Chapitre 2 : A simple gesture to reach out to you

590 34 20
                                    

« Quel que soit le nom de tes silences, ils ont l'horizon d'un crépuscule bleu en bord de plage, au clair de cet océan où le coquillage posé des rêves échoués rappelle tout le hasard audacieux des bouteilles à la mer. »

Sandra DULIER, Saint Valentin

[PDV Ace]

Elle est plantée là, seule face à une classe inconnue. La stupeur qui se reflète dans ses prunelles est inimaginable. Elle regarde les autres sans vraiment les voir et garde la bouche entrouverte comme si elle s'apprêtait à dire quelque chose. Je ressens sa peur, je la comprends aussi.

Lorsque j'ai regardé son dossier tout à l'heure et que j'ai lu son parcours scolaire j'ai pensé :

« Encore une qui n'est pas faite pour l'école et qui ne fout rien depuis le début ! »

Et puis, quand elle m'a demandé de regarder la dernière page de son dossier j'ai changé d'avis sur elle. J'ai lu ce qui était inscrit noir sur blanc comme quoi elle avait été malmenée par ses camarades dans chaque établissement où elle avait étudié – et encore malmenée est un faible mot ! On parlait de coups, de passage à tabac, d'insultes, de moqueries et j'en passe... ! Et pourtant elle n'a pas l'air de quelqu'un de peu recommandable, c'est même tout le contraire : elle m'apparaît comme discrète, timide et fragile, pas du genre à chercher les emmerdes pour le fun quoi !

Quoi qu'il en soit, je la vois brusquement changer d'expression lorsqu'un abruti lui fait une réflexion stupide et de prime abord sans importance, mais pour elle doit être pénible. La méchanceté de cette voix me révolte et je ne peux m'empêcher de me retourner sur ma chaise pour essayer de savoir qui en est l'auteur, mais en vain, il n'y a que quelques idiots au fond qui pouffent en écho à cette voix. C'est vraiment désespérant un tel comportement. D'ailleurs le prof ne tarde pas à les remettre à leur place et satisfait de voir leur sourire s'effacer, je me reconcentre sur la nouvelle dont je tente de croiser le regard sans grand espoir.

Avec la lumière du tableau juste au-dessus d'elle, j'aperçois enfin un petit éclat naître au creux de ses yeux, un petit diamant sculpté par ses émotions. Elle semble perdue et terrifiée, seule face à ses angoisses, à ses démons probablement... J'aurais tellement envie de l'aider mais que puis-je faire ?

Je cherche du regard une quelconque aide du professeur Newgate – que je connais depuis quelques années – qui lui aussi semble un peu désarmé.

_ Est-ce que tout va bien Mademoiselle Eather ? Demande-t-il avec inquiétude.

Elle ne lui adresse pas même un regard, écarquillant les yeux comme sous le choc et répond d'un ton monocorde qu'elle est désolée, avant de foncer, en cachant de sa mèche son visage, dans le couloir. Un silence s'installe puis des murmures commencent à s'élever, quelques chuchotements interrogateurs, étonnés ou moqueurs.

_ Silence ! Tonne Monsieur Newgate en se levant et en fixant les rangs du fond. Le brouhaha s'estompe comme il était apparu.

_ Monsieur ?

Je lève la main en attirant l'attention du prof.

_ Est-ce que je peux... ?

Avant même de terminer ma phrase, le prof acquiesce avec entendement, me donnant l'autorisation de partir à la poursuite de la nouvelle. Je ne me fais pas prier, et ne prenant pas la peine de ranger un peu mes affaires, je pars sans plus tarder en claquant la porte sur mon passage.

« Qu'est-ce qui te prend de réagir comme ça ? »

C'est vrai, ce n'est pas dans mes habitudes ! Pourtant je suis du genre protecteur mais c'est plus avec mon petit frère, ce qui est logique surtout quand ce dernier est vraiment irrécupérable, mais sinon je ne suis pas du genre à quitter un cours pour rattraper une fille victime de son passé ! C'est peut-être mon instinct de grand frère qui refait surface allez savoir !

[One Piece] The Bullied Girl [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant