HARPER SEA : Adaline

CHAPITRE 32 : Au revoir

            Le lendemain de cette fameuse soirée, à midi à peine, une douzaine de clients m'ont déjà demandés si j'étais bien la personne qui était sur les photos de l'exposition. Et si ma réponse s'avère positive, on me demande si j'ai instagram, twitter, tik tok ou autres réseaux sociaux. Ou bien si je veux prendre un selfie, voir donner mon numéro de téléphone, mais pour des raisons "professionnelles", évidemment.

Le site officiel de la ville de Harper Sea ayant vanté les talents d'un enfant de la ville devenu un adulte accompli dans un article accompagné de photos de l'exposition de la veille. C'est un cauchemar. Cela à duré jusqu'à la fin de ma journée.

Pourtant après le travail, au lieu de rentrer chez moi, je roule jusqu'à la lisière de la ville. Marche un long moment à travers la forêt pour atteindre la clairière. J'y lâche Sven, il fonce et plonge dans le petit lac baigné de lumière. Les oiseaux s'envolent sur son passage. À part leurs battements d'ailes, il n'y a pas un bruit ici. Personne à part le souffle du vent à travers les hautes herbes. Moi qui pensait que l'amie de Caleb était honnête...

- Adaline ?

Je me fige en entendant sa voix. Un frisson me traverse... Sven lui, sort de l'eau et s'élance sur Caleb. Mon chien s'étale littéralement sur lui, léchant goulûment son visage. Ils sont tous les deux heureux de se retrouver. J'aimerais que ça soit le cas pour nous aussi, mais... Après plusieurs jours sans se voir, nos regards se croisent et j'ai l'impression que ses yeux ont perdus un peu de leur éclat.

- Bonjour, Adaline me souffle-t-il en écartant mon chien.

- Caleb.

Nous restons là, plusieurs secondes, silencieux au milieux de la clairière. Dans l'air, il y a de la colère, de l'incompréhension et des non-dits.

- Nous avons besoins de parler. M'exclamais-je.

Il acquiesce en s'avançant  et s'assoit à mes côtés au bord de l'eau. Nous gardons une certaine distance , comme une sécurité. Au moindre contact nous avions tendance à oublier tout autour de nous. Mais nous devons avoir une vraie discutions aujourd'hui et maintenant. Savoir s'il faut préserver ou abandonner ce nous qui a exister à un moment ces derniers mois entre nous.

- Félicitations pour ton vernissage l'autre soir. Commençais-je. J'ai travaillé pour ton... Pour Mlle Carter ce soir-là.

- Que... Tu étais là-bas ?

- Il se pourrait aussi que je me sois caché quand tu es arrivé au bar.

Il ne peut s'empêcher d'avoir un petit rictus moqueur avant de se reprendre plus sérieusement.

- Je t'ai caché la relation que j'ai entretenu avec Jade, c'est vrai, c'est dégueulasse. Je me suis servie de toi aussi pour satisfaire la curiosité déplacé de mes parents qui me mettait hors de moi à chaque occasion. Je m'excuse de tout ça. Je m'excuse que notre relation soit basé sur un mensonge. Je m'excuse aussi de ne pas avoir prit en compte ta situation familiale quand notre relation à commencé. Mais je veux que tu sache que je n'ai jamais, jamais, menti sur mes sentiments pour toi, sur ce que j'ai pu ressentir à chaque fois que nous étions ensemble, sur la façon dont mon cœur battait en ta présence. Mes photos ne mentent pas non plus. Je sais aussi que ce que je te dis maintenant ne te fera pas oublié ce que tu as vécu et ce que j'ai pu faire. Notre relation ne sera plus jamais pareil, j'en ai conscience mais je veux garder un lien avec toi. N'importe lequel.

J'entends tout ce qu'il me dit, je ressens l'intensité de ses mots qui font échos en moi, dans ma tête et dans mon cœur. Mais je ne peux me résoudre à le regarder dans les yeux, par peur de ce que je peux y lire. Que tout cela ne soit encore un mensonge...

- J'ai peur, Caleb. J'ai peur de te faire confiance à nouveau. Que tu me mente, que tu me laisse quand j'ai besoin de toi, que tu m'abandonne, que tu ne veuille plus de Sven, que tu ne m'aimes plus si tu viens à m'aimer un jour... Avouais-je tremblante.

- Qu'est-ce que j'ai pu être con. Je l'ai été suffisamment pour ne pas avoir suivit mon instinct. Si je l'avais fait tu n'aurais pas eu à souffrir autant. Et nous serions peut-être un peu plus heureux maintenant.

- Sauf qu'on ne peut pas revenir en arrière.

- Je suis prêt à attendre le temps qu'il faudra pour réparer ce que j'ai fais.

- T'es foutrement têtu.

- C'est pour ça que tu m'aimes non ? Rétorque-t-il nonchalant.

Je secoue la tête, le sourire aux lèvres, impossible à retenir. Parce que je ne peux m'empêcher de l'aimer non plus. C'est un fait, j'en suis incapable. Je pensais pouvoir faire autrement mais non. Alors que je le regarde enfin dans les yeux, je vois que c'est réciproque.

Il me regarde tendrement, sa main s'approchant subtilement de la mienne. Ses doigts effleurent la surface de ma peau , son index s'accroche au mien, un instant je pense à me laisser aller. Un court instant. Parce que je me dérobe, je fuis, totalement. Me redressant sur mes deux jambes, j'époussette mon pantalon, troublée.

- J'ai... J'ai entendu tes excuses. Mais j'ai besoin d'être seule... Il faut que je sache où j'en suis et ce que je veux vraiment. Alors je vais partir loin d'ici quelques temps.

- Où est-ce que tu vas aller ? S'inquiète-t-il.

- Si tu me fais autant confiance et que tu es aussi attaché à moi que tu le prétends, laisse-moi faire. Je reviendrais quand je serais prête.

Je me penche sur lui et l'embrasse sur la joue, chuchotant un au revoir du bout des lèvres.

* * *

Vous allez sans doute me dire que je suis encore en retard sur mes publications et qu'en plus je termine le chapitre de la pire façon qui soit... Vous avez totalement raison. J'attends vos votes mais surtout vos avis en commentaires. A bientôt !