Le Temps d'un Été

Chapitre 9

Matteo

Wow ! C'était quoi ça ? Au lycée, des filles m'avaient déjà fait le coup d'inventer une excuse débile pour venir me parler mais celle-là on ne me l'avait pas encore faite ! Inventer toute une histoire avec une bouteille que je lui aurai envoyée ! Non mais elle déraille complètement celle-là ! Je fus coupé dans ma réflexion par mon grand-père qui sortit enfin de la boulangerie. On monta dans la voiture et on rentra à la maison. Une fois arrivé, je m'enfermai dans ma chambre, m'allongeai sur mon lit et mis mes écouteurs...

Au bout d'un moment je commençai à avoir faim. Je regardai ma montre, il était 12h30. Je décidai donc de descendre mais je ne vis mon grand-père nul-part. J'entrais dans la cuisine et y trouvais un papier sur lequel on avait soigneusement écrit :

« Si tu vois ce mot c'est que je ne suis toujours pas rentré.

Je suis dans notre repère où nous allions tout le temps quand tu étais petit. (Si tu ne t'en souviens plus, il se situe en haut de la colline qui est à droite de la maison...)

Je reviens bientôt !

Grand-père »

J'avais complètement oublié cet endroit ! Cela faisait tellement longtemps ! Je décidais donc de rejoindre mon grand-père, oubliant ma faim. J'arrivais bientôt en haut de la colline et je l'aperçus, assis dans l'herbe. Il était dos à moi et regardait au loin. J'avançais et m'assis à côté de lui.

« Tu es venu..., me dit-il un sourire aux lèvres.

-Oui... »

Et le silence s'installa entre nous...

Comment en étions-nous arrivés là ! Depuis mon arrivée nous nous parlions à peine, juste pendant les repas pour éviter un silence assez génant. Sinon je restais isolé dans ma chambre... Avant nous étions si proches...  Mais depuis six ans, depuis le décès de ma grand-mère, rien n'est plus comme avant...

« Il faut que l'on parle non ? »

Mon grand-père avait un ton assez hésitant en posant cette question. Il n'aimait pas les grandes explications et moi non plus. Cependant je lui répondis :

« Oui je crois qu'il faut qu'on parle... »

Je vis alors mon grand-père prendre une grande inspiration.

« Je suis tellement désolé ! »

Nous avions dit cette phrase en même temps. A présent, nous nous regardions l'un l'autre, étonnés d'avoir dit la même chose. Mais il répliqua :

« Non, ne t'excuse pas ! C'est ma faute ! Je n'aurai jamais dû couper les ponts et venir m'isoler ici...

-Mais je n'ai rien fait non plus pour t'en empêcher grand-père ! Mais sache que je te comprends, moi aussi j'aurai voulu être seul après ce qui s'est passé...

-Non Matteo, tu ne peux pas comprendre. Ca n'a rien à voir avec vos amourettes de lycéens !... Mais je n'ai pas envie d'en parler !... »

Et un nouveau silence s'installa.

« Les mouettes naissent des mouchoirs que l'on agite au départ des bateaux..., déclama mon grand-père au bout d'un moment, Tu t'en souviens ? On se mettait là et on observait  les bateaux qui quittaient le port. On regardait les différentes façons dont les gens se disaient au revoir et je te répétai souvent cette phrase que tu avais finie par répéter aussi, me raconta-t-il en souriant.

-Oui, maintenant je m'en souviens..., et je souris à mon tour.

-Et tu te rappelles la fois où on avait voulu se promener une petite heure et que l'on s'était perdu je ne sais où dans la campagne !

-Maintenant que tu en parles oui mais j'avais oublié, ça fait tellement longtemps...

-Oui, c'est vrai... Oh ! Et tu te souviens, la dernière année où tu es venu en vacances ici ? Pour le dernier jour, tu avais lancé une bouteille à la mer. Ah, tu étais tellement heureux ce jour-là !

-Oui c'est vr...  Attends ! Quoi ???