Fragment trente-et-un.

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L'oiseau noir.

- Tu fais chier, Harry.  

Le brun tourna la tête sur la droite à son tour et constata à sa plus grande déception que les portes de la salle avaient été fermées. Les journalistes étaient partis et le tapis rouge avait perdu de son éclat. La cérémonie devait avoir eu lieu la veille ou le jour encore d'avant, il n'y avait pas d'autre explication possible. Harry ajusta ses lunettes de soleil sur son nez et fronça les sourcils, cherchant pourtant une explication autre que leur retard. Nick et lui venaient de passer la semaine en Italie à enchaîner les soirées mondaines, les sorties en boite de nuit et les plans d'un soir. Ils avaient fait le tour du pays pour trouver de quoi occuper leurs journées en attendant le festival organisé chaque année mais cette fois-ci, leur orgie avait duré un peu plus longtemps que prévu et ils se trouvaient face à des portes closes. Désespérément closes.  

- On voulait pas rester à Miami pour y aller à Milan, continua de se plaindre le meilleur ami du brun, et voilà qu'on a rien vu du tout ! C'est un évènement important pour moi !

- Je ne t'ai pas forcé à coucher avec Antonio, hier soir. Ni avec celui d'avant. Pablo ? Pedro ? C'était comment, déjà ?  

Nick soupira. Décidemment, Harry ne comprenait rien. Si l'animateur radio acceptait de suivre le chanteur dans ses péripéties, ce n'était certainement pas par plaisir. Certes, il y trouvait son compte lorsqu'il se morfondait dans les draps d'un homme différent chaque soir mais ce n'était pas spécialement ce qu'il souhaitait. Il avait trente-et-un ans maintenant et il voulait arrêter d'être un adolescent en cours d'expérimentation. Il voulait être un homme, un vrai. Arrêter de sortir la semaine, cesser de coucher avec le premier venu et surtout, stopper ses aventures en compagnie du gamin qui lui servait de meilleur ami. Harry devait grandir à son tour. Il venait d'avoir vingt-et-un ans et il continuait d'agir comme s'il n'avait aucune attache, aucune obligation, et Nick ne trouvait pas les mots pour le faire réagir. A chaque fois qu'il s'engageait sur cette pente glissante, Harry lui rappelait les épreuves qu'il avait vécues à cause de Modest !, le management trop envahissant dans la vie du chanteur et  Nick cédait. « J'ai toujours manqué de liberté, Grimmy. On m'a toujours empêché de vivre. J'ai joué le rôle de quelqu'un d'autre et maintenant que je peux être acteur de ma propre vie, je veux juste en profiter. » Cette phrase, Nick l'avait entendu plus que de raison mais il n'avait jamais réussi à trouver les arguments pour la contrer. Il y pensait souvent, revoyait le regard que Harry lui lançait quand il lui disait mais il n'y avait rien à faire. Nick était continuellement pris au piège. Son rôle de meilleur ami l'empêchait de dire ses quatre vérités au bouclé alors qu'il avait juste besoin de cela. Que l'on remette à sa place.  

- T'en fais pas, dit calmement le chanteur, on va prendre l'avion et on ira à la Fashion week de Paris. Ca changera.  

Nick se contenta de hocher la tête et quatorze heures plus tard, le duo d'amis se retrouva en première ligne du défilé haute couture. Avant que celui-ci ne commence, Nick put retrouver des amis du métier et comme à son habitude, il les présenta à Harry qui parut réellement heureux d'être présent. C'était presque irréel. Il y a moins de vingt-quatre, il trainait les pieds pour s'y rendre et n'avait accepté de se montrer que pour faire plaisir à son meilleur ami et voilà que maintenant, il serrait poliment des mains, dégustait des toasts en riant avec des mannequins qui s'apprêtaient à monter sur scène dans moins d'une heure.  

- Faut que j'y aille, Harry, sourit Cristal avant d'embrasser tendrement la joue du chanteur, glissant par la même occasion son numéro de téléphone dans sa main. On se voit toute à l'heure.

Guilty.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant