01 | C'est le moment

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Quartier général du KGB, Russie.

Anna ne s'était jamais posé trop de questions

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Anna ne s'était jamais posé trop de questions. Les missions qu'on lui assignait devaient être accomplies. Une cible. Une balle. Il en avait toujours été ainsi.

Les membres du KGB ne sont pas des fillettes. Il faut que tu sois meilleure que les autres sinon je ne donne pas cher de ta peau. Ils te tueront si tu ne fais pas ce qu'ils veulent

La jeune slave avait toujours cru à cet idéal, leur idéal, et pour ça les ennemis de la nouvelle Russie devaient être éliminés. Il n'y a pas d'autres moyens. Se disait-elle. Il n'y en a pas.

Par la fenêtre de sa chambre dans l'aile Sud du quartier général, Anna regardait la plaine paisible. L'hiver glacial de Russie avait recouvert les arbres et le sol de neige sur des kilomètres. Elle resta ainsi perdue dans ses pensées pendant de longues minutes se demandant quel pouvait être sa place dans ce monde. 

Depuis un temps quelque chose avait changé en elle, elle n'était plus sûre de leur but. Les dernières missions avaient été de véritables massacres, les victimes beaucoup plus nombreuses et leurs morts toujours plus violentes. Les bains de sang étaient quotidiens mais la cruauté dont faisait preuve les agents surpassait tout ce dont elle avait pu être témoin. Les généraux du KGB avaient bien évidemment remarqué ses doutes et avaient ordonné à des soldats de la surveiller jour et nuit.

- Ça va ?

La voix de son amie surprit Anna qui sursauta à son entrée dans sa chambre.

- Natalia, tu m'as fait peur !
- Excuse-moi, mais c'était trop tentant. Lui dit la jeune femme en riant.

Les deux jeunes femmes avaient été très proches très vite. Trouvant toujours une oreille attentive chez Natalia, elle était la seule en qui elle avait confiance, la seule à qui elle avait pu confier ses craintes et ses doutes. Sentant l'étau se resserrer autour d'elles, les jeunes espionnes avaient pris la décision périlleuse de fuir. 

Sous le regard interrogateur de la brune, son amie commença à fouiller dans les affaires de sa coéquipière à la recherche d'un objet bien précis. 

- Tu les écoutes toujours ? Lui demanda Natalia en sortant une vieille disquette de sa cachette. 
- Range ça s'il te plait.
- Black bird singing in the dead...
- Arrête.

Alors qu'elle avait enfin mit la main sur la précieuse balise de son amie, la voix du directeur du KGB retentit dans les hauts parleurs de la base les rappela à leurs obligations premières. 

- Ghabarov, Romanov, venez. Tout de suite !

Devant le ton prit pour cracher son invective, Anna leva les yeux au ciel et regarda Natalia qui finissait de manger sa pomme.

- C'est reparti. Souffla la jeune femme.
- Allez viens, si tu es en retard, ils vont croire que tu t'es enfuie. Lui dit Natalia en souriant.

Pour se rendre dans son bureau, elles devaient traverser les couloirs froids du quartier général où elles croisèrent de nombreux agents qui revenaient de missions, terme édulcoré pour parler des assassinats qu'ils venaient de perpétrer. Leurs vestes étaient couvertes de sang, mais leurs yeux ne montraient aucun remord, une vie entourée d'une extrême violence les avaient tous rendu effroyablement insensibles à toute émotion. Anna poursuivit son chemin en feignant son détachement, mais elle en avait la nausée. Au fond d'elle, elle savait qu'il était temps que tout cela cesse, que leur plan était la seule issue. 

Après quelques minutes de marche, elles arrivèrent finalement devant la porte du directeur, Iouri Aleïev. Avant d'entrer, Anna prit une grande inspiration et fit un signe de tête à Natalia qui l'ouvrit. Elles se placèrent devant son bureau en attendant ses instructions.

- Vous avez une nouvelle cible, Daniel Larson, agent de la CIA en couverture, faites le disparaître.

Natalia et Anna étaient les meilleures et il le savait, leurs missions étaient accomplies vite et sans aucune trace alors elles étaient souvent envoyées sur les cibles les plus risquées et difficiles à atteindre.

- Combien d'agents avec lui ? Lui demanda Anna perplexe alors qu'il lui tendait un dossier.
- Une dizaine, ça ne devrait pas être un problème, n'est-ce pas ?
- Non, bien sûr que non. Dit rapidement Natalia.
- Très bien, vous partez ce soir.

Après l'avoir respectueusement salué, elles sortirent du bureau et retournèrent dans la chambre d'Anna qui prit directement son sac et le posa sur son lit à coté de Natalia qui resta debout.

- Tu es toujours partante ? Lui demanda son amie qui avait soudainement prit un air sérieux.
- Bien sûr, pourquoi est-ce que je ne le serais plus ?
- Tu sais très bien ce qu'on risque s'ils nous retrouvent.
- Ils ne nous retrouverons pas. Lui dit Anna en souriant.
- Je ne plaisante pas, si on fait ça on le fait ensemble. Il faut que je sois sûre que si quelque chose arrive, je peux compter sur toi.
- Est ce que je t'ai déjà donné une seule bonne raison de ne pas me faire confiance ?
- Tu as bien essayé de me tuer plusieurs fois à l'entraînement ! Dit Natalia en riant.

L'officier Jokov, le bras droit d'Aleïev, entra dans la chambre interrompant en même temps les rires des jeunes femmes. Comme à son habitude, il était vêtu son uniforme officiel qu'il portait toujours avec dédain négligeant les agents hiérarchiquement inférieurs en leur montrant une certaine agressivité. 

- On vous attend.
Il leur dit en affichant une mine agacée.
- Très bien, on arrive. Lui dit Anna en rangeant son arme dans son étui. 

Elle attendit qu'il sorte de la chambre avant de se retourner une dernière fois vers son amie. 

- C'est un piège.
- Surement.
- Il faut qu'on parte avant qu'ils nous tuent, c'est le moment.

Natalia acquiesça d'un signe de tête et elles se mirent en route pour le parking où les attendaient les véhicules qui les conduiraient sur place. L'officier Jokov, qui s'était attardé dans le couloir après avoir quitté la chambre d'Anna, les regarda s'éloigner. Il avait entendu leur conversation et décida de prévenir le directeur. Il se dirigea rapidement vers le bureau d'Aleïev et ouvrit brusquement la porte.

- Bon sang Jokov ! Qu'est ce que vous voulez ?
- C'est Ghabarov et Romanov. Dit Jokov à bout de souffle. Elles vont s'enfuir.
- Vous en êtes sûr ? Lui demanda Aleïev qui demeura étrangement calme.
- Quasiment, elles préparent quelque chose, c'est certain. Je les ai entendues, elles parlaient de pouvoir compter l'une sur l'autre.
- Elles ont toujours été trop proches, on aurait dû abattre Romanov avant que Ghabarov ne la prenne pour sa sœur. Dit le directeur en grattant son crâne dégarnit.
- Que voulez-vous qu'on fasse monsieur ?
- Suivez-les, envoyez vos agents les plus discrets. Si elles tentent quelque chose, ramenez-les-moi... vivantes.

Saving Bucky IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant