Memories [en pause]

Chapitre 3

« Je vais chez le coiffeur. Peter arrive à dix-neuf trente. J'arriverai peu de temps après. Donc s'il te plaît, ranges un peu la maison et mets la table. Et le plus important, sois gentil avec lui.

Peter, Peter, Peter... Elle va se faire belle pour Peter, elle veut que je mettes la table pour Peter... Il manquerait plus qu'elle me demande de lui laver son linge... Depuis tout à l'heure, elle a l'air d'être stressée, et depuis l'épisode « petit flirte avec monsieur Salsfitz », elle semble énervée et toute retournée.

-Oui maman. Bon allez, vas-y, sinon tu vas rater ton rendez-vous.

Elle me fait un bisou sur le front, mets en vitesse son manteau et s'en va. Quand elle ferme la porte, je peux enfin souffler. L'inscription est faîte et dans quelques jours, c'est la rentrée. Je stresse un peu... Mais qui ne panique pas lorsque l'on arrive dans un nouveau lycée, quand on recommence sa vie ? Une nouvelle ville, une nouvelle maison, un nouveau lycée, de nouveaux amis... On perd nos repères, on perd tout... Et même sa confiance en soi. Parce que oui, lorsque l'on prend un nouveau chemin, on a toujours peur de se perdre.

Nous avons emménagé à la fin du mois du juillet. La maison avait déjà été rénovée auparavant par les anciens propriétaires, il nous suffisait juste de déballer nos affaires. Aujourd'hui, Il ne reste plus que quelques cartons à vider. Ma chambre est sympa, la maison est grande, je me sens bien à l'intérieur. Mais ça ne sera jamais chez moi car je ne m'y sens pas comme tel. Ma maison, elle est chez mon père, en Louisiane. Ma mère a complètement changé d'état et est partit en Floride, à Miami, près de Peter.

C'est une assez longue histoire... J'avais une famille plutôt soudée, tout le monde s'entendait bien... Mais ma mère en a décidé autrement. Elle est tombée dans les bras de ce fameux Peter, un garçon qu'elle a rencontré à Miami lors d'un voyage d'affaire. En l'espace d'un mois, elle est tombée folle amoureuse de lui et a quitté mon père à son retour. Celui-ci est devenu fou, a fait une dépression nerveuse, est devenu alcoolique... C'était la femme de sa vie, il y avait de quoi péter un plomb. Lors du procès pour le divorce, ma mère a obtenu la garde uniquement à cause du comportement de mon père. Sinon c'est évident, je serais restée en Louisiane.

Quand je sors de mes pensées, je remarque qu'il est presque dix-neuf heure. Je me dépêche alors d'effectuer quelques taches ménagères et va dans la salle de bain me préparer. L'eau chaude réchauffe mon corps froid qui a déjà perdu son bronzage. En voilà un, un problème. Je bronze vite mais perd facilement et rapidement celui-ci. L'été est pourtant encore là, mais perd de son intensité. Le soleil se couche de plus en plus vite, un vent un peu plus froid commence à faire surface, les feuilles commencent à jaunir... L'automne approche, comme ma nouvelle vie.

Je sors de la douche et vais me mettre en pyjama. Tans pis si ma mère trouve ça déplacé de s'habiller de la sorte lorsqu'un invité est là. Je suis chez moi non ?

Le son d'une voiture arrivant à la maison m'indique qu'il est dix-neuf heure trente. Sois poli Alison... Souris à la vie et aux ordures nommées Peter ! Je ne me presse pas pour descendre les escaliers lorsque la sonnerie retentit. Jouons un peu... Je prends plaisir à savoir qu'il perd patience et qu'il s'énerve tout seul... Arrivée à la porte, je reste figée devant celle-ci et attends encore un peu. Il s'acharne sur la sonnerie le pauvre... J'ouvre enfin la porte, et me heurte à un regard meurtrier. Un sourire de victoire se dessine sur mon visage, pendant que Peter me bouscule légèrement pour entrer dans la maison. Il est énervé. J'ai réussi mon coup.

-Bonsoir Peter !

Il se retourne pour me toiser après avoir enlever son manteau et me lance un rapide hochement de tête.

-Et enfaîte, maman arrive bientôt. Elle est partit chez le coiffeur.

Il m'ignore et va allumer la télévision, tranquillement, comme s'il était chez lui. Il pose ses pieds sur la table basse sans même prendre la peine d'enlever ses chaussures.

-Je sais. Tu peux m'apporter une bière ?

Il est sérieux ? Ma bouche s'entrouvre de stupéfaction par un tel culot. Ma seule idée pour le moment est d'attraper le coussin près de lui et de l'étouffer avec. Heureusement, la porte s'ouvre et ma mère arrive radieuse, avec une nouvelle couleur et une coupe plus moderne. Elle est magnifique. Son sourire s'élargit quand elle aperçoit Peter, qui s'est d'ailleurs levé et éteint la télévision lorsqu'il a entendu la porte s'ouvrir.

-Tu est superbe Lorraine ! S'écrit-il , presque en courant vers elle pour la prendre dans ses bras.

Je lève les yeux aux ciels. Quel fourbe ce mec...

-Merci mon cœur ! Répondit-elle satisfaite que cela lui plaise.

Je la regarde et lui souris, montrant que moi aussi je la trouve magnifique. Elle me fait un clin d'œil en signe de remerciement, puis soulève deux gros sacs avec ses bras.

-Ce soir, on mange chinois !»