Chapitre 36

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Nous sortons enfin de cette voiture après avoir fait encore dix minutes de trajet. Je ne sais pas où l'on est, mais je sais très bien que l'on est loin de Miami. Je ne demande même pas à Tyler le nom de notre destination, j'ai juste envie de m'amuser ce soir, sans prise de tête. J'ouvre donc la portière tout en scrutant le ciel noir remplit d'étoiles, puis respire une bonne bouffée d'air frai, après avoir posé mes pieds au sol orné de graviers. J'entends d'ici la musique battre à son plein, des personnes hurler de rire ou, je peux encore très bien apercevoir deux garçons se rouler une bonne grosse belle sur le perron de la maison, qui d'ailleurs, est immense et de couleur bleue. Ça s'annonce très bien cette petite soirée.

« Alors, chez qui nous incrustons-nous ?

-Je crois que... c'est l'ami d'un frère d'un ami de mon cousin éloigné, du côté de ma mère. Mais je ne suis pas sûr.

-Donc pour résumer, il n'y a personne que l'on connaît ?

-Personne.

Je souris, lui prends la main et l'emmène jusqu'à la porte d'entrée. Je fixe la porte, puis le regarde lui, longuement, et finis par hausser un sourcil.

-Qu'est-ce que t'as ? Me dit-il d'un air blasé.

-Bah, dis-moi, je toque, je sonne, je fais quoi ?

Il soupire, rigole, puis ouvre la porte sans gène. Je reste ébahie face à ce qui s'offre à moi ; un gros foutoire. Des gens dansent de toutes parts, certains collés-serrés, d'autres en se tenant la main et en chantant à tue-tête les paroles de la musique, d'autres vomissent un peu partout, d'autres font des concours de qui prendra le plus de shoot, d'autres fument, d'autres sont presque en train de faire les préliminaires sur place, d'autres les observe, d'autres sont complètement sobre et reste dans un coin les bras croisés. La lumière est éteinte mais les néons virevoltant dans tous les sens possibles, m'offre ce spectacle ahurissant. Ça sent l'alcool et la drogue à plein nez. C'est pire qu'à la Nouvelle-Orléans. Et je crois que je vais adoré ça.

-Bon, tu viens ou tu restes plantée là ?

Tyler me sort de mes pensées, et voyant ma non-réaction, il me tire par le bras et se faufile à travers la foule. Il trouve rapidement la cuisine après avoir jonché des corps endormis au sol, puis prend les deux premiers verres en plastique rouges qu'il voit, les rinces avec de l'eau clair puis y verse n'importe quel alcool étant sur la table lui passant sous la main. Il me tend un gobelet. Il est si sûr de lui.

-Pourquoi tu les as rincés ?

-À ton avis, pourquoi ces personnes sont par terre en train de colmater ?

-Je pense qu'elles ont trop bu.

-Quand je disais que tu étais innocente, je ne plaisantais pas, soupire-t-il en baissant la tête tout en la secouant.

-Mais quoi ? Dis-moi !

-Il y avait du GHB dans leur verre, avoue-t-il d'un hochement de tête. Première règle, ne jamais poser ou quitter des yeux son gobelet. Deuxième règle, ne jamais prendre un verre posé sur une table. Jamais. Sinon tu finiras comme elles.

Je le scrute, les scrute, puis bois une grande gorgée, comme pour me donner du courage. C'est fou ce que c'est dangereux ce genre de soirée... Puis, après quelques secondes, je réalise que je viens de boire du pastis.

-Ah mais c'est dégueulasse, tu n'aurais pas pu prendre autre chose ?

-Et toi, tu aurais pu trinquer avec moi avant de boire. Ça t'apprendra.

Je lui tends mon verre pour qu'il change de boisson, mais tout ce qu'il fait au lieu de ça est de trinquer avec moi. Je l'observe, les yeux grands ouverts, de un par son insolence et de deux, parce qu'il boit cul-sec.

-C'est écœurant, lâchai-je une fois son petit numéro finit.

-C'est juste que tu n'as pas le courage de boire ce verre.

-Je pourrais, mais pas du pastis. J'ai vraiment horreur de ça.

Il hausse les sourcils, prend mon verre, le vide rapidement dans l'évier puis le remplit d'un mélange que je connais parfaitement.

-Tu lis dans mes pensées à ce que je vois, dis-je le sourire jusqu'aux oreilles.

-Non, c'est juste mon frère qui a deviné tes goûts en te servant un verre l'autre fois.

Mon sourire retombe immédiatement.

-Arrêtons de parler de cette soirée, tu veux ?

Il ne dit rien un instant, se resserre un verre, puis me fixe.

-Cul-sec ? Me demande-t-il, un sourire en coin.

-Cul-sec.

Je bois rapidement cette boisson et sens le whiskey-coca couler dans ma gorge. Elle me brûle quelques instants, puis, je lâche enfin un petit cri d'excitation, de joie, pour avoir eu le courage de l'avoir fait. Je suis, comme qui dirait, fière de moi. Tyler me fixe, incrédule, son verre encore remplit dans la main.

-Tu sais que je t'adore toi ? »

Je rigole face à sa réplique. Que la fête commence !

Memories [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant