Memories [en pause]

Chapitre 5

Hier soir, la fin du repas s'est déroulée dans une ambiance assez froide. Chaque fois que j'ouvrais la bouche pour dire quelque chose, ma mère me foudroyait du regard comme pour me prévenir que si par malheur l'idée de parler de monsieur Salsfitz me traversait, elle aurait affaire à moi.

Quand Peter est partit, à ma plus grande stupéfaction, ma mère ne m'a pas disputée. Elle a terminé toute la vaisselle en silence, à ranger le salon dans la même ambiance... Elle m'a complètement ignorée et est partit dans sa chambre. Je suppose qu'elle a fait ça uniquement pour éviter que l'on parle de ce gars.

Mes questions ne cessent de tourner dans ma tête... Qui est-ce ? Pourquoi ma mère réagit-elle de la sorte ? Qu'est-ce qui pourrait faire que se soit si important ? Je n'ai jamais vu ma mère dans cet état. Ça me fait vraiment froid dans le dos... Son humeur et son comportement me laissent un goût amer, c'est vraiment étrange... Hier soir, elle m'a semblé être quelqu'un d'autre, je ne l'ai même pas reconnue. Mais il faut que j'arrête de me torturer l'esprit. Je viens d'emménager à Miami, mon quartier est superbe... Je ne veux pas que ma nouvelle vie commence dans le conflit.

Je suis allée me promener et visiter un peu Miami quand ma mère est partit au travail. Ça ne me fera pas de mal. Je mets un terme à mes questions lorsque j'entre dans un petit bar à quelques pas de la plage. C'est plutôt sympa. L'ambiance est bonne, tout le monde rigole de bon cœur, il fait plutôt chaud... Je me suis habillée en petite robe simple blanche à dentelles et à ce que je vois, je ne suis pas la seule à mettre vêtu légèrement. Certains garçons sont torses nus et d'autres filles sont en mini jupe. Chacun son style...

Lentement, je m'approche du bar et commande un verre de jus d'orange. En attendant ma boisson, j'observe le monde tout autour de moi. Miami a l'air d'être une ville très sympa. Il fait beau, tout le monde à l'air d'être heureux... Même si la Louisiane me manque, je sens que je vais me plaire ici. Il y a beaucoup de boutiques, j'habite près de la plage et j'ai des palmiers dans mon allées de maison bon sang... Que rêver de mieux ?

Le barman, qui à l'air d'avoir mon âge, me fait un clin d'œil en me tendant ma commande. Je lui souris, en essayant tant bien que de mal de refréner la montée de sang menaçant mes joues. Lorsque je disais que tout le monde était beau au lycée, il n'y avait pas que là-bas à ce que je vois... La Floride toute entière est habitée par des beaux gosses. Et ce barman, blond, yeux verts, musclé... en fait partit largement. Sans m'en rendre compte, je le fixe depuis une bonne minute. Le remarquant, il s'approche de moi avec un petit sourire en coin. Je baisse furtivement les yeux. Grillée.

« Moi, c'est Tyler.

Il me tend sa main, toujours avec ce petit sourire. Gênée et à la fois rouge comme une tomate, je lui tend alors la mienne.

Soudain, au lieu de me la serrer, il explose de rire. Je retire vite ma main et viens la poser sur mon genoux. C'est quoi son problème ? Je suis à la fois énervée, vexée et perturbée... Il se moque de moi délibérément. Je me lève alors, pose l'argent pour payer ma commande et commence à partir du bar. Je n'ai pas besoin que l'on se moque de moi. A peine ai-je fait un pas qu'une main me retient par le bras. Je me retourne en levant les yeux au ciel. Tyler. Son rire a disparu, mais il n'en est rien de son petit sourire qui me donne envie de lui donner une claque.

-Qu'est-ce que tu veux ? Dis-je froidement.

-Excuse-moi. Je ne voulais pas me moquer... C'est juste que... C'était drôle.

Il fait une grimace, comme pour s'empêcher de rire. Il est peut être con mais qu'est-ce qu'il est mignon... Il me tient toujours le bras, comme s'il avait la ferme attention de ne jamais me laisser partir. Je souris légèrement.

-Tu comptes m'arracher le bras ?

Il fronce les sourcils puis regarde où est posée sa main. Il relève ses beaux yeux verts vers moi.

-Peut-être bien. Sauf si tu restes pour boire une verre avec moi.

-Non merci je n'ai plus soif, dis-je en montrant d'un coup de tête le verre de jus d'orange vide et en essayant de me dégager de son emprise.

-Ce n'était pas une question enfaîte.

Je lève les yeux au ciel. Une partit de moi me dit de partir et l'autre de rester. Mais évidement, il n'attend pas une réponse de ma part et me tire vers une petite table isolée du bar. Il me fait asseoir sur une chaise en bois, part et revient quelques instants plus tard avec deux bières. Il s'assoit à son tour, me tends la bière et me toise.

-Alors, que vient faire une jolie jeune fille comme toi ici ?»