Chapitre 2

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En traversant les portes du lycée, mes yeux se posent partout : sur les grands murs blancs, sur les casiers bleus qui ressemblent fortement à ceux de la piscine, sur les grandes fenêtres menant à une grande cours... Pas de doute, ce lycée est immense. Pas étonnant puisqu'il encadre plus de mille cinq-cents élèves.

Mes yeux se posent ensuite sur toutes les personnes étant dans le hall. Comment ce fait-il qu'ils soient tous élégants et beaux ? A mon ancien lycée, nous n'étions pas si... classe ? Oui voilà, classe. Tout le monde porte de beaux vêtements, de belles chaussures. A côté d'eux, j'ai l'impression de venir en sac poubelle.

Étant dans mes pensées, je ne remarque en aucun cas la fille qui vient de nous barrer la route, alors que nous étions en train de marcher tranquillement. Ma mère me donne un coup de coude, me retirant ainsi de mes rêves et en me suppliant par la même occasion de l'aider. Je remarque enfin se barrage humain, et réalise qu'il me fixe d'un mauvais œil. La jeune fille se mit à parler d'une voix totalement aigu, agaçante, qui me fit sursauter d'un coup.

« Bonjour, je m'appelle Caroline. Je suis là pour vous guider !

Je plisse les yeux, et décèle une lueur d'amusement dans ses yeux. Son regard nous cri qu'elle se moque littéralement de nous, qui sommes totalement perdues. Je la toise d'un regard noir, puis la détaille de haut en bas. Ce n'est pourtant vraiment pas dans mes habitudes de faire ça, mais cette fille, je ne la sens pas. Elle porte une mini jupe type écolière, des chaussettes montantes, des talons hauts et un tee-shirt court laissant place à un décolleté vertigineux. A-t-elle comprit que nous étions dans un lycée et non dans une boîte de nuit échangiste ? Ses mains sont marquées par une manucure rouge pétante, ses cheveux blonds décolorés sont coiffés en tresse et son maquillage orange clair laisse apparaître la peau de son cou blanc. Malgré toute cette superficialité, c'est une jolie fille.

Ma mère sentant le malaise et les regards haineux entre nous, se racle la gorge. Elle nous regarde tour à tour, cherchant à arrêter ce duel de rage.

-Pouvez-vous nous dire où est-ce que l'on valide notre inscription ?

Caroline sourit légèrement, d'un air sournois, presque satisfait de sa future réponse. Elle pointe de ses longs doigts une énorme fil d'attente d'au moins cinquante personnes. Au loin, nous pouvons entendre un bébé pleurer de toutes ses tripes, le soufflement des futurs lycéens et l'impatience des parents. Je sens déjà un mal de tête me prendre dans ses bras et me cogner le crâne avec un marteau. Au loin, un doliprane s'en va par bateau en agitant un mouchoir dans sa main.

-Là-bas. Vous n'auriez qu'à donner votre nom de famille et ils valideront votre inscription, ajoute-elle, le sourire jusqu'aux oreilles.

Elle part, en s'assurant de bien rouler ses fesses lorsqu'un groupe de garçon passe derrière elle. On entend des sifflements, puis les rires suraigus de ses amies. Cette fois-ci, mon mal de crâne me donne se fichu marteau pour le lui lancer en pleine figure, et mon doliprane me donne son mouchoir pour l'étouffer.

Ma mère me tire par le bras, m'entraînant dans cette longue fil d'attente. En y arrivant, je peux entendre la musique sortant du casque d'un garçon, ayant une grosse mèche blonde lui barrant le front. Les casques ne sont pas faits pour que l'on n'entende pas la musique justement ? J'ai tellement envie de lui prendre son téléphone et de le piétiner comme une grosse folle... Et, de lui prendre un rendez-vous chez le coiffeur. Qui se coiffe encore comme ça de nos jours ?

Les minutes passent, peut-être trente, je ne sais pas. Tout ce que je sais, est que ma tête va exploser et que je suis à deux doigts de tuer ce Justin Bieber qui balance sa mèche à chaque fois qu'il tourne sa tête. Nous arrivons devant une petite table blanche, devant laquelle un homme nous sourit de toutes ses dents. Il est plutôt pas mal, cheveux noirs, de la barbe, yeux gris. Il pourrait plaire à ma mère, qui d'ailleurs celle-ci semble totalement indifférente... Réveilles-toi maman ! Regarde ce beau gosse te sourire et jette Peter aux ordures !

-Bonjour, je suis monsieur Salsfitz, professeur de littérature anglaise.

Son sourire reste radieux, impossible de partir. On pourrait croire qu'il est né comme ça. Ses yeux restent figés sur ma mère.

-Je m'occupe de valider les inscriptions. Il vous suffit de me donner votre nom, puis les papiers indiqués dans le courrier que nous vous avons envoyés.

Ma mère lui tend toute la paperasse, l'air impassible. Il les lui prend, en faisant bien attention de lui toucher la main sensuellement. Quelqu'un m'explique peut-être? Mon regard joue entre lui et ma mère. Je suis sans voix à cause de ce moment plus qu'étrange.

-Alison Brodie, lance ma mère. Nous venons pour ma fille et non pour un flirte.

Une lueur d'insolence passe dans les yeux de cet homme, puis un sourire en coin se dessine sur son visage. Il cherche dans sa liste, et relève la tête vers nous.

-Bien. Je note que ta fille est bien inscrite.

Ta fille ? Il la tutoie maintenant ? C'est quoi ce délire ? Ma mère fronce les sourcils, puis sa bouche se ferme et se referme à mesure que le temps passe. Je pense qu'elle veut répondre quelque chose mais rien ne sort de sa bouche. C'est moi ou elle bug ? Dans tous les cas, monsieur Salsfitz semble bien s'amuser.

-Et d'ailleurs, intervenus-je, pourquoi doit-on se déplacer pour vous donner les papiers, c'est plus simple par courrier non ?

Ma mère souffle, puis me regarde comme pour me dire « merci ma chérie de m'avoir sauvée ». Lui, hausse les sourcils, puis tourne enfin la tête vers moi.

-C'est la vie petite. Est-ce que moi je te demande pourquoi les gens sont si désagréable par moment ? Dit-il en insistant bien sur les mots « les gens » et « désagréable ».

Cette fois-ci, ma mère semble furieuse. Elle me tire par le bras, encore une fois, et ce dirige vers la sortie après avoir adressée un faux sourire à ce gars. Nous traversons la foule, la fumée, les bavardages, les tractes, la pluie, pour enfin arriver dans la voiture. Elle ferme sa portière violemment et respire un bon coup comme pour se calmer. Je brise ce silence plus que pesant.

-Maman, c'est qui ce mec ?

Elle ne répond pas tout de suite et mets le moteur en marche.

-Personne. Contentes-toi de t'attacher Alison. »

La voiture démarre, de même que mes questions ne cessent de se poser dans ma tête.

Memories [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant