CHAPITRE 3 : Caleb Andrews

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Caleb Andrews. Le mec. Vous savez c'est celui sur lequel on craque tous et toutes, celui qui fait chavirer nos hormones d'adolescent. Le mec avec qui on veut être ami ou avec qui il faut être vu. Grand pour ne pas dire immense, dans les un mètre quatre-vingt dix, élancé mais musclé, des épaules carrées avec des mains sublimes munit de longs doigts, des cheveux châtains en bataille, des yeux émeraude, des dents parfaitement alignés, la mâchoire carrée, une voix grave et une fossette qui se dévoile lorsqu'il sourit. Oui, j'ai littéralement craqué pour lui quand j'étais adolescente, à sens unique évidemment. Il ne savait même pas que j'existais. Caleb faisait partie de l'équipe de natation plutôt réputé, il ne fréquentait que des sportifs et les pom-pom girls. Contrairement à moi qui était complètement effacée, moins d'un mètre soixante au compteur, un appareil dentaire et de l'acné. Le seul club auquel je me suis investie n'en était même pas un, j'étais aide-bibliothécaire.

Les choses se sont un peu améliorés de mon côté depuis, mes dents sont droites, ma peau presque jolie et des cheveux brun ondulés avec une coupe adéquate. Je suis différente et pourtant je ne peux m'empêcher de l'observer de coin de l'œil. Et il l'a remarqué visiblement. Caleb se tourne complètement vers moi, arrêtant sa discussion par la même occasion. Puis il commence à faire quelques pas dans ma direction. Impossible !

- Mlle Scott ? Suivez-moi, s'il vous plaît.

Je bondis littéralement de mon siège pour suivre la secrétaire. Stupidement, je m'aventure à jeter un regard par dessus mon épaule. Caleb s'est arrêté à l'entrée du salon m'observant toujours. Je piquais un fard et coupais net le contact visuel. J'ai l'impression de me retrouver quelques années en arrières, le cœur battant, le souffle court, incapable de soutenir le moindre regard, la potiche de service, la fille de la barmaid, la ringarde. Si on ajoute que j'étais régulièrement la cible des moqueries à cause de toutes mes petites imperfections.

- Nous y voilà. Nous n'avons rien touché. M'informe la jeune femme. Au cas où, n'hésitez pas à m'appeler.

Et la secrétaire m'abandonna au milieu de la pièce qui sentait encore l'odeur de maman. Un mélange d'agrume et de pomme avec une touche de cannelle. La pièce contenait un bureau remplit de paperasse, un canapé et une bibliothèque remplit de dossier et autres livres. Je fermais la porte derrière moi et effleurait le bois du bureau des doigts. Plusieurs cadres photos sont disposés sur ce dernier. Contournant le meuble, je pris place sur la chaise à roulettes pour regarder de quoi il s'agissait. Il y en a une de Sven, chiot, adorable. Une seconde de papa et maman, souriant lors d'un voyage. Une autre où je suis encore un bébé entre leurs bras. Et plusieurs de moi qui me sont totalement inconnue ! Ça me touche et me peine à la fois. J'ai l'impression d'avoir été réellement aimé maintenant qu'elle n'est plus là pour me le montrer.

Ranger tout ça allait me prendre un temps fou. Les photos, les livres, carnets de notes, fournitures de bureau finissent dans deux cartons que je suis à peu près certaine de pouvoir porter. Toute la paperasse avec le nom du club restera ici. Ainsi que tous les meubles que je ne peux pas me permettre d'emporter. Après quelques heures de tri, je pense avoir terminé. Hors de question pour moi de remettre les pieds dans cette pièce après aujourd'hui.

- Elizabeth est-ce que tu... Oh, mince... Je croyais que... J'avais complètement oublié. Bafouille le jeune homme qui est entré sans s'annoncer. Qui êtes vous ?

- Je suis la fille de Liz, Adaline.

- Ah... Pardonnez-moi ! Toutes mes condoléances.

- Il n'y a pas de mal. Fis-je devant les rougeurs du garçon. De quoi avez vous besoin ?

- Il s'agissait juste d'une cliente difficile. Elizabeth aurait pu nous aider mais...

- Je peux peut-être faire quelque chose ? Je suis aussi barmaid. C'est elle qui m'a apprit tout ce que sais.

- Je ne suis pas sûr que...

- On a rien à perdre. Si votre supérieur se plaint, dites que je vous ai forcé la main.

Il acquiesce et me guide dans un dédale de couloir tout en m'expliquant la situation. Il s'agissait d'une jeune fille qui fêtait ses 13 ans avec une trentaine d'amis. Selon le jeune serveur qui me tenait compagnie, la musique ne plaisait pas à la demoiselle et les boissons encore moins. Lorsque nous arrivions à la salle du bar, la musique qui passait était effectivement ringarde. Et les boissons ? De simple jus de fruit avec des gobelets en plastique ! Ma mère n'aurait jamais laissé un truc pareil arrivé. Je sais que c'est impoli mais je me permets de changer la playlist du pseudo DJ. Je choisis des chansons plus actuelle, remplit de girls et boys band à la mode qui plairont à la jeune fille. Je me glisse ensuite derrière le bar après avoir viré les gobelets en plastique. A cet âge-là, on ne veut plus être traité comme une enfant mais plutôt comme une jeune femme. Je fouille et trouve des verres à cocktail, parfait. Puis je m'amuse avec les boissons à dispositions, fruits frais, sirop, soda et limonade. Je termine les verres en y mettant quelques fraises et framboises. Disposé sur le comptoir, le serveur les prends et les amènes aux invités. Je vois les sourires s'afficher sur les visages des convives et je soupire de soulagement. Mon travail est terminé. Les cartons sous le bras, je retrouve Sven et ma voiture. Un dernier au revoir à Bill et je m'en vais.

Plus tard, après avoir fait les courses et ranger quelques cartons à l'étage. Je commence ensuite à me préparer tranquillement pour rejoindre Helena au bar. Je me douche et laisse mes cheveux séché naturellement pour qu'ils fassent de belles ondulations. Je mets un peu de fard à paupières dorés et une touche de mascara. J'ai enfilé ce qu'il a de moins froissé dans ma valise, une combinaison-short vert foncé, fluide avec un profond décolleté dans le dos avec des Vans noire au pieds. Le ROCK'S BAR  était essentiellement pour les jeunes, il passait de la musique sympa et organisait parfois des concerts. C'était un endroit cool et décontracté.

Le bar se trouve en bord de mer, à quinze minutes en voiture de la maison. Une fois garé sur le parking, je me fraye un chemin parmi les gens qui se trouvent sur la terrasse extérieur et entre. Pas de Lena en vue. Pourtant on ne la rate pas avec son mètre soixante-quinze des longues jambes, des formes généreuses et une longue chevelure blonde. Je me glisse alors sur un tabouret du comptoir et commande un verre en attendant. L'ambiance est sympa, les gens s'amusent, dansent et rient. Je me détends enfin pour la première fois depuis mon retour à Harper Sea.

- Bonsoir.

J'ai parlé trop vite. Mes épaules se contractent, je fais mine de n'avoir rien entendu. J'espère que Lena ne va pas tarder.

- Tu vas faire comme au country club et m'ignorer ?

Je me fige en regardant mon interlocuteur qui venait de s'accouder au comptoir. Je manque de m'étrangler avec ma salive. Je sais, c'est distinguée... Mais merde, qu'est-ce que  Caleb Andrews fait ici ?

HARPER SEA : AdalineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant