put poser la question trop angoissé par la suite des évènements. Simon se massait les tempes.

- On va aller voir Marina. Si elle veut que tu reconnaisses la paternité tu le feras et tu payeras la pension alimentaire sinon libre à toi de choisir.

- C'est déjà tout choisi, déclara l'Irlandais.

- Je m'en fou tout dépend d'elle. Les paparazzis se retiennent de lui sauter dessus que par amitié ! Je ne parle même pas des fans. Elles ont trouvé son adresse hier alors je n'imagine même pas la situation.

Le blond serra les poings. Cette journée avait mal commencé, s'était mal déroulée, allait mal se terminer. Il savait qu'il n'aurait pas dû répondre au téléphone. Simon sortit de la pièce suivit des deux managers et du chanteur. Le funèbre cortège gagna après trois quart d'heures de route le quartier de Kingston upon Thames et sa banlieue remplit de petites maisons typiquement anglaises ou immeubles granuleux. Il reconnut l'impasse dans laquelle ils s'engagèrent, bordée d'immeubles et d'un petit parc. Une dizaine d'enfants jouaient au baseball au milieu de jeunes fumant une cigarette.

La gifle de sa mère tournait dans sa tête depuis cinq jours. Les mots qu'elle lui avait hurlés au visage aussi. Il avait rarement vu sa mère pleurer : à l'enterrement de ses parents – de tristesse- et à son divorce –de joie. Elle avait honte de lui, honte de ses décisions. Malgré les explications du jeune homme elle avait été claire : ces deux bébés seraient ses premiers petits enfants.

Il avait refusé les appels de ses grands-parents - qui voulaient être arrière grands-parents avant de trépasser-, ceux de son père - qui lui dirait de se comporter comme un homme-, ceux de son frère - qui voulait sa peau. L'Irlandais prit le temps cette fois d'observer les trottoirs tâchés de pâtes à mâcher, de flaques d'eau. Les immeubles en bêton s'élevaient sur cinq étages se perdant dans les feuillages des arbres. Simon claqua la portière, sonna à un interphone. Un grésillement s'ensuivit laissant place à une voix essoufflée.

- Oui ?

- Mlle Arandia ? Je suis Simon Cowell. Je vous ai appelé il y a trois jours.

- Bien sûr. Quatrième étage, première porte. Entrez c'est toujours ouvert.

Le jeune homme grogna contre l'imbécilité de cette fille. Quelle personne rationnelle laisserait sa porte ouverte ? Les quatre hommes peinèrent dans les escaliers abrupts, maudissant les immeubles sans ascenseur. Niall angoissa à la vue des voisins espions, des enfants jouant à la balle dans les escaliers. Le producteur hésita, tourna la poignée. L'Irlandais redécouvrit le salon qu'il avait rapidement observé la fois précédente. Un canapé occupait la majorité de la place avec une télé et une étagère croulant sous des livres. Sur la gauche une minuscule cuisine s'ouvrait sur la pièce principale. Seules deux portes se distinguaient du mur : la chambre et la salle de bain. Eduquer des jumeaux dans 60m². Cette fille faisait fort. En parlant d'elle, il la vit assise sur un tapis un farfouiller dans des cartons à peine ouverts. La porte claqua, elle se retourna. Un sourire fatigué s'inscrivit sur ses lèvres lorsqu'elle tenta de se lever. Simon se précipita pour l'aider.

Time to returnOù les histoires vivent. Découvrez maintenant