[PDV Lawrisia]
« Faut qu'on parle ». Je pense que de manière universelle ces mots sont clairement les pires que l'on puisse entendre car ils sous-tendent une forme de règlement de compte dont on sait pertinemment ne pas ressortir indemne.
La boule au ventre, je scrute l'entrée de l'immeuble d'en face, jetant quelques coups d'œil circonspects sur l'écran de mon téléphone dans l'attente d'une notification qui ne vient pas. L'angoisse m'enserre les entrailles, je m'attends au pire alors qu'au fond je me dis que c'est injuste : j'ai peut-être été trop loin dans mes propos, certes, mais pour autant serait-ce une raison valable de nous séparer ? Non certainement pas. En tout cas, ce n'est franchement pas le scénario que j'aimerais envisager.
Ma torture s'achève quand je le vois sortir, le visage inexpressif mais le pas hésitant. Je n'aime pas ça. Ce pressentiment que je tente désespérément de refouler ne cesse de faire pression dans mon crâne et de crier à ma raison « ça sent mauvais, ça sent mauvais ! Prépare-toi à entendre ces mots ». Je ne sais pas quoi dire ni comment me comporter... peut-être devrais-je commencer par le commencement ?
_ Salut...Je suis désolée pour ce qui s'est passé ce matin, je ne pensais pas ce que je t'ai dit...
Il secoue vigoureusement la tête de droite à gauche et me propose de le suivre jusqu'au parc pour qu'on puisse discuter paisiblement ; je suppose également qu'il a besoin d'air. On n'échange aucun regard ni attention tout le long du trajet, je reste bien sagement derrière lui et pour la première fois je sens une distance s'instaurer entre nous, à croire qu'à tout instant il pourrait disparaître sans remord et me laisser avec ma consternation pour seule compagnie.
On finit par se poser sur un banc où l'on peut apprécier la vue imprenable sur un bassin artificiel où des canards barbotent avec lassitude parfois troublés par des gamins un peu trop curieux qui ont échappés à la vigilance de leurs parents. Un léger vent aux accents de sel s'élève au-dessus de la cime des grands arbres encore décharnés, suffisamment froid pour me faire frissonner, à moins que ce ne soit la fatigue mêlée au stress qui m'ébranle.
Qu'importe, on en est là : silencieux, redoutant cet instant où il faudra se confronter.
_ Ce matin... Commence-t-il d'une voix à peine audible, je suis désolé pour ce qui s'est passé, j'ai pété les plombs... Je n'aurais pas dû m'emporter comme ça contre toi.
Le dos voûté et les mains liées sur ses cuisses, il semble vraiment penaud mais pour autant ça ne change rien au fait que cela commence à m'épuiser... Je sais qu'il ne va pas bien et je comprends, ce n'est pas ça le problème : le problème c'est qu'on se défoule l'un sur l'autre à la moindre secousse.
_ Je n'ai pas compris ta réaction... Je ne comprends pas pourquoi tout le monde dans ton entourage est au courant de ce qui se passe excepté moi alors que je suis quand même censée être ta petite amie... Je t'ai déjà dit que je comprenais que tu ne me dises pas tout – je ne suis pas vraiment la mieux placée pour te faire la morale – mais ça m'affecte aussi ! Le fait d'être mise à l'écart de cette façon, de te sentir t'éloigner de moi – de me rejeter en quelque sorte – ça me ronge... Je suis là, à essayer de comprendre ce qu'il se passe, à me demander comment est-ce que je pourrais t'aider mais tu ne me laisses même pas l'opportunité de discuter. C'est vraiment pas évident tu sais ?
Il relève la tête pour me jeter un regard empli de culpabilité. Sa jambe tressaillait dans un mouvement de nervosité tandis que les miennes se sont alourdies sous l'effet du stress. J'ai parlé à cœur ouvert, posément, pour éviter de le braquer mais maintenant je redoute les mots qui franchiront la barrière de ses lèvres, ce qui ne tarde pas :
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[One Piece] The Bullied Girl [TERMINEE]
FanficLawrisia a 16 ans et traîne déjà un lourd passé lorsqu'elle débarque à Goa pour, espère-t-elle, une nouvelle vie. Elle y rencontre Ace, le délégué principal de son nouvel établissement, un garçon chaleureux, hanté lui aussi par ses souvenirs et par...