CHAPITRE 21 : Désillusion

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Le lendemain lorsque je me réveille, je suis seule. Un simple mot posé sur l'oreiller m'attends :

< Urgence matinale. Le dîner et la nuit étaient formidables. >

Pas de "à bientôt" ou "je t'appelle" ? Cette soirée ce résume qu'à ça, une seule soirée ? Je soupire face à tant de bêtise. La mienne en l'occurrence. Dire que j'ai commencé à y croire quand il m'a laissé rester... Il s'agissait seulement de politesse. Encore une fois, j'ai préféré écouter mon cœur plutôt que mon instinct. Quelle idiote !

Rhabillée, je m'en vais aussi discrètement et rapidement que possible. Même dehors je risque la walk of shame à tout moment. Je trouve le portillon qui mène à la plage et regagne ma maison, sans afficher ma honte. Sven m'accueille comme si j'étais la plus belle chose qui lui soit arrivé. Et je le lui rends comme il se doit en lui grattant le ventre. Je le gâte avec une gamelle de croquette et un bol d'eau fraîche. J'ouvre ensuite la fenêtre et entame un peu de ménage pour me changer les idées. Je constate qu'il n'y a plus rien à manger. C'est décidé, direction le supermarché.

Je ne rentre à la maison qu'après plusieurs heures... Les courses s'étant finalement transformé en route sans fin. Cela m'a permis de rationalisée la soirée d'hier. Il s'agissait d'un bon moment, aucun de nous n'a fait de promesse à l'autre. Pour autant, je m'en veux. Je lui en veut à lui. Je n'ai envie que d'une chose, oublié la nuit de la veille aussi magnifique soit-elle. Trop pour être vraie.

J'ai laissé mon portable à la maison volontairement pour ne pas faire comme toutes les nanas. Celle qui regarde leur portable toute les deux minutes, attendant désespérément le signe d'un mec. Alors qu'elles ont trop peur d'envoyer un sms et de n'avoir aucune réponse. Je ne veux pas en faire partie. Je préfère largement le déni.

Une fois les courses rangés et même après dîner Sven ne m'a pas lâché d'une semelle.

- Tu pourras dormir avec moi cette nuit sans que je râle, grosse boule de poil. Souriais-je en lui caressant la tête. Oui, je t'adore, promis.

Je lui prépare une énorme gamelle pour lui faire plaisir avec une escalope de dinde fraîchement cuite ainsi que des légumes avec des pâtes. Quand je la lui dépose au sol, le téléphone de la maison sonne.

- Résidence Scott j'écoute ? Répondais-je .

- Espèce d'imbécile ! Ça t'arrive jamais de regarder ton portable ?! S'écrit Lena.

- Pourquoi tu cris comme ça ? Soupirais-je.

- Je hurle si je veux ! Tu es partie dîner avec Caleb et puis tu n'as pas décroché de toute la journée.

- Je n'ai plus de batterie... Mentis-je à moitié.

- C'est tout ce que tu trouves à me dire ? J'étais inquiète, moi. Est-ce que la soirée s'est bien passé ?

- C'était... Bien.

- Seulement ?

- Écoute, je suis fatiguée Helena. Je te rappelle plus tard, d'accord ?

Je raccrochais avant qu'elle ne réponde. Lui raconter mon humiliation attendra bien une nuit de plus.

*

Sauf que le lendemain matin lorsque je me lève, le sentiment de honte est toujours présent. Il est là quand je rejette violemment mes couvertures, quand je vais me doucher, quand je bois mon thé et quand je prends la voiture pour aller au travail. Le soleil est haut dans le ciel et il tape fort. J'ai bien fait d'enfiler un short ample avec un haut qui l'est tout autant. J'ai juste prit la peine de m'attacher les cheveux, le maquillage n'est pas de mise aujourd'hui.

Quand j'arrive au Joy's Coffee, mon collègue, Isaac, comprends immédiatement que je ne veux ni voir, ni parler à qui que ce soit. Il me laisse en cuisine à la préparation des muffins et autres cochonneries.

- Le mec qui te met dans cet état a-t-il un prénom ?

- Oublié, fis-je en battant vigoureusement mes œufs.

- C'est celui qui a passé la semaine à la table trois ?

- Connaît pas.

- Et si je te dis qu'il est passé hier parce qu'il te cherchait, ça te fait rien ?

Je me contentais de battre encore plus rapidement mon mélange comme réponse.

- Ok... On va boire un verre ce soir.

- Je crois pas non.

- Tu n'as pas le choix, ma petite. Rendez-vous à 21 h chez moi. Tu conduiras. Je t'envois mon adresse tout à l'heure.

- On arrête de bavarder les pipelettes. Les gâteaux ne vont pas se faire tout seul et les cafés non plus. Intervient Joy en entrant dans la cuisine.

- Oui m'dame Joy !

Isaac s'en va tout sourire sans que je puisse refuser sa proposition.

- Adaline, aucun pauvre type ne mérite notre tristesse oublie-le.

J'acquiesce en versant ma pâte dans des moules.

- Enfin, certain mérite une bonne claque. Dit ma patronne en sortant de la cuisine.

HARPER SEA : AdalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant