Chapitre 24

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Une fois en dehors de la pièce, je marche lentement le long des couloirs gris et termes, la tête baissée et les yeux au bord des larmes. Ce lycée me donne le cafard, sans compter Thomas qui vient de me foutre le moral à zéro et de m'enterrer en plus profond de ma tristesse. Je ne comprends pas, ou du moins, je ne comprends plus rien... Mes souvenirs de cet été refont surface petit à petit, puis ma raison et ma logique commencent elles aussi à ne plus rien comprendre. Thomas et moi... C'est une longue histoire gravé à jamais dans ma mémoire, c'est un souvenir devenu douloureux par sa faute, c'est mon cœur qui rebondit dans tous les sens à son évocation, c'est un roman que l'on ne pourrait pas récapituler en trois tomes, en bref c'est... Compliqué. C'est ma vie qui est compliquée. Parfois on aimerait changer de corps, pour une autre vie. 

« Alison !

Je sursaute violemment et mets rapidement ma main sur mon cœur en me retournant vers ce fou qui vient de me faire peur. Tyler se tient devant moi, les bras croisés et ses yeux emplis de colère. Qu'est-ce qu'il lui prend ? De cette manière, il pourrait me faire croire qu'il a tout entendu, mais je m'oblige à penser que ce n'est juste de la jalousie envers Thomas, à cause de tout à l'heure. Il me toise soudainement d'un air inquiet en voyant mon air déconfit et tend ses bras vers moi pour que je vienne m'y loger, près de son torse musclé. Même lorsque mon morale est au plus bas, je fais attention à tous ces petits détails. Qu'est-ce qu'il me prend, à moi?

-Merde Ali, qu'est-ce que tu as ? Tu as l'air plus dépressive que ce matin.

Saremarque me fait rire, mais je m'arrête quelques secondes après. Alors, c'estça qu'il voit et pense de moi ? Je ressemble vraiment à une dépressive ?Après tout, depuis que l'on s'est rencontré, je pleure. Je ne réponds pas et fonce dans ses bras. Tans pis. Il sera qu'il s'est passé quelque chose, mais je ne dirais rien. Il faut que je trouve une excuse, une bonne. Il faut que j'aie l'air convaincante. Et surtout, il ne faut pas qu'il apprenne ce qu'il se passe. Donc, il faut que j'apprenne à bien mentir. Encore. Décidément.

-Qu'est-ce qu'il se passe ?

-Rien Tyler, laisse tomber...

Je renifle et quelques larmes coulent le long de son tee-shirt blanc. Je peux apercevoir d'ici ses abdominaux et ses muscles saillant. Je passe pour un gros bébé mais je m'en contre fiche. Le fait d'être dans cette position, si près de lui, me réconforte un peu. Ça fait du bien d'avoir un ami.

-Et, regarde-moi. Moi je dis, si tu pleures, ça veut dire qu'il y a forcement quelque chose.

Il relève mon menton et mon visage se retrouve un quelques centimètres du sien. Je déglutis bruyamment mais étrangement, ça ne me gène pas plus que ça. Le fait qu'il m'ait embrassé il y a cinq minutes m'a un peu « calmée ». Je devrais peut être rougir, mais ce n'est pas le cas non plus. Je suis juste bien, comme ça. C'est bizarre comme sensation.

-Mon père m'a appelé sur mon téléphone quand tu as commencé à partir. C'est pour ça que je suis restée, pour prendre l'appel. Ça fait longtemps que je n'ai pas eu de ses nouvelles, donc j'ai été un peu chamboulée.

C'est sortit tout seul, sans problème. Je n'y ai même pas réfléchit. Une partie est vraie dans le sens où je suis chamboulée... Mais uniquement parce que je n'ai aucune de ses nouvelles. Mon père ne m'a pas téléphonée depuis que nous sommes partit en Floride. Je pense que ça doit énormément le faire souffrir toute cette histoire et il ne veut pas que je le vois ou l'entende dans son état actuel. Oui, j'ai déjà essayé de l'appeler mais il ne m'a jamais répondu. Rien que de penser à ça, me fout une énorme boule dans la gorge. Encore un autre souvenir douloureux.

-Ah d'accord... Je ne savais pas que tes parents étaient séparés. Ça fait longtemps ?

Je me recule un peu de lui et respire, comme pour enlever tout cette mauvaise tension en moi.

-Depuis cet été. Donc c'est encore dur pour moi. Tu comprends ?

-Oui. Mes parents sont aussi divorcés. À croire que c'est la mode... Ça fera bientôt six ans, dans trois mois je crois.

-Ah bon ? Tu vis avec qui alors ?

Avec toutes les photos sur le mur de son salon, on aurait vraiment dit une famille unie. Les apparences sont trompeuses. Ou alors c'est juste que se sont de bons souvenirs que personne n'a voulu effacer.

-Je vis avec mon père. Toutes les femmes de la maison sont partit. Ma sœur est allée en France pour un stage et elle a finalement décidé d'y rester pour y habiter, répondit-il en rigolant. En conclusion il y a mon frère, mon père et moi à la maison.

Je hoche la tête pour répondre. Que dire de toutes manières ?

-Bon tu viens, on va en cours, lançai-je en commençant à partir vers la classe. Ils vont commencer à se demander ce qu'il nous ait arrivés.

Comme réponse, il me rattrape et me prend la main. Cette conversation nous a rapprochés un peu plus. Il me regarde un instant. Un regard qui en dit long et qui me dit qu'il sera là, quoi qu'il arrive. 

Memories [en pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant