Memories [en pause]

Chapitre 9

« Bonjour, je suis votre professeur principal, monsieur Salsfitz, mais je suis aussi bien votre professeur de littérature anglaise.

Tout le monde est en train de sortir ses affaires, sauf moi. Je reste encore figé par cette découverte. De tous les professeurs de ce lycée, il a fallut que je tombe sur celui-ci. Si ce n'est pas une coïncidence...

-Je vais vous distribuer vos emplois du temps que l'on va étudier ensemble, ajoute-il en se raclant la gorge. S'il vous plaît, sortez tous vos affaires.

Lorsqu'il prononce cette phrase qui m'est totalement adressée, il prend bien le temps de me fixer et de me détailler. Ça en devient vraiment étrange et gênant. Mais, il ne me regarde pas comme le ferai un adolescent en chaleur, non... Son regard gris balaye chaque trait, chaque recoin, chaque grain de mon visage, ses yeux se promènent sur mes pommettes, ma bouche rosée, mes yeux gris clairs, mon petit nez... Il détail mon visage avec précision, d'une façon saine et... Innocente. Il m'est impossible de détourner le regard... Il est peut-être charmant, cependant, il est plutôt mystérieux et étrange. Ça me donne vraiment envie de poser des questions à son sujet à ma mère.

Il arrête de me fixer lorsqu'une personne fait tomber sa trousse et que l'on entend quelqu'un frapper à la porte. Celle-ci s'ouvre avec méfiance, comme par peur de se faire disputer.

Encore une fois, ma bouche s'ouvre en grand. Là c'est vraiment impossible. Ou sinon on essaie de me faire une gentille petite blague, une blague de mauvais goût. Je deviens rouge comme tout et me mets à rigoler nerveusement. Quelques personnes me regardent en fronçant les sourcils, mais la plupart des élèves restent rivés sur cette fameuse personne faisant irruption. Certaines filles se regardent, ricanent, lancent des petites onomatopées de satisfaction. Moi, je baisse les yeux. Tyler. C'est bien Tyler, le sexy barman du petit bar près de la plage qui vient d'arriver dans ma salle de classe. De un, je le pensais plus âgé. De deux, je n'imaginais pas qu'il irait dans se lycée. Et de trois, c'est vraiment la journée des coïncidences.

-Excusez mon retard... Lance-t-il tout sourire.

Son regard balaye la salle et vient se poser sur moi. Décidément... Il hausse les sourcils avec stupéfaction et un petit sourire en coin arrive à la charge. L'insolence est de retour. Il attend à la porte avec ses bras musclés croisés et avec cet air tout à fait innocent.

-Vous êtes ? Demande le professeur, plus que blasé.

-Je suis en Terminale B. C'est ici non ?

Tout le monde rigole, sauf moi. Je ne vois vraiment pas ce qu'il y a de drôle. Monsieur Salsfitz souffle, hoche la tête puis montre du doigt une place au fond de la classe. Tyler s'y dirige en lançant des regards charmeurs à toutes les filles, puis s'assoit sur sa chaise. Je me retourne pour le toiser. Il me lance un petit clin d'œil.

-Bien. Je suppose que tout le monde est présent maintenant. Alors... Commençons par le commencement...

***

La sonnerie retentit enfin. Cette heure de cours a été plus qu'étrange. Je me sentais observer de tous les côtés. Personne ne se doutait de rien, mise à part moi et moi-même. J'étais extrêmement gênée et embarrassée. Ce n'est quand même pas un hasard que je me sois retrouvée avec ce professeur qui draguait ouvertement ma mère et avec Tyler qui me draguait derrière le dos de sa copine...

Je me hâte à ranger mes affaires et sors de la salle en vitesse. Il ne manquerait plus que ces deux personnes viennent me parler. Malheureusement, je ne vais pas assez vite et sens une personne m'attraper le bras. Je me retourne en savant bien évidemment qu'il s'agit de ce chère Tyler... Je crois que c'est son truc, attraper le bras des gens.

-Tyler...

-Bonjour Alison.

-Si c'est pour me dire bonjour, je crois que l'on s'est déjà vu tout à l'heure en classe.

-J'officialise juste les choses...

Je lève les yeux au ciel et essaie de sortir de son emprise. Comme la dernière fois, il serre plus fort sa main. Néanmoins, pour changer un peu les choses, il me tire vers lui de façon à ce que je me retrouve à quelques centimètres de son visage. Je baisse la tête et recule un peu. À quoi il joue ? Mes yeux reviennent se loger dans les siens et commencent à lui lancer des éclaires.

-Ça va bien avec Caroline ?

-Alison... Ne réagit pas comme ça.

-Tu voudrais que je réagisse comment ? Que je te tombe dans les bras et que je te dise merci de m'avoir foutu la honte et de s'être moquer littéralement de moi ?

-Non... Je suis venu pour m'excuser. Caroline n'aurait pas dû te parler comme ça.

Je soupire.

-Tu viens t'excuser pour Caroline ? T'es sérieux ?

Je commence à partir mais il me retire vers lui.

-Non non non, écoutes moi Alison. Je suis désolé, d'accord ? Je ne jouais pas avec toi comme tu pourrais le penser... Tu sais je t'apprécie vraiment, en toute amitié...

-Si c'était vraiment « en toute amitié » pourquoi ta folle de copine aurait réagit comme ça ?

-Parce qu'elle est jalouse, comme une fille amoureuse de son copain...

-Tyler, je m'en contre fiche de tes histoires de cœur là.

-C'est toi qui vient juste de me poser une question sur mon couple Alison.

Il marque un point. Je ne peux pas m'empêcher de réagir de la sorte. Il m'a vraiment vexée. Je recommence à partir. Il grogne et me tire violemment vers lui.

-Arrêtes de faire la fille qui s'en fout putain ! Tu me saoules ! Acceptes juste mes excuses et c'est tout. Je n'ai pas envie de passer pour un gros connard !

Que dire ? Il s'est excusé... Et puis, qu'est-ce que sa pourrait me coûter ?

-D'accord... T'es excusé... Dis-je en soupirant.

Il sourit à pleine dent, satisfait. Je ne peux pas m'empêcher de sourire à mon tour. Il me lâche enfin et commence à partir. Il se retourne une dernière fois, avec son éternel sourire en coin.

-On se voit en cours. »