Chapitre 4

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Le début du repas se passe en silence. Ma mère et Peter se lancent sans cesse des regards amoureux. Malgré le fait que je ne peux pas le supporter, il a l'air de la rendre heureuse. C'est tout ce qui m'importe. Si un jour elle a le malheur de pleurer pour lui, je lui ferai sa fête.

Peter pose sa main sur la cuisse de ma mère et effectue des petites caresses. Elle devient toute rouge et pose ses baguettes chinoises à la hâte pour enlever ces mains baladeuses. Elle nous regarde tour à tour, mis gênée, mis amusée par ce moment. Entre nous trois, c'est moi qui devrait être le plus mal à l'aise... Je me racle la gorge et brise ce silence à la hâte.

« Aujourd'hui, nous sommes allées valider mon inscription au lycée !

-Ah oui ? Lance Peter d'une façon tout à fait indifférente.

Sans aucune raison, ma mère commence à faire les gros yeux et baisse la tête d'un coup, comme si elle avait quelque chose à se reprocher. Je plisse les yeux et me demande pourquoi elle réagit de la sorte. Elle est devenue encore plus rouge que tout à l'heure. Peter ne remarque rien et à l'air plus absorber par son plat de nems que par le comportement de ma mère. J'essaie d'attirer l'attention de ma tomate ambulante en lui donner des coups de pied par dessous la table, mais elle semble faire l'indifférente. Elle relève la tête, avec un regard assassin.

-Oui, répondis-je pour faire réagir ma mère. Il y avait une attente monstrueuse !

Peter hoche la tête en s'essuyant le coin de la bouche. Il mange vraiment comme un enfant de maternelle, ou si puis-je dire, comme un gros porc. Ma mère pendant ce temps donne l'impression qu'elle va faire une crise cardiaque d'un moment à l'autre.

-Et puis, quand on est enfin arrivée, un homme plutôt charmant nous a accueillit. Je crois qu'il s'appelait monsieur...

Ma mère me coupa la parole à une vitesse fulgurante et se mit à parler rapidement.

-Tu viens Alison ? Aides-moi a débarrassé la table. On va chercher le dessert !

Elle prend toutes les assiettes et même la fourchette que Peter vient d'engouffrer à l'intérieur de sa bouche. Elle part dans la cuisine et on entend l'eau couler. Peter se contente de hausser les épaules et de sortir son téléphone pour jouer à un jeux dessus. Je rejoins alors ma mère.

-Mais qu'est-ce qu'il te prend Maman ?

Elle astique nerveusement les assiettes avec son éponge. Elles sont déjà propres. Si elle continue comme ça elle va les cassées.

-Maman arrête ça et regarde moi !

Elle m'ignore et continue son petit ménage. Je lève les yeux aux ciels. Qu'est-ce qu'elle peut être énervante ! Je fonce vers elle et prend ses mains dans les miennes. Je la regarde mais elle, semble énervée et à deux doigts de pleurer. Je sais que ce monsieur Salsfitz y est pour quelque chose. Ça se voit dans ses yeux humides.

-Qui est cet homme ? Demandai-je calmement.

Elle entrouvre sa bouche quelques instants, prête à se confier. Je l'encourage avec un sourire rassurant. Mais tout à coup, on entend la voix de Peter se rapprocher de la cuisine. Elle lâche mes mains, s'essuie les joues et se ressaisit d'un coup. Si je ne la connaissais pas aussi bien, je pourrais croire qu'il n'y a rien eu. Elle me toise d'un regard noir.

-Ne dit rien à Peter, Alison. Est-ce que c'est claire ?

Elle m'a dit ça d'une façon tellement calme et à la fois tellement froide... Je déglutis bruyamment. Elle est vraiment flippante quand elle le veut. Peter arrive dans la cuisine, l'air tout à fait innocent.

-Je peux vous aider les filles ?

Ma mère a déjà la tête dans le frigo et sort les desserts. Elle se retourne, un sourire planter sur la visage. Merde alors ! Elle joue bien la comédie ! Ou alors elle est complètement bipolaire...

-Non c'est bon mon cœur. Vas te rasseoir. On arrive avec les desserts. Alison, prends le plateau de fromage sur la plan de travail s'il te plaît.

Sa voix mielleuse me fait froid dans le dos. Si elle est comme ça, c'est qu'elle a vraiment un soucis. Peter part et le regard de ma mère s'assombrit.

-Je t'avais dit d'être aimable se soir.

-Mais maman tu t'es vu ? C'est quoi ton problème, pourquoi tu es si stressée ?

-Ce n'est pas le bon moment, Alison ! Maintenant on va retourner dans la salon et faire comme ci de rien ne s'était passé, d'accord ?

Je n'ai pas le temps de répondre qu'elle est déjà partit dans le salon. Je souffle. Un jour ou l'autre, elle se décidera à me dire ce qu'il se trame. Sinon, c'est moi qui me chargerai de le découvrir. 

Memories [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant