CHAPITRE 2 : Country Club

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Je ne sais pas comment, peut-être le long voyage ou le chagrin mais je me suis endormie sur le canapé. Le soleil est entrain de se lever, je sens ses rayons sur ma peau ainsi qu'un truc visqueux qui me lèche le visage. J'ouvre les yeux et tombe nez à truffe avec un regard vairon, comme celui de ma mère, comme le mien.

- Tu dois être Sven, hein. Fis-je en caressant les poils sales du chien.

Il ressemble à un Husky mais avec un long pelage de plusieurs couleurs et des oreilles immenses. Sa queue frétillait. Il était amaigri... Depuis combien de temps n'avait-il pas mangé ? Et combien de temps avais-je dormi ? Je me redresse et me traine jusqu'à la cuisine et ouvre les placards un à un. Je sors deux bols, un que je remplis d'eau (l'eau n'a pas été coupé, je me fais une joie en le découvrant) et le second avec les croquettes trouvé sous l'évier. A peine ai-je posé les gamelles au sol, qu'il se jette dessus. Qu'est-ce qui était passé par la tête à ma mère pour adopter un chien ? Et où était-il planqué tout ce temps ? Elle n'a jamais voulu qu'on en ai un quand j'étais enfant. Mais une chose est sûr, il va avoir droit à un bain ou à l'arrosage automatique. Je l'observe depuis un moment quand je me rends compte que le téléphone de la maison sonne. Le numéro est inconnu. Je décroche :

- Allô ?

- Adaline, c'est Lena ! Me réponds une voix enthousiaste.

- Lena ? Mince, ça fait combien de temps ?

Helena, alias Lena était une vieille ou que devrais-je dire ma seule amie lorsque j'habitais ici. Mais à cause de mon départ et elle de ses études d'infirmières, nous avions perdues contacts ces deux dernières années.

- Mais attends comment tu sais que je suis revenue ? Fis-je interloquée.

- Bah tu sais... Les jumelles.

- Visiblement, elles n'ont pas changées.

- Harper Sea reste Harper Sea. Mais si je t'ai appelé, c'est pour savoir comment tu allais et si tu voulais qu'on aille boire un verre ? Me demanda-t-elle.

- Quand veux-tu qu'on se voit ?

- Ce soir 22 h au ROCK'S BAR ?

- Ça marche, à tout à l'heure.

Je raccrochais avant de me rendre compte que n'avais pas demander son numéro de portable. J'avais changé de téléphone et de numéro avant mon départ et mon répertoire restait désespérément vide. Tant pis, j'irais et si elle ne se pointe pas ça sera quand même l'occasion de me détendre un peu. Penser à autre chose autour d'un verre, écouter de la bonne musique, c'est exactement ce qu'il me fallait. Enfin ça, ça sera uniquement à condition que je me bouge. Je dois me doucher, sortir les cartons de mon pick-up, m'occuper du courrier, faire connaissance avec Sven, aller faire les courses et me rendre au country club. Je fais rapidement le tri en m'exécutant : le courrier peut attendre, je dépose les cartons et mes sacs dans le salon, je me douche rapidement au rez-de-chaussée. Je ne me sens pas encore d'aller à l'étage où se trouve ma chambre ainsi que la sienne. Je ne suis pas prête. Pendant que j'effectue toutes ces tâches, Sven ne me lâche pas d'une semelle. Même lorsque je sors dans le jardin, il ne se décolle pas de moi. Je m'agenouille devant lui et lui caresse la tête :

- Tu es seul depuis un moment n'est-ce pas ? Je vais devoir t'emmener avec moi, je crois.

Sven remua la queue et sauta autour de moi, comme s'il avait compris. Ce qui est flippant, c'est que je m'attache déjà à cette bestiole...

La chaleur tapait encore aujourd'hui lorsque je montais en voiture. J'avais attaché mes cheveux dans un chignon désordonné et enfilé une longue robe bain de soleil orangé avec une paire de Vans. Evidemment, le chien se trouve à côté de moi, la langue pendante. J'espère juste que les animaux sont autorisés au club. Je connaissais le chemin par cœur, même si je n'avais qu'à suivre les décapotable et les berlines. Plus je m'approchais du lieu de travail de maman, plus l'environnement devenait superficiel. Les arbres élagués, l'herbes trop verte pour un mois de juillet et tondu au millimètre près, la route parfaitement lisse, goudronné et les lignes blanches fraîchement repeinte jusqu'au majestueux portail qui donne accès au lieu qui se veut prestigieux. Et c'est seulement maintenant que je me rappelle qu'un garde surveille l'endroit et qu'il faut une carte de membre ou du personnel pour entrer. Je roule jusqu'à la barrière de sécurité et l'interphone, en espérant tomber sur quelqu'un de compréhensif.

- Bonjour, votre nom et numéro de carte s'il vous plaît.

- Euh... Je m'appelle Adaline Scott, je suis la fille d'Elizabeth Scott. Vous la connaissez peut-être ?

- Adaline ?! Attends, je t'ouvre tout de suite.

La barrière se soulève, je roule jusqu'au poste et me gare à côté. A peine ma portière ouverte qu'une haute silhouette me fait face et m'enlace.

- Toutes mes condoléances... Me susurre-t-il.

Je le reconnais, il s'agit de Bill. Un ami de maman, ils travaillaient ensemble depuis longtemps. Il m'a vu grandir et il a connu papa. C'est un grand et brave bonhomme d'une cinquantaine d'années qui a toujours été bienveillant envers maman et moi quand mon père est décédé.

- Ca va Billy, merci. Dis-je en m'écartant de son étreinte. Et toi comment te portes-tu ?

- Oh, tu sais cela ne sera plus jamais pareil sans Liz ! Personne ne pourra la remplacer ici. T'as qu'à voir le bazar que c'est là-dedans. Fait-il remarquer en pointant le bâtiment où elle travaillait.

C'était une immense bâtisse en bois et en verre de trois étages qui n'allait pas du tout avec le reste de l'environnement verdoyant et sauvage.

- D'ailleurs il faut que j'y ailles pour récupérer les affaires de son bureau...

- Evidemment, je vais te donner un badge pour les visiteurs. Tu n'auras qu'à leur expliquer la situation.

- Est-ce que je peux te confier Sven le temps de m'y rendre ? Je ne peux pas le laisser seul et au soleil.

- Pas de soucis, je connais déjà ce petit monstre !

En effet lorsque j'ouvre la portière le monstre en question se jette littéralement sur Bill. Je sais que je le laisse entre de bonne main. J'atteins l'accueil sous le regard tantôt outré tantôt curieux des clients. Ma tenue ne colle sûrement pas avec les standards de l'endroit. Ils sont pour la plupart vêtu de tenue de sport, tennis, équitation, golf, ou prêt pour se rendre au spa ou à la piscine. Je déteste être là. Et cela se ressent. Quand je me retrouve au comptoir de la réception, face à une secrétaire qui ne lève pas les yeux de son écran d'ordinateur, je m'agace...

- Bonjour, que puis-je pour vous ? Demanda la jeune femme sans pour autant me jeter le moindre regard. Nous ne cherchons pas de personnel en ce moment.

- Ravie de l'apprendre. Rétorquais-je en m'accoudant sur le comptoir. Je suis Adaline Scott, la fille d'Elizabeth.

- Ah bon ? Génial, vous avez quelques choses pour le prouver ?

- Si vous décrochiez deux secondes votre regard de votre page Facebook vous pourriez peut-être le voir ? Fis-je en mettant une main sur son écran.

- De quel droit vous... Oh !

Je venais de soulever la frange qui couvrait l'un de mes yeux. Qu'elle constate d'elle-même que mes yeux étaient la copie conforme de ceux de ma mère. Un vert, un noisette.

- Excusez-moi, je ne voulais pas... Bafouille-t-elle alors.

- Vous pouvez m'aidez maintenant ?

- Oui, oui bien sur ! Se reprend la secrétaire. Toutes mes condoléances. Elizabeth était très appréciée, vous savez. Alors si je peux faire quoi que ce soit...

- Justement, j'aimerais avoir accès à son bureau pour récupérer ses affaires dans la mesure du possible. Répondis-je calmement.

- Je vais chercher les clés tout de suite. Patientez dans le salon et commandez à boire, nous nous occuperons de la note.

J'aurais préféré ne pas rester là mais je n'ai pas trop le choix. Les secondes s'égrainent et d'anciens camarades de lycée défilent devant moi. Certains chuchotent lorsqu'ils me remarquent, d'autres font comme s'il ne me reconnaissaient pas et je leur en suis reconnaissante. Par contre les autres m'agacent. J'entends les mots orpheline, barmaid, mort, l'autre, pauvre enfant... Je détourne mon regard vers la terrasse extérieur pour les ignorer.

Quand mes yeux se posent sur une silhouette familière, je me rends compte de ma bêtise. C'est lui, LE mec ! Caleb Andrews.

HARPER SEA : AdalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant