CHAPITRE 5 : Nouveau boulot ?

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           Il me fixe, déterminé sans une once de faiblesse. Les bras croisés sur son torse, son regard dans le mien, imperturbable. Je comprends qu'il ne bougera pas tant qu'il n'aura pas ce qu'il veut. Mes mains sont moites et j'ai la gorge sèche devant cet homme qui a hanté mon adolescence. Je secoue la tête pour me réveiller et m'avance d'un pas qui se veut assurer.

- Pour quelqu'un qui ne veut pas avoir l'air intrusif, tu l'es énormément. Soupirais-je nonchalante. Je suis la fille d'Elizabeth Scott, Adaline. Tu m'as croisé au country club parce que ma mère y travaillait. Tu as simplement dû voir une ressemblance entre nous.

Je posais la main sur la poignet de la voiture mais il ne bougeait toujours pas.

- Je te crois... Mais je suis persuadé que ce n'est pas là-bas que nous nous sommes déjà rencontrés.

- Ah ? Pourtant, je ne me souviens pas avoir eu une quelconque conversation avec toi avant aujourd'hui.

Et c'est tristement vrai. Caleb Andrews avait du m'adresser la parole en tout et pour tout deux fois durant le lycée. La première, pour s'excuser de m'être rentré dedans car il ne m'avait pas vu. Et la seconde lorsqu'il était passé à la bibliothèque de l'école. Il m'avait juste dis : Bonjour, je viens rendre ce livre. Il l'avait posé sur le comptoir sans me regarder et était reparti. Tandis que la pauvre idiote que j'étais ne pouvait le quitter des yeux. Et je m'en veux encore plus aujourd'hui de réagir de la même façon seulement parce que son regard est posé sur moi.

- Je vois, soupire-t-il déçu. Je suis désolé si j'ai pu paraître désagréable. Surtout que je n'ai pas pris la peine de me présenter comme il se doit... Je m'appelle Caleb Andrews.

Il me tendit la main. Je la regarde un instant confuse avant de la serrer brièvement, sans conviction, dans la mienne. Mes yeux se perdirent dans les siens durant ce simple contact. Mon estomac se retourna et mon cœur rata un battement. Je rompis vivement notre échange avant de me bercer d'illusion.

- Ravi de t'avoir rencontré Andrews. M'exclamais-je en grimpant à l'intérieur de ma voiture.

- Moi aussi, Mlle Scott. Me sourit-il en dévoilant une fossette à la joue gauche. A bientôt, j'espère.

Il claqua la portière pour moi et ne bougea pas jusqu'à ce que je sorte du parking.

*

Le lendemain, je traînais au lit le plus tard possible. Un tas de chose à faire m'attendait. Mais aucune motivation pour m'exécuter. Sauf que trouver un boulot s'avère primordial. Même si maman ne m'avait pas laissé sans le sous, il était hors de question que je touche à cet argent. Je m'interroge juste sur la direction à prendre pour ma recherche d'emploi... Est-ce que j'ai envie de retravailler dans un bar ? Je n'en suis pas certaine. J'adore créer des cocktails, servir les clients, deviner ce qu'ils souhaitent. J'étais plutôt douée à ce qu'il paraît mais cela n'a jamais été ma passion. Et le monde de la nuit m'a lassée. On y croise toujours le même type de personne. Et on ne peut fréquenter que des gens qui ont le même rythme de vie sinon ça peut vite devenir compliqué. C'est surement pour ça que je me suis attachée à mon ex. Nous travaillions ensemble et nous nous voyions constamment. Pourtant cela à eu ces limites.

J'ai profité du reste de la matinée pour imprimer quelques CV et lettres de motivations. Après la douche, j'enfilais une jupe droite noire arrivant au niveaux des genoux, un chemisier bleu pâle et des sandales à lanières turquoise. Il fallait avoir l'air consciencieuse sans être trop guindée. Mes feuilles rangées dans une pochette, j'enfile mon sac en toile et pars en ville à pied cette fois-ci. J'ai laissé Sven dans le jardin, entrain de gambadé après des papillons.

Les deux heures suivantes, j'ai distribué mes curriculum dans des librairies, quelques cafés ainsi que des boulangeries. Ayant un petit creux, je m'arrête dans le seul café où je n'ai pas donné mon CV. Entre mon thé au citron et mon sandwich mâche et œufs durs, je rédige la suite d'une histoire que je publie sur internet. C'est ça ma passion en réalité, l'écriture. Il y a une dizaine d'années, j'ai commencé avec des petits récits et ensuite avec des histoires de plus en plus longues. Je possède un blog où je les partages ainsi que mes lectures depuis deux, trois ans. Les lecteurs sont pour la plupart des passionnés de littérature comme moi.

- C'est pas possible ? Adaline Scott est devant moi !

Je lève la tête de mon cahier en entendant cette voix forte à l'accent anglais.

- Joy ! Mince, qu'est-ce que tu fais ici ?

- Comme tu peux le voir, je suis la propriétaire de ce café.

Elle désigna son tablier du doigt où était inscrit : « Joy's Coffee ». Maman et Joy travaillaient ensemble depuis toujours. Elles étaient même amies. Je me rends compte que je ne l'avais pas vu lorsque je suis passée au club l'autre jour... Même si les années ont passés, Joy est toujours aussi belle. Une longue chevelure d'un blond vénitien, ondulé et épaisse, des formes généreuses et des yeux noisette pétillants. Une quarantaine d'années, une joie de vivre débordante. Les petites pâtes d'oie aux coins de ses yeux prouvent qu'elle a toujours gardé le sourire aux lèvres. Sans oublier sa passion pour le café ! Quand je me lève pour l'enlacer, elle tient d'ailleurs une cafetière du précieux breuvage.

- Comment vas-tu ? Enfin, je veux dire... Lize et moi étions proches mais c'était ta mère alors... Me confit Joy avec une mine accablée. Je me suis inquiétée en ne te voyant pas à la cérémonie.

- Je n'ai pas été convié.  Enfin je n'ai appris la nouvelle qu'il y a une semaine. Grand-mère m'a dit qu'ils n'avaient pas trouvé comment me contacter plus tôt.

- C'est bien le genre Elizabeth d'oublier de mettre en évidence ce genre de détails.

- Je ne te le fais pas dire... Alors comme ça cet endroit t'appartiens ?

- Exactement. Plus de dix ans d'activités au même poste, aucune évolution, servir les même gens ennuyeux. Ras-le-bol ! J'ai décidé de faire ce que je voulais vraiment et voilà.

- Ça te ressemble bien là ! Souris-je.

- Et toi ma chérie, tu vas rester à Harper Sea ?

- Pour le moment, oui. Je feuillette les petites annonces comme tu peux le voir.

- Vraiment ? Parce que je cherche une serveuse avec quelques notions au bar.

- Je croyais que tu ne servais que du café ici ?

- Je sers également des cocktails le week-end. Pour faire simple, le café est ouvert de 6 h 30 jusqu'à 20 h toute la semaine. Excepté le vendredi et samedi où nous fermons aux alentours de une heure du matin. J'organise des concerts avec des groupes locaux.

- Le concept de ton café est chouette. Et ça fonctionne visiblement. Fis-je en désignant les tables remplient autour de nous.

- C'est pour cette raison que j'ai besoin de quelqu'un de confiance avec qui travailler ici. Répond-elle en m'adressant un clin d'œil.

- Je serais ravie de travailler pour toi. Mais je tiens à être honnête, ce n'est pas ce que je recherche.

- Je m'en doutais en te voyant gribouiller sur ton cahier. Certaines habitudes ne change pas. Je te laisse deux jours pour réfléchir. Parce que j'ai vraiment besoin de quelqu'un ici. Tiens, mon numéro appelle-moi quand tu auras une réponse.

- Ca marche. J'y vais, j'ai assez profité de ta gentillesse. Merci beaucoup !

- Tss. Tu fais partie de la famille, c'est normal. Rouspète Joy.

Nous nous enlaçons une dernière fois et elle me tend un café à emporter. Une tactique pour me rallier à sa cause, me dit-elle.

Deux jours plus tard, sans nouvelle d'un quelconque employeur, je me résous à joindre Joy. Elle explosa de joie lorsque je lui annonçais la nouvelle. Me disant que je lui sauvais la vie au moins dix fois. Puis elle m'annonça qu'elle m'attendrait lendemain à 7 h au café. En raccrochant, j'étais ravie d'être débarrasser d'un poids. C'est grâce au relation de maman que j'ai pus avoir ce poste, j'en avais bien conscience. Et c'était une raison suffisante pour me donner à fond demain.

HARPER SEA : AdalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant