Memories [en pause]

Chapitre 33

« Écoute Alison, je n'avais pas le choix...

Alors comme ça... Caroline est au courant de ce qu'on a fait ? De ce que j'ai fait ? Et bien, merde... Je suis morte. Vraiment. Elle est prête à tout, cette fille. C'est une psychopathe ! Putain, qu'est-ce que je vais faire ? Fuir ? Retourner en Louisiane ? Ah ça oui, j'en meurs d'envie. Faudrait-il encore que mon père me fasse un signe de vie. Mais fuir, être lâche, ce n'est pas trop mon truc. Je dois voir les choses en face : ma vie est un vrai foutoir pour le moment.

Je retire soudainement mes mains des siennes, puis le tue littéralement du regard. Il ouvre un instant la bouche pour dire quelque chose, mais se stop en apercevant une larme s'écouler le long de ma joue. Il essaie de s'approcher de moi, mais je recule tout en me levant du lit. Les seuls mots qui me viennent à l'esprit pour le moment, sont, de belles insultes à son égard.

-Non ! Ne me touche pas ! Hurlai-je, tout en levant mes bras en l'air, en signe de dégoût. Comment as-tu pu oser me faire ça ? Tu savais très bien ce qu'elle ferait après, tu la connais bordel !

-Alison calme-toi ! Tu préférais que je me fasse tabasser à mort ? Tu sais autant bien que moi qu'elle en serait capable.

Je soupire. Il a raison... Il a putain de raison, mais merde, il ne m'aura pas comme ça ! Il est très fort pour détourner une conversation. En voyant que j'allais répliquer quelque chose de sans doute haineux, il me coupe.

-Tu te rappelles, au bar ? La première fois que l'on s'est rencontré ?

Je reste concentrée pour ne pas exploser en pleure et hoche faiblement la tête. Ça semble être si lointain...

-Tu as vu le bleu qu'elle t'a fait, près de la côte ? Elle aurait pu faire bien pire que ça.

-Comment sais-tu que j'en ai un ? Chuchotai-je en ouvrant grand les yeux. Ne me dit pas que...

-Non, je ne t'ai pas espionné dans la douche quand tu es venue chez moi, Alison. Je ne suis pas con à ce point, même si j'aurai bien aimé... C'est seulement lorsque tu t'es assise dans ma voiture.

-Comment ça ?

-Ton t-shirt était un peu relevé, j'ai vu ton bleu. Et puis, tu lançais des petits cris de douleur assez sexy, dit-il en me faisant un clin d'œil irrésistible.

-Tyler, arrête ça tout de suite, répondis-je rouge de la tête au pied.

-Il est énorme, tu as pensé à mettre de l'Arnica ?

-Mais merde, ne change pas du sujet ! Qu'est-ce que je vais faire maintenant ?

-Je vais essayer d'aller lui parler...

-Ah parce que tu crois qu'elle voudrait t'entendre parler de moi, peut-être ? Tu penses qu'elle serait d'accord pour me laisser en paix ? Je ne crois pas non.

-Je peux encore essayer.

-Arrête tes conneries, nous savons tous les deux qu'elle n'arrêtera rien.

-Et toi, arrête d'être aussi pessimiste ! La vie n'est pas qu'un tas de merdier, comme tu dois le penser. Il y a toujours une solution.

-J'en ai vraiment rien à foutre de tes phrases philosophiques à la con. Tu crois vraiment que c'est le bon moment ?

Il me fixe, les sourcils froncés. Puis, il se lève soudainement et se rapproche un peu plus de moi. J'effectue un pas en arrière, il en fait un en avant. Je recommence, il recommence, jusqu'à ce que je me retrouve collée au mur, les bras croisés et le regard emplit d'un semblant de haine. Ça tête se rapproche de la mienne, mais je le stop net.

-Tu sais quoi ? J'aimerai ne jamais t'avoir rencontré. Comme ça, j'aurais été tranquille.

Un vide s'installe entre nous, puis je remarque à l'instant que mes paroles étaient ignobles. Mais je ne bouge pas et continue à le fixer de mes yeux gris. Il baisse la tête, l'hoche lentement puis se mord la lèvre. Il me sourit d'une façon que je n'avais jamais vue avant. Il sait que je mens et que je fais tout pour qu'il me déteste.

-Et bien moi, je ne regrette rien. Je ne regrette pas de t'avoir rencontré, de t'avoir offert cette bière. Je ne regrette pas de t'avoir fait porter ses vêtements, je ne regrette pas de t'avoir embrassé. Je ne regrette pas de passer tous ces moments avec toi.

Je reste silencieuse, ne savant pas quoi dire. Il s'avance encore un peu plus de moi mais cette fois si je ne fais rien. Je suis comme paralysée.

-Et je sais que tu penses pareil que moi.

Je déglutis bruyamment, tandis que mon cœur bat à mile à l'heure. Il s'approche lentement de moi, si lentement que je pourrais en compter les minutes passantes. Il est maintenant à quelques centimètres de moi, puis vient poser une de ses mains à côté de ma tête. Je l'observe un instant puis vient replonger mes yeux dans les siens. Nos regards sont fixés l'un à l'autre, impossible de les détacher. Il vient effleurer ses lèvres contre les miennes, doucement, sans jamais complètement m'embrasser. Cela devient un jeu, un jeu diablement sexy. Presque une torture... Je suis comme hypnotisée... Retiens-toi, Alison. Ne cède pas... Il continue son jeu, un temps qui me semble être une éternité et à la fois, quelques secondes. C'est indescriptible, cette sensation... Il vient lentement poser son autre main sur ma hanche puis nous colle soudainement l'un à l'autre. Il y a cette tension et ces tiraillements dans mon ventre, qui eux aussi, ne peuvent s'arrêter... Je cède alors à la tentation et m'approche rapidement de lui pour l'embrasser, mais il s'éloigne de moi d'un coup de vent et brise ce lien qui s'était formé entre nous. Un sourire en coin se forme sur son visage. Je suis totalement déboussolée et à court de souffle.

-Mais, puisque tu aurais aimé ne jamais m'avoir rencontré... Peut-être que je me trompe et que tu ne penses pas pareil que moi.

Je lève mes sourcils en l'air puis ris nerveusement. Il a fait ça exprès pour voir ma réaction, pour voir si je pensais réellement mes paroles et il a bien réussit. Je souffle un instant et réfléchis bien à mes prochaines paroles. Mon cœur va finir par exploser... Dans un silence, ma langue se dénoue.

-Tyler, ça te dit d'aller t'amuser un peu ?

Il me regarde d'un air sexy et à la fois provocateur. Et bien, cette tension n'est toujours pas partie à ce que je vois... Ce n'est pas que de mon sens.

-Tu proposes quoi, Alison ? »