[One Piece] The Bullied Girl [TERMINEE]

Chapitre 54 : After the battle you need time to heal

[PDV Lawrisia]

L'hiver céda au printemps très rapidement. J'avais la sensation que tout s'accélérait depuis que Teach avait été viré. Je me sentais plus légère, plus à même d'avancer maintenant que j'étais en relative sécurité.

Avancer.

J'avais suivi le conseil de Miss Valentine, encouragée par Nami et Tante Lucinda. Je suivais désormais un programme de suivi psychologique et de renutrition progressive. Tous les jours, au midi, je devais désormais me présenter dans un centre où je déjeunais avec d'autres personnes qui avaient des parcours similaires au mien.

Au début, ça m'avait rebuté. L'idée de déjeuner avec des inconnus et d'être sous surveillance sur tout le temps du déjeuner me perturbait. Mais j'avais accepté de tester pendant un mois. 

Je m'attendais à une ambiance d'hosto où on serait dans une grande salle blanche, sur des grandes tables, à manger sans avoir le droit de parler et avec des blouses blanches en patrouille constante pour nous rappeler de manger, quitte à nous gaver de force.

J'étais soulagée de me rendre compte que ce n'était pas le cas. Le Centre était spacieux, très lumineux grâce aux verrières intérieures et la déco vintage. On s'y sentait rapidement chez soi. On était d'abord accueilli par la secrétaire, une petite brune souriante, qui nous pointait au fur et à mesure des arrivées, puis elle nous emmenait dans la grande salle du fond. On constituait des groupes de cinq personnes et, avec notre rééducateur, on faisait le point : on évoquait nos difficultés, on faisait le bilan sur nos progrès ou nos régressions. Ils nous écoutaient avant de nous donner des conseils et nous laisser déjeuner entre jeunes. La plupart des gens présents étaient des ados ou des personnes dans la vingtaine.

Le premier jour, je m'étais installée à une table où il ne restait plus qu'une place et très vite, la tablée s'est mise à me poser des questions, à m'inclure. Ça semblait naturel. Je m'en sentis soulagée. Ils étaient tous sympas et bienveillants, avec des parcours aussi chaotiques que ne l'était le mien. Je rencontrais ainsi Josh, Helène, Lucie, Florian et Mathilde. Ils avaient tous rejoint le programme il y a déjà plusieurs mois.

En parallèle de cela, tous les mercredis, je me rendais au cabinet du Dr Hamilton pour notre séance hebdomadaire. Elle m'avait prescrit des anxio et des antidépresseurs qui avaient fini par apaiser, un peu, mon enfer intérieur. Les cauchemars étaient moins fréquents, c'était déjà un grand pas.

Parler de mon enfance, de la mort de ma famille, de l'abandon de Chris, du harcèlement à l'école, de l'orphelinat, d'Ace, de Ren, de tout, de rien.

Vider mon sac. 

Il y avait des séances plus difficiles que d'autres. Mais indéniablement, cela me faisait du bien. Pouvoir en discuter avec quelqu'un de neutre, qui ne posait ni jugement ni a priori. Qui écoutait, notait et approfondissait. Qui cherchait à me comprendre VRAIMENT.

Je me démenais tous les jours pour essayer de m'en sortir. Parce que oui, le combat ne s'arrêtait pas une fois la séance bouclée ou le déjeuner englouti. Je devais me reprendre en main sur tous les plans. Je m'efforçais, au mieux, de me préparer à manger le soir pour reprendre goût à la nourriture sans en compter les moindres calories. Au début ce fut un calvaire, les vieilles habitudes ayant la vie dure.

Mais Nami et Robin me soutenaient avec ferveur : il était devenu coutumier de nous appeler à l'heure du dîner, en visio, pour partager nos préparations. Et l'on se retrouvait au moins une fois dans la semaine, dans l'appartement de l'une ou l'autre pour dîner, travailler et rester dormir. On parlait jusqu'à pas d'heure à propos d'archéologie, de bouquins, de philo. C'était une petite victoire pour moi.

J'avais des amies. Des vraies. Des gens avec qui je partageais de nombreux hobbies ou centres d'intérêt, des gens fiables qui veillaient sur moi. Ça faisait du bien de ne plus se sentir esseulée.

Tante Lucinda dit que ça lui réchauffe le cœur de me savoir épanouie, de me savoir sur la bonne voie. Qu'elle est fière de ce que je suis en train d'entreprendre.

J'ai réalisé seulement il y a peu à quel point j'avais progressé. J'ai seize ans, je me bats contre une dépression chronique, je suis en train de me sortir de mon anorexie, j'ai survécu aux années les plus noires en dépit du harcèlement moral et physique, de l'absence de mes proches, en dépit des abandons successifs. Je reprends enfin le contrôle de mon corps, de ma vie, progressivement.

J'essaie de prendre soin de moi, de m'ouvrir aux autres. J'essaie. Je me débats comme une forcenée.

Cette semaine on m'a demandé de parler du harcèlement scolaire que j'avais subi en classe. Une grande campagne de sensibilisation décidée par le Directeur. J'ai donc raconté devant ma propre classe, devant Ace, Hancock, Nami, Robin, Zoro, Sanji et la dizaine autre de mes camarades ce que je venais de traverser. Ça été difficile, mais j'étais résolue à en parler pour que personne d'autre n'ait à subir ça. Expliquer les mécanismes du harcèlement, les rôles de chacun, l'omerta autour de ce tabou.

Ren aussi a parlé. Il a témoigné de l'enfer subi par son frère dans les grandes lignes. J'ai capté le regard d'Ace sur Ren, sa mâchoire serrée. Il n'était pas en colère mais, le connaissant, il se retenait de pleurer.

"_ Mon frère a été condamné pour sa différence. Simplement parce que certaines personnes de ce lycée ont trouvé normal de le tabasser parce qu'il aimait une personne du même sexe que lui. Jake avait seize ans quand je l'ai retrouvé mort dans sa chambre le 14 février. Il s'est suicidé pour avoir aimé. Pendant des mois, son corps avait été couvert de bleus, d'hématomes, de griffures. Pendant des mois, on l'a insulté, passé à tabac quotidiennement, on l'a humilié gratuitement. Mais il ne nous a rien dit. Ni à moi son propre frère, ni à qui que ce soit d'autre. Parce qu'il avait peur : peur d'empirer la situation comme l'a expliqué Lawrisia, peur d'impliquer d'autres personnes, peur de nous faire du mal. Il s'est renfermé dans son silence et c'est ce qui l'a conduit à l'irréparable."

" Vous avez tous un rôle à jouer dans le harcèlement de quelqu'un. Tous. Bourreau, victime, témoin ou agissant. J'espère simplement qu'après nous avoir écoutés, vous réfléchirez à ce rôle. Que vous aurez une meilleure compréhension de ce que c'est quand on est de l'autre côté de la barrière. Il y a deux ans, j'étais témoin sans le savoir, sans même le voir alors que la victime de cet enfer vivait à mes côtés depuis seize ans."

"Aujourd'hui, je suis devenu agissant parce que j'ai compris que c'est en fermant les yeux sur ce genre d'actes que l'on devient complice indirect du ou des bourreaux, et que j'avais, quelque part, contribuer à la mort de Jake. Alors s'il vous plaît, si vous êtes victime, parlez ! Entourez-vous ! Parlez ! Et si vous êtes témoin, agissez à votre échelle. Parlez-en aussi au directeur, aux surveillants, à Monsieur Garp ou peu importe ! Mais ne fermez pas les yeux, ne condamnez pas les victimes. "

Ils étaient onze sur une classe de vingt-cinq élèves à avoir déjà vécu cet enfer. Onze à savoir ce que c'était. Le sondage à mains levées était plus qu'éloquent.

Encore tant de chemin à faire.

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Hi !

Nouveau Chapitre ! Mon inspiration revient (ouf !) 😁

J'espère qu'il vous a plu. Ça me fait plaisir en tout cas de reprendre cette histoire ! Mon style d'écriture a évolué en un an, tout du moins, j'en ai l'impression. J'espère que vous l'aimez quand même ^^

La fanfiction a presque atteint les 10K vues, c'est un truc de malade sérieusement 😲

Je ne vous cache pas qu'elle est sur la fin, ça ne sera pas non plus dans deux chapitres, mais ça approche ! Je vais enfin, après tant d'années à travailler dessus, écrire son chapitre final. Ça me fera tout drôle je pense... Et certainement à vous aussi ! Cela fait maintenant 7 ans que j'ai commencé à l'écrire. 7 ans ! J'étais en Seconde à l'époque ! Difficile pour moi de me le figurer et pourtant...

Enfin voilà, tout ça pour vous remercier, comme souvent, pour votre engagement pour cette histoire. Pour m'avoir fait rire avec vos commentaires tout ce temps.

À bientôt,

Evy~