Chapitre 18

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« Vous vous moquez de moi ? Les cours on commencé depuis un bon quart d'heure.

Le professeur de mathématiques nous toise d'un air sévère. Il a les bras croisés et l'on peut discerner ses doigts bouger de façon incontrôlée, tout comme son pied droit. Sa colère est palpable à l'autre bout de la pièce. Tous les élèves se sont tus. Il a la réputation d'être assez colérique dans ce lycée.

-Excusez notre retard, lança Tyler.

-Je peux savoir ou vous étiez ?

On se regarde mutuellement. Je lui fais les gros yeux comme pour lui ordonner de ne rien dire. Il hoche la tête et me sourit brièvement, comme si une idée venait de lui traverser la tête.

-Désolé, on ne s'est pas réveillé ce matin, répondit Tyler.

Je lui donne un coup de coude. Il est malade de dire ça ! Tout le monde va croire qu'il s'est passé quelque chose ! J'entends un groupe de filles ricaner et un autre prononcer des bruits de stupéfaction. Putain.

-Vos histoires sexuelles ne me regardent pas Monsieur Call.

-Mais on n'a pas couché ensemble ! Rétorquai-je, outrée.

-Ça suffit, sortez de cette pièce et allez me chercher un billet de retard !

Il nous pousse presque jusqu'à la sortie et claque la porte violement. Dès que j'entends le professeur reprendre son cours, je tape fortement l'épaule de Tyler et commence à crier.

-Mais t'es malade ou quoi ? Qu'est-ce qu'il ne tourne pas rond chez toi !

-Calmes-toi Ali... Y'a rien de mal.

-Mais putain ! Je vais avoir une réputation de pute !

Voir son air insolent et son petit sourire en coin m'énerve encore plus. J'ai même l'impression qu'il est fier de lui. Je me dirige alors vers le bureau des surveillants sans lui. Je l'entends bien évidemment me rattraper en courant et le sens me tirer le bras. Sans me retourner, j'arrache mon bras de son emprise et presse le pas. Il faut vraiment qu'il arrête avec ça. Il se cale à ma vitesse et marche à mes côtés. Je l'ignore. Il y a dix minutes, j'avais une folle envie de l'embrasser et voilà que maintenant j'ai une folle envie de le frapper. Ou les deux, je n'en sais rien.

-Alison excuses-moi...

-Ta gueule putain. Laisses-moi tranquille.

-Arrêtes de me parler comme ça !

Je me stoppe soudainement et me tourne vers lui. Je croise les bras et le toise sévèrement. Sa gueule d'ange me donne envie de le pardonner mais son grand sourire me souffle de ne rien faire.

-Mais oui, merci Tyler d'avoir fait croire à tout le monde que je couchais avec toi, dis-je d'un calme étrangement froid et flippant.

-Jusque là il n'y a rien de choquant...

-Mais merde Tyler ! Tu es en couple ! Tu te rends compte de ce que tu as fait ! Je..

Sans que je puisse me rendre contre de quoi que ce soit et que je puisse réagir, Tyler m'attrape par les épaules et plaque violemment sa bouche contre la mienne. J'essaie de le repousser mais une partie de moi n'y met pas toute sa force. Lorsque je cesse de me débattre, son baiser devient plus calme, plus tendre et ses mains viennent se loger sur mon visage. Je réponds timidement à son baiser et viens caresser ses cheveux blonds avec mes mains. Mais qu'est ce que je fais ? Qu'est ce que l'on fait ? Il est en couple, je ne comprends plus rien... Tout ce que j'arrive à discerner, c'est nous deux. Et uniquement nous deux. Nous sommes seuls et plus rien ne nous entoure. Il pourrait y avoir des personnes, une guerre, une bombe atomique, je pense que nous n'y ferons même pas attention. Nous sommes dans une bulle, dans un autre monde. Plus rien n'existe, à part nous et nous seul. C'est la première fois depuis ce qu'il me semble une éternité, qu'une personne m'embrasse avec une telle passion et une telle folie.

Quand il se retire, je suis totalement déboussolée. Je ne sais pas si je viens de rêver de ce moment, mais mes mains étant encore dans ses cheveux m'indiquent le contraire. Je les retire doucement et m'écarte un peu de lui. Mes yeux sont rivés au sol. Il met impossible de le regarder.

-Pour... Pourquoi t'as fait ça ?

-J'en avais d'envie, répondit-il en se mordant la lèvre et en me relevant le menton.

-Et Caroline ?

Je plante mes yeux dans les siens et essaie de desseller quelque chose, un sentiment, un message. Avant qu'il ne me réponde, nous sommes interrompus par des bruits de pas se dirigeant en notre direction. Je me retourne de façon à ce que l'on ne me voit pas. Je sais, c'est complètement débile. Mais ça pourrait être n'importe qui et lorsque je dis n'importe qui, ça pourrait très bien être Caroline. Alors, je préfère me cacher.

-Qu'est-ce que vous faites ici tous les deux ? Vous ne devriez pas être en cours ?

Mais... Je reconnais cette voix ! Non, c'est impossible. Ce genre de coïncidence, j'en ai complètement marre. Combien de chance avais-je de tomber dans ce lycée et de retrouver toutes ces personnes ?

Je me retourne lentement, par peur que mes suppositions deviennent réelles. Lorsque je me trouve face à cette personne, je tombe des nues. Je n'y crois pas... Mais... Bordel ! Cet air sévère, ce froncement de sourcil et cette petite barbe de trois jours met bien trop familière. Je suis littéralement figée sur place, à bout de souffle. Thomas. C'est bien Thomas.

Memories [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant