Chapitre 26

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Mon réveil et la chanson « I Remember You » de Cartoon étant déjà à la moitié, me sortent de mon profond sommeil et me font sursauter, comme toujours. Je l'éteins à la hâte pour éviter un mal de tête et me lève aussitôt. Je préfère me lever tout de suite que t'attendre encore et encore, pour finalement me rendormir et être en retard.

J'observe un instant mon jardin par la fenêtre. Je peux voir d'ici l'herbe légèrement mouillée par la rosée du matin et le soleil se levé lui aussi, dans un ciel rose-orangé. Un air frai me vient de plein fouet lorsque je prends une grande respiration. Mes poumons se gonflent d'un air pur et sain tandis que j'expire ma mauvaise humeur du sommeil dérangé. Cela me fait extrêmement du bien. J'aime le matin pour son calme, son renouveau, son odeur agréable... Oui, pour moi, le matin a une odeur spéciale... Cette sensation de bien-être, de paix... J'aime le matin uniquement pour ça. Et aussi parce que le matin, je peux enfin manger des tartines au Nutella.

Les souvenirs de la veille me reviennent petit à petit. Il s'est passé tant de chose en une journée... La dispute avec ma mère avant-hier, mon « incrustation » chez Tyler le lendemain matin, son accueil plutôt chaleureux, l'arrivée au lycée, le renvoi du professeur de mathématiques, le baiser avec Tyler, la rencontre avec Thomas qui était d'ailleurs complètement inattendue, notre discussion et mes souvenirs de cet été... Ça me fait beaucoup à encaisser et à calculer.

J'ai besoin de me vider la tête. Non, ce n'est pas le weekend. Mais j'irais au lycée et j'essaierai de me faire de nouveaux amis. Je ne peux pas avoir uniquement Tyler comme ami toute l'année, surtout qu'il n'y a pas que des intentions amicales de notre part. Je ne penserai pas à ma mère et à monsieur Salsfitz. Cela va être particulièrement facile : je n'ai pas cours avec lui aujourd'hui. Hier je suis rentrée tard pour ne pas croiser ma mère et ce matin je commence plus tard. Elle est déjà partit travailler. En conséquence, ma journée commence plutôt bien et mes problèmes semblent être loin de moi. Sauf un. Thomas. Encore Thomas et toujours Thomas... Je vais le croiser tous les jours désormais. D'un côté je suis contente mais de l'autre, il y a ce barrage entre nous qui m'empêche d'être totalement heureuse. Je déteste que l'on me fixe des limites et surtout par une personne de mon entourage.

Je descends les escaliers et me dirige vers la cuisine. Je prends un petit déjeuner : jus d'orange, céréales, yaourt nature et tartines au Nutella. Même si je n'ai pas spécialement faim le matin, je me force à manger pour ne pas entendre mon ventre gargouiller en plein cours. Cette situation est plus que gênante. Cela m'arrive souvent lorsque personne ne parle ou qu'il y a un contrôle. Je déteste ça. Même si je sais que ça arrive à tout le monde, je ne peux pas m'empêcher de devenir rouge comme une tomate. C'est comme ça chez moi...

Dix minutes plus tard, je me lave pendant un bon quart d'heure et je m'habille d'un jean noir en cuir et d'une chemise rose à manches courtes. Je m'attache les cheveux en queue de cheval et me maquille légèrement avec un mascara noir et un rouge à lèvre rose clair. Je prépare mon sac de cours et sors de chez moi. Pour une fois, je ne me dépêche pas. Je ne suis pas en retard, donc je prends mon temps.

J'entre dans ma voiture et mets directement la radio. J'adore écouter de la musique le matin. Je tombe sur « 30 Minutes Break » du groupe The Luka State. Cette chanson est vraiment cool et à ce que j'ai entendu dire, Thomas Brodie-Sangster est dans le clip. J'adore cet acteur, il a joué dans un de mes films préférés : Le Labyrinthe.

J'arrive tranquillement au parking du lycée et me gare. Je descends de ma voiture et marche vers l'établissement, mon sac de cours sur mes épaules. Je souris à quelques personnes qui me regardent étrangement et continue ma route. Trouvant cela bizarre, je regarde ma tenue pour voir s'il y a un problème mais je ne vois rien de dérangeant. Avec la caméra frontale de mon téléphone, j'inspecte mon visage ou plus précisément mon maquillage, mais je ne remarque aucun problème. Bien. Ces gens ont peut-être regardé quelqu'un derrière moi, je ne sais pas.

À peine entrée dans le lycée, je me sens projetée contre un casier. Une douleur refait surface : ma côte. Dans la douche, j'ai vu qu'un énorme bleu s'était formé à cet endroit à cause du poteau dans le bar de Tyler. Il était un peu violacé, un peu vert. Et il était plutôt gros. Je pense qu'il va durer encore un peu plus longtemps maintenant.

« Espèce de salope !

Je relève la tête en me tenant la hanche. Putain, Caroline. Mais bordel elle ne sait pas mettre quelque chose de plus long ? On peut presque apercevoir sa culotte à cause de sa mini jupe. Enfin bon, ce n'est pas le plus important. Le plus important, c'est que ses yeux me lancent des éclairs et que ses points sont serrés. Je n'arrête pas de me dire que si elle continue, ces longs faux ongles vont lui transpercer la peau. Pourquoi je pense à ça maintenant ?

-Mais merde ! Tu ne peux pas faire plus attention ? Ça t'arrive de ne pas pousser les gens violemment dans ta vie ?

-Pour les salopes de ton genre, on ne les prend pas par la main mais on les encule bien profond. Tu comprends ?

-Non, je ne comprends pas pourquoi tu me traites de salope. Et puis, tu me fais rire. T'as vu comment tu t'habilles ?

Je prononce bien fort ces mots en la détaillant de haut en bas. Je rigole toute seule. Je déteste ce que je suis en train de faire, ça ne me ressemble pas. Ces amies toutes autant vulgaires les unes que les autres, se sont ajoutées à la conversation et forment un petit cercle autour de nous.

-Ce n'est pas la question la nouvelle. Toi, tu sais ce que tu as fait, n'est-ce pas ? Tu sais pourquoi je suis là, non ?

-Non je n'en ai aucune idée. Donc tu vas me laisser passer. Allez, salut.

Je commence à partir mais ces amies me repoussent « gentiment » à l'intérieur du cercle. Bien.

-Non non non, tu ne pars pas, dit-elle en agitant son index devant mes yeux. Je veux que tout le monde sache qui tu es vraiment. Ça t'as plu d'embrasser Tyler ? »

Memories [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant