Memories [en pause]

Chapitre 32

« Bon sang Tyler, t'es malade ! Tu m'as fait peur !

-Chut ! Assis-toi.

Je souffle en posant ma main sur mon cœur, puis tâte le lit avec mon autre main avant de m'asseoir. Une fois cela effectué, je tourne la tête en direction de mon ami. Je ne sens plus sa présence près de moi mais je perçois de l'agitation, le lit grinçant. J'essaie de voir ce qu'il est en train de faire, mais la pièce est beaucoup trop sombre pour pouvoir apercevoir quoi que ce soit. Je me gratte le bras, en signe de nervosité. Je fais ça depuis toute petite.

-Mais qu'est-ce que tu fous ? Demandai-je, intriguée.

Pour seule réponse, une lumière apparaît soudainement, ce qui me fait plisser les paupières, tout en plaçant ma main qui était posée jusque là, sur mes genoux, devant mes yeux. Je mets du temps à m'habituer à cette nouvelle vue, puis découvre qu'il a allumé sa lampe de chevet. Je le toise maintenant d'un air interrogateur, mais il ne peut pas me voir, étant retourné.

-Tu n'aurais pas pu l'allumer plus tôt Tyler ?

-J'aimais bien ce côté mystérieux, pas toi ? Dit-il en se retournant après avoir posé un verre d'eau sur sa table, en s'essuyant la bouche.

-Non, ce n'est pas trop mon truc d'inviter mes amis dans le noir...

Il lâche un petit rire face à ma réplique, puis je peux l'entendre rouspéter à voix basse, de façon à ce que je n'entendre pas : « Moi, j'aime bien... ». Je souris bêtement puis me calme aussitôt. N'essaie pas de te défiler Tyler...

-D'ailleurs, il se passe quoi ? Je suis hyper inquiète ! Ton message m'a fait stresser comme une folle !

Il respire profondément puis lève ses beaux yeux verts en ma direction. Il stresse. Je souris gentiment dans le but de l'encourager, puis me rapproche un peu plus de lui, afin d'être maintenant en train de lui tenir les mains. Il baisse la tête, observe mon geste et secoue son visage doucement. Il lâche mes mains puis caresse ses cheveux dans un moment de doute. J'essaie de captiver son regard, mais rien à faire, je sais qu'il ne plantera pas ses yeux dans les miens.

-Tyler, tu m'inquiète... Qu'est-ce qu'il y a ?

-Je... Alison, ce n'est pas simple.

-On est là pour s'entraider, c'est fait pour ça les amis.

Une boule se forme instantanément dans ma gorge. Je repense à ce que j'ai dit à mon père par message avant de raccrocher puis de fondre en larme. C'est dur, vraiment. Je respire un bon coup puis me redresse. Je décide sans réfléchir de prendre son visage entre mes mains, puis de le tourner vers le mien. De la culpabilité. C'est tout ce que je vois dans ses yeux, de la culpabilité.

-Ty...

-Je sais que tu vas m'en vouloir, dit-il en me coupant la parole.

Je me mords la lèvre inférieure puis hoche la tête, toujours avec la présence de cette foutue boule à la gorge. Il prend mes mains entre les siennes, puis les enlèves de ses joues. Pourquoi est-il si distant ? C'est si horrible que ça ? Comme s'il avait compris ce que je ressentais et pour me rassurer, il laisse nos mains collées.

-Laisse-moi finir avant de répondre quoi que ce soit, d'accord ?

-Ok, ça marche.

Il soupire.

-Bien... C'est... C'est à propos de Caroline.

Un frisson me parcourt légèrement l'échine à l'entente de son prénom. Putain, c'est mauvais signe. J'ai l'impression qu'elle ne nous apporte que des problèmes cette fille. Comment fait-il pour sortir avec elle ? Ou encore même, l'aimer ?

-Tu sais qu'elle est au courant pour le baiser entre nous deux, pas vrai ?

-Un peu oui. Hier matin elle m'a carrément agressée devant tout le monde et m'a fait passer pour une grosse salope...

-Et bien, c'est à propos de ça que je voulais te parler. Oh bon sang... Tu vas vraiment m'en vouloir !

-Continu, Tyler.

Il hoche la tête tout en s'installant mieux dans son lit. Nos jambes sont dans le vide tandis que les siennes bougent frénétiquement. Accouche Tyler, mon cœur va exploser si tu continue comme ça.

-Ça fait plusieurs jours que Caroline me pose des questions sur toi. Depuis l'incident au bar, enfaîte. Elle sent qu'il se passe quelque chose entre nous, et dieu sait qu'elle ne lâche rien, surtout lorsqu'elle pose des questions.

Il respire un bon coup puis pour la toute première fois de la soirée, sans que je ne lui oblige, il me regarde bien en face. Maintenant, je peux y voir du remord. Bordel.

-Écoute, je ne sais pas comment ça se fait, mais une de ses amies nous a vu. Bien évidemment, Caroline ne l'a pas crue, c'est pour ça qu'elle est venue te voir ce matin. Mais à ce que je comprends, tu ne lui as rien dit. Elle est alors venue me voir hier soir, juste avant que je ne t'appelle. Elle était complètement hystérique, elle m'a même foutue plusieurs gifles. J'ai cru qu'elle allait me battre, vraiment. Puis, elle a commencé à me menacer, à te menacer. Elle a dit qu'elle te ferait du mal si je ne disais rien... Alors je lui ai tout dit. J'ai dit que je t'avais embrassé et...

-Et maintenant, elle va tout faire pour me nuire, répondis-je, les yeux dans le vide. »