Fragment trois.

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Le chef d'inculpation pour lequel Harry venait de comparaître était en train de tomber, sans doute déjà diffusé de partout dans le monde. La chute d'un empire. La chute de Harry Styles, ancien leader de One direction, chanteur adulé qui a vendu près de deux millions d'exemplaires de son EP et son album en pleine préparation. Mais surtout, la chute d'un homme.

Harry écouta silencieusement le juge le charger du crime de sa petite-amie, Merle Robinson. Aucun mot ne sorti de sa bouche. Aucune pensée ne traversa son esprit. Il n'était plus rien. Juste un corps fatigué qui se tenait debout devant un homme vêtu d'une robe, encadré par deux policiers qui étaient prêts à l'emmener s'il ne souhaitait pas régler sa caution, le seul avantage qu'il possédait en se trouvant aux Etats-Unis.

- La date de votre première audience est fixée au trois Juin et votre caution est fixée à 1,3 millions de dollars. Voulez-vous la payer maintenant ou souhaitez-vous...

Déjà, Harry avait décroché. Il n'arrivait pas à comprendre ce qui lui arrivait. Hier soir, il s'était disputé avec Merle pour une histoire de paires de chaussures. Ce matin, elle mourrait. Et, après avoir vu le corps ensanglanté de son amante, on l'avait conduit jusqu'ici. Son cerveau ne pouvait pas gérer cet amas d'informations bien trop brutales et traumatisantes. Le chanteur avait envie de pleurer mais ses yeux étaient asséchés. Eux non plus ne comprenaient pas ce qu'il se passait. Harry allait être jugé pour meurtre et cela lui paraissait inconcevable. Il y a vingt-quatre heures, le chanteur nageait en plein bonheur. Il était en couple, sur le point de se fiancer. Il avait un bel appartement à Londres qu'il partageait avec Merle et bientôt une maison sur la côte Ouest des Etats-Unis. Il avait un EP qui avait, contre toute attente, avait cartonnée. Bientôt, il aurait un album qui promettait de suivre le même chemin. Il avait une famille fière de lui et de son succès. Fière de lui et de son couple qu'il formait avec la jeune femme. Mais c'était fini, maintenant. Il n'avait plus rien. En moins d'une journée, Harry avait tout perdu. Il aurait pu supporter la perte de sa carrière, de tout ce qu'il avait mis tant de temps à acquérir mais perdre Merle, il ne s'en remettrait pas. Jamais.

Le juge réitéra sa question mais le brun resta plongé dans un mutisme inquiétant. L'un des policiers lui demanda s'il désirait un verre d'eau ou voir un médecin avant de prendre une quelconque décision mais Harry secoua négativement la tête. Il regarda le flic un instant et reporta presque immédiatement son attention sur le juge qui lui faisait face. Qu'on le foute en prison ou pas, cela ne changera rien. Merle était morte et quoiqu'il puisse se passer pour lui, rien ne la ramènerait. Harry venait de perdre la vie alors que quelqu'un avait volé celle de sa petite-amie. Le chanteur continua de ne rien dire jusqu'à ce que quelqu'un pénètre dans la salle d'audience et accepte de payer la caution. Steve, le manager du jeune Styles. Il fit signe à son avocat de se charger de tout ce qui concernait l'affaire alors que lui entraînait son protégé loin de l'agitation.

- Mais putain, c'est quoi ce bordel ?

- Merle est morte.

Steve fronça les sourcils et ses traits jadis durcis devinrent plus doux et compatissants alors que sa voix qui exprimait jusque là des reproches et de la colère s'apaisa. Merle était morte. Il le savait, il l'avait appris en allumant la radio de sa voiture alors qu'un flash spécial avait interrompu l'habituel « point trafic » de dix-sept heures. Il avait alors fait demi-tour pour retrouver son poulain qui, il se doutait, devait être dévasté. Et maintenant qu'il se trouvait devant lui, Steve trouvait que le mot « dévasté » n'était pas adéquat. Le terme était trop faible. Aucun mot ne pouvait qualifier la douleur qui habitait les traits de Harry. Et cette peine incommensurable, Steve la connaissait mieux que quiconque. Il y a trois ans, c'était lui qui perdait la personne qu'il aimait le plus au monde.

- Tu vas partir, annonça le manager en tenant Harry par les épaules. Je suis pas sûr qu'on te laissera quitter le pays mais tu pourras au moins quitter l'Etat. Je vais t'envoyer chez quelqu'un, tu peux pas rester ici. T'as plus rien à faire là.

Guilty.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant