Chapitre 35

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« Où est-ce que tu nous emmènes ?

Tyler conduit depuis vingt bonnes minutes, abordant une mine des plus malicieuses, en se mordant toutes les trois minutes la lèvre inférieure. Et cela fait vingt bonnes minutes que je lui pose des questions, mais qu'il n'en répond à aucunes. Cela commence à devenir très lourd. J'ai l'impression de parler à un mur. À un mur assez sexy, je dois l'avouer.

-Tyler ! Je te parle depuis tout à l'heure !

-J'ai remarqué. Mais, je ne te répondrai pas. C'est une surprise.

-Ah oui ? C'est vrai que de ne pas me dire le nom de la boîte où on va est un grand secret...

Il sourit encore une fois, puis, de plus belle et je découvre alors le fond de ses pensées.

-On ne va pas dans une boîte de nuit, hein ? Ty, on avait dit que l'on aller faire la fête !

-Pas exactement... Mais tu vas voir ! C'est la même ambiance et c'est dix fois moins cher.

-Ah mais je n'y crois pas ! T'es qu'un gros radin enfaite, répondis-je en rigolant. J'espère que ça va être bien au moins...

Il ne répond pas, baille, puis ouvre soudainement les yeux en grand. Il me fixe, les sourcils si levés qu'on pourrait croire qu'ils sont scotchés au milieu de son front. Quoi ? J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ?

-Oh... Tu caches quelque chose toi.

-Quoi ? Comment ça ?

-Tu... Attends je sais. Tu n'es jamais allée à une fête étudiante !

Je me racle la gorge puis regarde par la fenêtre. C'est vrai, à part dans mes séries, je n'ai jamais vu ou encore tenu ces fameux goblets rouges. Mais ça ne veut pas dire que je n'ai jamais fait la fête de ma vie.

-Mais comment as-tu pu ? On est en terminal bordel !

-Tais-toi un peu, Ty. C'est vrai que je n'ai jamais fait de fête étudiante mais je ne suis pas innocente non plus.

-Mais où habitais-tu ? En Alaska ?

-À la Nouvelle-Orléans. Et figures-toi que même ceux qui vivent au nord, font aussi bien la fête que nous.

-Quoi ! En plus ? Mais ils font tout le temps la fête en Louisiane !

-Je sais bien ! Je faisais la fête avec eux, mais jamais chez un adolescent et tout le tralala. Mais ça fait quoi ? C'est pareil non ?

-Et bien non, tu as manqué beaucoup de choses !

-Je ne vois pas ce que j'ai manqué. C'est toi qui as manqué quelque chose, la Nouvelle-Orléans c'est la base !

-J'y suis déjà allé. Mais moi, comparé à toi, j'ai tout fait.

Je le regarde puis soupire. J'ai l'air d'être un extraterrestre à ses yeux.

-J'ai été en boîte, à plusieurs fêtes étudiantes, à la Nouvelle-Orléans... Et encore des tas de choses que tu ne veux pas savoir. Tu serais trop choquée, vu ton manque d'expérience. Mais bref, je suis fière de te faire découvrir ce monde.

-Arrête de dire ça, on dirait que j'ai cinq ans !

-Mais tu as cinq ans !

-Si tu continue comme ça, je ne bois pas de la soirée.

-Quoi ? Non non non, c'est le weekend, profite bordel !

Je souris. C'est amusant de le voir réagir de la sorte.

-Mais pourquoi on ne va dans une boîte de nuit ? C'est mieux non ?

-Ah non, si c'est pour voir des mecs bourrés se coller à toi toutes les deux secondes, c'est hors de question, répondit-il en serrant fort le guidon entre ses mains.

-Bah écoute... si tout le monde boit à cette soirée, je crois qu'il y aura aussi des mecs bou...

-Il n'y a que moi qui aurai le doit de t'approcher, c'est compris ? Si je vois un mec te toucher, je le défonce.

Je rougis malgré moi, puis regarde le paysage défilé à toute vitesse à travers le pare-brise. Je prends une grande respiration puis la relâche à un feu rouge.

-Si on va dans une boîte de nuit, il n'y aura pas de risque que l'on nous voit ensemble, Tyler.

-Au point où on en est...

-Comment ça « au point où on en est » ? T'es sérieux quand tu dis ça ?

-Je me fous de Caroline et de ses espions.

-Figures-toi que moi non. Je n'ai pas envie de m'attirer des embrouilles.

-Bah moi je m'en fou complètement.

-Mais arrête de ne penser qu'à toi ! J'existe bordel de cul ! Putain tu me dégoûtes, criai-je en essayant d'ouvrir la portière. Ouvre-moi cette foutue bagnole ! Je me casse !

-Oh calme-toi !

-Que je me calme ? Mais vas te faire foutre ! Dis-je en me détachant.

-J'ai juste envie d'être avec toi, et QUE toi ! J'ai envie de profiter à fond, sans me soucier de Caroline. À ton avis pourquoi on roule depuis aussi longtemps ? Tu crois vraiment que je veux prendre le risque que l'on te fasse du mal ? Répondit-il en m'attrapant le bras et en m'obligeant à le regarder.

Je me laisse tomber contre mon siège et me gratte le bras nerveusement.

-Je suis à bout de nerf Ty, comprends-moi. Pourquoi tu ne me l'a pas dit plus tôt ?

-Je te l'ai dit, je voulais te faire une surprise, que tu te détendes ! Mais quelle tête de mule cette fille !

Je souris lentement, réfléchis quelques secondes, puis lui fait rapidement un léger bisou sur la joue. Il me regarde soudainement, se touche la joue, mais n'arrive pas à décoller sa main de celle-ci. On dirait que c'est lui maintenant, l'enfant de cinq ans.

Le voyant toujours incrédule, je m'approche de son oreille et lui chuchote :

-Merci. »

Memories [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant