Prologue

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« Il est une tristesse si profonde qu'elle ne peut pas même prendre la forme de larmes »

                     MURAKAMI Haruki

Bip, bip, bip, biiiiiiiiiip...

Je me réveillai brusquement, alertée par la sonnerie tonitruante de mon réveil qui me cassait les oreilles dès le matin.

« Encore une foutue de journée qui commence ! Super... ! » Ne pus-je m'empêcher de penser en grognant.

Il est vrai qu'en même temps, ce jour était un peu spécial : c'était la reprise des cours. Et ce fichu de réveil qui n'avait pas servi de toutes les vacances, le voilà qui l'ouvrait pour m'annoncer la pire des condamnations qu'il soit !

Quel enfer ! Je venais tout juste de changer de lycée. Encore. J'allais rentrer en classe de Première, ce qui était loin de me réjouir. Et pour causes : L'école était pour moi un calvaire depuis bien des années. Toujours victime de toutes sortes de châtiments de la part de mes camarades, le milieu scolaire et social n'a jamais été mon fort. Trop de moqueries, d'indifférence et de solitude m'ont considérablement changée en l'espace de quelques années.

On ne peut pas dire que j'ai eu la vie dont je rêvais, une vie sans nuage – en existe-t-il au moins ? – où mes parents m'aimeraient, où j'aurai des amis, des frères et sœurs avec qui je me serais chamaillée innocemment et que j'aurais protégés. Je n'ai rien de tout cela et ce, depuis maintenant maintes années.

Bref passons, on se fout de ce genre de détails !

Encore dans mon lit, je contemplais longuement le plafond, fixant un point imaginaire après avoir écrasé mon réveil. La lumière du jour, bien que faiblarde, dessinait un long filet de lumière sur ce dernier, détonnant ainsi avec l'obscurité qui m'enveloppait. Je n'avais aucune envie de me lever, aucune de reprendre ce rituel que pourtant des millions d'étudiants accomplissaient en début Septembre.

J'étais bien, là, emmitouflée dans mes draps de flanelle prune qui me tenaient au chaud. Pendant un instant je songeai sérieusement à sécher les cours mais me résignai bien vite, me disant que ce n'était pas une façon de faire bonne impression, surtout dans son nouveau bahut !

Comme un réflexe, je m'arrachais à la contemplation de la toile tendue, et roulant sur le flanc, déchiffrais les numéros inscrits sur le radioréveil : six heures et demi !

« Quelle journée de merde » songeais-je en reprenant ma position initiale. J'avais mis mon alarme à sonner un peu trop en avance pour pallier une éventuelle crise de fainéantise dont je suis sûre, ne pas être la seule victime après deux mois de vacances à rallonges. Ah, les joies de l'adolescence...

Il faisait froid dans ma chambre bien que mon chauffage tournait. C'était peu agréable que de sentir la bise ardente du froid me piquer le visage dès le matin et cependant crever à moitié de chaud sous la couette ! Bon sang ! Je ne m'étais toujours pas habituée au climat local !

Alors que je commençai à me pelotonner de nouveau dans la flanelle, à demi somnolente et prête à replonger dans les bras de Morphée, ma porte de chambre que je n'avais pas fermée s'entrouvrit en grinçant et une boule de poils surgie en escaladant la couette mauve.

_ Salut toi !

"Comme si elle allait me répondre..."

Le chat – une siamoise de trois ans – grimpa en équilibre sur mes jambes, les écrasant de tout son poids en exerçant une légère pression avec chacune de ses pattes en intermittence, puis s'installa sur mon ventre en ronronnant à plein gaz ; c'était une usine à câlins et ronronnements ! Un vrai petit ange ! Elle se frottait la tête contre mes mains, quémandant toujours plus de caresses dont je ne me privais nullement de les lui offrir. C'était amusant de voir à quel point elle pouvait être intuitive : à chaque fois que j'avais le moral en berne, elle venait me voir et me réconfortait en ronronnant. Une façon de me dire « Ne t'inquiète pas, tout ira bien » et je lui rendais autant d'affection que j'en étais capable ; elle était bien la seule à pouvoir tromper mes interminables journées ennuyantes et à me faire retrouver une forme d'apaisement.

[One Piece] The Bullied Girl [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant