Le Temps d'un Été

Chapitre 50

Victoria

« Tu ne rentreras pas trop tard pour avoir le temps de faire ta valise Victoria !, me dit ma mère, enfonçant le couteau dans la plaie. »

Oui, c'était officiellement la dernière journée que je passais ici. De plus, après ce qui s'était passé hier soir, je n'avais pas vraiment la joie de vivre. D'ailleurs, que c'était-il passé ? Je n'avais pas compris comment on en était arrivé là. C'était la première fois que je me sentais si mal à l'aise devant lui... Matteo... Qu'est-ce qu'on était en train de faire ? Allions-nous vraiment tout gâcher le dernier jour ? Après avoir un peu hésitée, je décidais de me rendre finalement à notre éternel point de rendez-vous sur le port. Je n'avais rien à perdre.

Tout le long du chemin, les pensées se bousculaient dans ma tête. Est-ce que cela allait bien se passer ? Que fera-t-il quand il me verra ? Déjà, sera-t-il là ? De plus, le présage de toutes les « dernières fois » qu'il y allait avoir aujourd'hui me faisait mal au cœur.

Je finis par arriver. Je levais la tête. Il était là, un immense sourire aux lèvres. Alors, toutes mes craintes et mes questions s'envolèrent et je courais dans ses bras. Il me serra fort contre lui et nous sommes restés comme cela un moment. Je me détachais finalement et allais dire quelque chose mais Matteo me coupa :

« Ne dis rien, murmura-t-il doucement. Aujourd'hui, c'est juste toi et moi. »

Il approcha son visage du mien et m'embrassa amoureusement. Je profitais de cet ultime baiser de bonjour... Il finit par s'éloigner et on commença à déambuler dans les ruelles de la petite ville.

« Attention, endroits spéciaux aujourd'hui !, annonça-t-il.

-Ah oui ?

-Tu verras... »

Je rigolais tandis qu'il m'ouvrait la porte pour rentrer dans une boulangerie. Mais ce n'était pas n'importe laquelle, c'était celle où je l'avais vu pour la première fois. Nous prîmes chacun une viennoiserie puis nous ressortîmes.

« Je me rappelle notre première discussion... Comment tu m'avais énervée !, rigolais-je.

-Mais !, se plaignit-il. Toi aussi tu es très douée pour mettre les gens en colère, c'est moi qui te le dis ! »

Puis il reprit plus calmement :

« Je crois  que je me souviendrais toujours du regard que tu m'avais lancé quand on s'était revu après notre dispute. Le même que le jour où tu avais fait ta crise de jalousie à cause de Laura !, rigola-t-il.

-Attention Matteo, tu vis dangereusement là. Alors on change de sujet s'il te plaît.

-Ah ben tiens ! C'est exactement le regard que tu es en train de faire !

-Tu es sérieux là ?

-Oh ça va... Allez viens !

-On ne reste pas là ?

-Ah non, la journée ne fait que commencer ! »

Après un assez long trajet en scooter, Matteo se gara enfin. Un sourire s'afficha sur mon visage lorsque je compris où nous étions. Devant moi se trouvait la falaise où j'avais eu la honte en me croyant dans Titanic. Au sourire en coin sur le visage de Matteo, je compris que lui aussi se souvenait très bien de ce moment. Je courais alors le long du chemin pour arriver plus rapidement au bord de la falaise. Comme la première fois, un vent frais m'arriva en plein visage et fit valser mes cheveux. Cette sensation inexplicable était tellement agréable. Je restais un moment, là, à profiter, pour la dernière fois... Alors, les larmes commencèrent à me monter aux yeux. Tous les souvenirs de ce merveilleux mois de vacances défilaient devant mes yeux... Je sentis une présence derrière moi, je me retournais alors précipitamment. Matteo... Il plongea son regard dans le mien et y lu sûrement ma tristesse. Je me jetai alors dans ses bras et il me caressa doucement le dos.