[One Piece] The Bullied Girl [TERMINEE]

Chapitre 3 : A Little bit together

« [...] L'âpre bise d'hiver qui se lamente au seuil

Souffle dans le logis son haleine morose !

On sent, dans tout cela, qu'il manque quelque chose...

_ Il n'est point de mère à ces petits enfants,

De mère au frais sourire, aux regards triomphants ? [...] »

— Arthur RIMBAUD, Les étrennes des orphelins, Poésies —

[PDV Lawrisia]

Il pleut à torrent sur la ville désertée des âmes peu courageuses, et pourtant, je n'ai aucune envie de rentrer au chaud, chez moi, dans mon havre de paix. Non, ça me gonfle rien que d'y songer. J'erre sur les trottoirs de la ville sans vraiment savoir où je veux aller. Les automobilistes passent tout près de moi, roulant dans les crevasses gorgées de flotte dont ils m'arrosent allègrement.

« Fais chier, je suis bonne pour me retaper une tournée de linge ! »

Ma joue me brûle encore à l'emplacement où Ace m'a giflé, mais bien qu'elle me lance sérieusement, ça fait longtemps que j'ai appris à ne plus chialer à cause de ça ! D'ailleurs j'ai tellement été giflé, que j'aurais cru que ce serait plutôt Ace qui aurait eu mal !

Je suis glacée jusqu'aux os du fait que je n'ai pas mon blouson (j'ai dû l'oublier en classe comme une imbécile...!) et détrempée de surcroît, les cheveux me collant même le visage, dégoulinants. Je sens l'eau s'infiltrer sous mes vêtements en de petites gouttes sournoises ruisselantes sur ma peau. Quelle désagréable sensation...! 

Le vent a faibli depuis que je me suis enfuie du lycée comme une lâche, mais le thermostat ne remonte pas pour autant, sûrement à cause des trompes d'eau qui s'abattent. Autour de moi m'encadrent de grandes bâtisses, des immeubles pour la plupart, peintes en blanc ou en jaune pâle. Il y a pas mal de commerces, de boutiques et d'épiceries ainsi que quelques restaurants dont les terrasses ont été désertées par les clients. Jetant un coup d'œil à ma montre, je constate qu'il est midi passé de dix minutes.

« Bien, je vais me trouver une boulange pas trop vilaine, me prendre un sandwich au thon et me terrer dans un endroit abrité pour pouvoir déjeuner en paix. »

D'un pas résolu et un peu moins traînant maintenant que je sais ce que je veux, je me rends dans la première boulangerie que je croise et dont la devanture bleu fluo et marron chocolat a attiré mon regard. Je passe les portes automatiques et une petite clochette retentit pour signifier ma présence.

Il n'y a pas grand monde, juste une jeune fille dans mes âges, plus petite que moi d'environ dix centimètres, aux cheveux châtains lui tombant en cascade dans la capuche de son caban rouge vif et un vieil homme dans les quatre-vingts balais, habillé d'une veste en tissu épais à carreaux vert sapin et beige ainsi que d'un pantalon de toile noir, déambulant avec sa canne, le dos courbé par la vieillesse et une casquette de campagnard vissée sur le sommet de son crâne à demi dégarnit et d'où s'échappent quelques cheveux blancs peignés en arrière.