Chapitre 17 : que vaut l'amour face à la haine ?

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Le lendemain, l'orage grondait sur Goa. La pluie était tombée sans discontinuée dès trois heures du matin et ne s'est arrêtée que très tard la nuit suivante. Comme promis à Ace, j'ai revêtu son sweat dès le matin : il était beaucoup plus confortable que les miens et plus chaud aussi. Je pensais que j'aurais l'air ridicule au regard de l'impressionnante longueur du vêtement mais finalement l'amplitude était parfaite : elle couvrait suffisamment mes formes et me donnait un look décontracté plutôt appréciable. Pour changer, j'ai rassemblé mes cheveux pour me faire une queue de cheval haute et je me suis maquillée légèrement : un peu de mascara qui résiste à l'eau et du baume à lèvre transparent pour m'éviter les gerçures.

Vers huit heures et demie j'ai pris la direction de l'école, la tête haute tandis que Signal résonnait au fond de mes oreilles. Calée sur le rythme de la musique, je mis un peu plus de temps à gagner la haute cour mais déjà quelques élèves étaient agglutinés sous le préau. Parmi eux, quelques uns se tournèrent sur moi : certains chuchotaient tout en me jetant des regards rieurs ou inquiets tandis que d'autres se contentaient de me fixer un peu comme si je venais de les insulter. « Aïe, ça sent mauvais... » me dis-je en faisant mine de ne pas les avoir vu. J'ai augmenté le volume de la musique pour m'empêcher de penser puis j'ai tracé mon chemin aussi vite que possible, direction le couloir pour vérifier si mes craintes étaient avérées. Je n'ai pas mis longtemps à repérer mon casier vu que c'était le seul dont la porte était à la fois taguée et complètement enfoncée comme si on avait voulu la forcer à coup de marteau. J'ai inspiré profondément, me suis préparée au pire mentalement et me suis avancée pour lire le petit mot tagué en rouge sang sur la porte : « Sale pute » ; ça avait le mérite d'être direct.

Je remarquai à cet instant que même le cadenas avait été coupé, la porte était pour ainsi dire accessible à tous ceux qui passaient devant. Paniquée, je l'ai tirée pour découvrir avec effarement que tous mes cahiers de cours étaient sans-dessus-dessous ; des pages déchiquetées, des couvertures déchirées, couvertes d'insultes inscrites au marqueur indélébile et comme toujours une montagne de petits papiers trônait bien en vue sur l'étagère médiane. J'ai senti ma gorge se serrer si fort que la douleur m'empêchait de déglutir tandis qu'un nœud acide se formait dans mon estomac. Instinctivement, j'ai ouvert mon sac pour y glisser mon courrier quotidien et me suis mise à la recherche de ruban adhésif et d'une paire de ciseaux que je gardais sur moi en toutes circonstances.

Il fallait que je remette en état mes livres et cahiers avant les cours, je m'occuperais des inscriptions plus tard. Je me suis laissée tomber par terre et me suis mise au travail en ne cessant de répéter que ce n'était rien, que j'allais réparer ça en deux trois coups de ciseaux et que ce n'était pas grave. La musique continuait de tourner en boucle dans mes oreilles, ça me calmait un peu même si je sentais les larmes me brûler les yeux. J'ai fait de mon mieux malgré mes tremblements qui m'empêchaient parfois de poser correctement le ruban. J'ai refixé les pages avec frénésie en ignorant toute l'agitation qui m'entourait.

_ Lawrisia ?

Concentrée sur ma tâche, j'ai continué sans me soucier de la personne qui m'interpellait. Pourtant, je dû m'interrompre : une main s'était abattue sur mon épaule et m'avait retirée mes écouteurs des oreilles.

_ Lawrisia, tu devrais venir avec moi.

J'ai protesté, ai saisi mes écouteurs et les ai remis en place : il fallait que je finisse de remettre de l'ordre, il restait encore tant de pages en morceau !

_ Ça suffit ! Calme-toi Law, ce n'est rien, je vais t'aider d'accord ? Allez, viens !

La personne s'est agenouillée à côté de moi et m'a arrachée mes écouteurs une fois de plus en les prenant cette fois-ci. Je me suis tournée vers lui, les yeux tout picotant, la mine défaite.

[One Piece] The Bullied Girl [TERMINEE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant