Florebo Quocumque Ferar TOME II

Chapitre 15

L'entrée du bâtiment était délabrée. Des morceaux de bois pourris et des bouts de verres traînaient sur le sol. Lafolia avait été clair ; pas un seul bruit, sinon elle nous réservait le même sort que ce pauvre Liam. Je ne pouvais que me plier à ses ordres, risquant assez ma propre vie comme cela. Je leur fis signe qu'ils étaient tous les trois en bas. Je ne sentais aucune autre présence ici. Au détour d'un long couloir sombre et sinistre, Lucas trouva les escaliers qui menaient au sous-sol.

Le chemin entre les débris de verres sur les marches et les autres pollutions, sans faire de bruit, était délicat. Par je ne sais quel miracle, nous avions réussi à rejoindre le sous-sol sans un seul bruit. Nous n'avions pas élaboré de plan particulier. Nous devions simplement les tuer par je ne sais quel moyen. Alors que nous descendions les marches avec une discrétion digne des plus grands films d'espionnage, des hurlements se firent entendre. Je me figeais sur place lorsque je compris que les cris provenaient d'Icare lui-même. Une partie de mon cœur était délicieusement envoûter de réentendre sa voix, tandis qu'une autre partie était déchirée de l'entendre souffrir comme cela. Lafolia me saisit le bras pour me forcer à avancer. Plus nous nous approchions, plus je sentais cette odeur de renfermer qui embaumait toute la pièce, avec un petit soupçon de jasmin.

Mon cœur battait à tout rompre dans ma cage thoracique. L'adrénaline n'avait toujours pas quitté mon corps, au contraire, je la sentais de plus en plus, à un tel point que mes mains fourmillaient de magie. Je n'avais qu'une hâte ; réduire en bouillie les deux énergumènes qui avaient enlevé Icare.

Lorsque nous fûmes arrivés en bas, des énormes cartons de médicaments pour animaux étaient empilés les uns sur les autres. Je reconnus directement les mures blancs et le sol crasseux que j'avais aperçu en prenant possession de la vision et des ressentis d'Icare pendant quelques minutes. Les voix de Josh et d'Hélène se faisaient entendre un peu plus loin derrière ces cartons. Nous nous rapprochâmes le plus discrètement possible, cachés et accroupi derrière la tonne de cartons entreposés. Je me mis dans un coin où je pouvais voir Josh. Je ne distinguai pas très bien Icare à cause de la pénombre, mais je voyais extrêmement bien le sourire satisfait sur la sale gueule de cet enfoiré de faucheur à la con. La sorcière, elle, gloussait derrière lui en observant la scène. Josh souleva une paire de ciseaux qu'il fit balader sur ce que je devinais être le corps d'Icare. Je le reconnus immédiatement grâce à ses muscles saillants. Mes yeux avaient du mal à s'habituer à l'obscurité, mais je m'y faisais petit à petit. Je dus me faire violence pour ne pas hurler de surprise en voyant la marre de sang qui recouvrait le sol. Du sang séché était même sous mes fesses à ce moment précis. Lorsque je remontais ce fleuve sanglant à sa source, mon sang se glaça dans mes veines. Icare...

Il était suspendu au-dessus du sol par des chaînes noires que je devinais comme étant de l'obsidienne lui retenant les poignets. Icare était torse nu, mais je ne m'attardais pas trop sur son corps. Des tonnes de marques parsemaient son buste, son cou, son visage... Je serrai mes poings fermement pour ne pas exploser de rage. Je ne supportais pas de le voir dans des états pareils. C'était pire qu'un crève-cœur.

Ne pouvant plus retenir mes larmes plus longtemps, je les laissais coulées le long de mes joues. Soudainement, je sentis une petite main qui sécha mes joues d'un geste du pouce. Je relevais la tête pour faire face à Lafolia qui me réconfortait rien qu'avec ses yeux. Je pouvais y lire clairement ; " C'est bientôt terminé, Icare sera libre et ils seront morts."
Dieu, pourvue qu'elle ait raison. Soudain, la voix tremblante d'Icare me redonna espoir.

- L... Lyd... Lydia...

Je tressaillis. Même lorsqu'il souffrait, il pensait à moi. Ou alors, il avait senti ma présence... S'il te plait Icare, ferme la, ne balance rien qui risquent de nous faire démasquer.