Je fais demi-tour m'enfuyant littéralement de cette plage qui me rappelle déjà lui et les mauvais souvenirs qui vont avec. Chaque foulée est plus dure que la précédente. Les larmes coulent lorsque j'atteins le portail du jardin. Je grimpais les marches à toute vitesse avant d'arriver à la maison. A l'intérieur, j'attrape le premier sac venu et y jetais tout ce que je pouvais trouver . Je me sentais incapable de rester en sachant que Caleb se trouvait à 500 m de là. Sven qui m'avait rejoint, me suivait partout sans comprendre.Je m'apprêtai à descendre l'escalier, mon sac à dos sur l'épaule quand je me rétamais complètement face contre terre devant la chambre de ma mère. Quand je me redresse, en donnant un coup de pied au jouet de Sven qui m'a fait tomber, et pour je ne sais qu'elle raison j'entre dans la pièce. Celle-là même qui me semblait pourtant inaccessible jusqu'à maintenant.
Aujourd'hui, j'ai besoin de réconfort, j'ai besoin d'elle, de ma mère. Son odeur s'infiltre dans mes narines. Un mélange de sucre et d'agrumes, à l'image des cocktails qu'elle composait. La pièce est tel qu'elle l'a laissé. Un bureau sous la fenêtre entouré de deux bibliothèques, remplit ras bord de livres et de paperasse. Il y a aussi un grand lit avec de part et d'autre une table de nuit où sont disposés plusieurs cadres photos. De papa et elle, lui, Sven, moi et nous trois. Sur le lit, se trouve un plaid que grand-mère a tricoté il y a des années de cela, il est bleu pastel. Je le caresse me remémorant mes soirées sur le canapé devant la télé, attendant que maman rentre à la maison. Nous partagions souvent les pop-corns pour finalement nous endormir en plus milieu d'un film. Ces souvenirs me tire à nouveau des larmes. Je m'avance et m'assoie à la chaise de son bureau, admirant son bordel organisé comme maman l'appelait. Une pile de recette de cocktails, des galas à organiser prochainement... Et sous une de ses feuilles se trouve un cahier où il est inscrit "DIARY 2018"
Je l'ouvre et plonge dans ce qui était la vie de ma mère cette année. Une fois terminée, je fouille encore. Pour trouver des cartons cacher sous son lit qui contiennent encore des journaux personnels. Le plus ancien datant de l'année du décès de mon père... Dans ce dernier elle explique avoir vu ma tristesse et ma peine de n'avoir que très peu de souvenir de lui.
Alors elle a fait de son mieux pour qu'il m'en reste d'elle, au cas où... Ils sont tous remplis, de photo, de ce qu'elle faisait de ses journées, de recettes et même de dessin. Moi qui la pensait si imperméable à ce que je pouvais ressentir, je me suis lourdement trompé. Et je me sens honteuse d'avoir pensé ça toutes ses années. En plus ses journaux sont géniaux. Même si les écrits n'étaient pas réguliers, il y a toujours un petit truc. Une liste de course, des fleurs séchés, des anecdotes sur papa, comment son chemin à croiser celui de Sven... Ce petit chiot abandonné dans un des abris de jardin du Country club. Quand elle a croisé le regard de cette petite bestiole, elle a su que c'était le destin. C'est également ce que je me suis dit lorsque j'ai vu son regard vairon.
Au détour d'une autre page, il y a une des mes cartes postales, posté lors de mon voyage en Ecosse il y a quelques mois et les photos que je lui avais envoyé par mail. Avec des petites notes, sa fierté de me voir voyager ou encore mon mauvais goût en matière de bière...
Je survole les carnets mais maintenant que je suis célibataire, je vais avoir du temps devant moi pour m'y consacrer complètement. Est-ce que j'ai vraiment été en couple d'ailleurs ? Enfin bon, j'ai toute la journée devant moi pour m'immerger complètement dans ma lecture, comme j'en ai envie. Sans avoir besoin de me justifier auprès de qui que ce soit. J'ai jeté mon portable je ne sais où après avoir prévenu Lena de ma "rupture" et qu'elle n'avait pas à s'inquiéter pour moi que j'ai besoin d'être seule une journée, une seule petite journée. Et pour oublier rien de mieux que la lecture qui m'attends, Sven pour des câlins et du thé à volonté pour me tenir au chaud.
Alors pendant les vingt-quatre qui suivent, je lis, encore et encore. Installée dans le canapé, sur les marches de l'escalier, dans la baignoire et dans le lit de ma mère. Comme quand j'étais enfant. À travers ses journaux, j'ai appris à la connaître et me reconnaître dans certains aspects de son caractère. C'est comme ça que je termine la nuit, un peu plus apaisée sous ses couvertures.
Le lendemain, je suis presque sereine quand je me lève. Et cela me motive suffisamment pour une grande balade le long de la mer avec Sven, pour me préparer aussi un petit déjeuner avec des fruits et des pancakes. Puis sur la route du travail, j'écoute de la musique en chantonnant. Tout va bien, excessivement bien.
Une fois arrivée, j'enfile mon tablier et rejoins Isaac derrière le comptoir.
- Bonjour, Adaline. Comment ça va ?
- Comme une fille fraîchement célibataire, rétorquais-je en haussant les épaules.
- J'en ai entendu parlé.
- Erin ?
- Entre autre. Je suis désolé pour toi, soupire mon collègue. Je savais pour Jade et lui mais je pensais que c'était fini étant donné qu'il sortait avec toi.
- Faut croire que non.
- Dire que tu lui préparais une exposition au café...
- Elle aura lieu.
- Quoi ?
- Ce n'est pas parce que c'est un abruti fini que je vais gâcher une opportunité pour lui de s'épanouir dans son boulot.
- J'ai bien entendu ? S'écrit Isaac. Tu ne fais pas partie de ses femmes prêtent à tout pour se venger ?
- Je me suis seulement fait une raison. Et en plus ça fait de la pub pour le café, ça ramènera du monde.
Isaac m'observe un moment avant que quelque chose change dans son regard. Il pose une main sur son épaule en souriant :
- D'accord, on fera comme tu veux. Mais seulement si Joy accepte. Affirme-t-il avec un clin d'œil.
Les jours suivants, j'effectue la même routine. Se lever, travailler, relire les journaux de ma mère, dormir et recommencer inlassablement. Sans nouvelle de Caleb, sans en chercher non plus. J'apprends à fermer les yeux et à boucher les oreilles quand son prénom est évoqué, même si ça reste douloureux. Lena fait de son mieux pour me soutenir mais Liam reste son meilleur ami et son petit copain. Alors je reste à l'écart. Je la vois entre deux patients en évitant les soirées à rallonge où Liam pourrait nous rejoindre. Autant éviter les confrontations inutiles. Enfin c'est plus facile à dire qu'à faire.
La soirée à venir en est la preuve.
* * *
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HARPER SEA : Adaline
RomanceAdaline Scott, vingt-trois ans, les yeux vairons, a quitté Harper Sea, sa ville natale il y a cinq ans, par besoin d'indépendance et de liberté. Elle ne pensait pas devoir y retourner de si tôt à cause du décès de sa mère. Elle y retrouvera des souv...