Guilty.

Fragment quarante-neuf.

Et sous les crépitements des flashes des journalistes, Harry fit une apparition dehors. Il n'essaya pas de lutter contre les paparazzis qui lui faisaient face. Il se laissa photographier ouvertement, ses écouteurs dans ses oreilles, son discours bien rôdé en tête et une cigarette dans la bouche. Harry avait eu besoin de s'éloigner de ses proches et de la pression qui s'était accumulée. Il avait besoin de prendre l'air et de savourer une dernière fois d'une cigarette.

Harry écouta en boucle la chanson qui s'était jouée lors de l'enterrement de Merle. Il n'avait pas été autorisé à s'y rendre –et il était bien trop détruit pour être présent- mais il savait la chanson qu'elle jouerait à sa mort. Elle l'avait toujours exprimé. Si Harry aurait souhaité qu'on lui dise au revoir sur l'une des chansons de Buckley, Merle voulait qu'on joue « If I die young ». Elle avait toujours su qu'elle mourrait prématurément. C'était sa destinée. La porte s'ouvrit et Joan apparut. Elle avait enfilé une jupe pour l'occasion mais pas l'une de celles fleuries qu'elle adore. Elle portait une jupe bleue marine qu'elle avait assortie avec un haut acre. A ses pieds, une paire d'escarpins qui lui permettait de gagner dix centimètres. Elle se posta en face du brun et attendit qu'il enlève lui-même un écouteur. Elle se contenta de le prendre et d'écouter la chanson. Encore et encore. Jusqu'à ce que Niall vienne les chercher et qu'il se rende compte du lien invisible qui s'était tissé entre les deux personnes les plus importantes de sa vie.

Joan arrêta la musique et enroula le fil des écouteurs autour de l'appareil qu'elle prit soin de ranger dans la poche du pantalon de Harry. Elle laissa ses mains trouver la cravate du brun dont elle refit le nœud avant d'ajuster la veste présente sur ses épaules. Il devait être parfait pour la première audience. Son avenir se jouerait pendant le procès.

- Tu as mis une cravate grise, se contenta de dire la blonde, un sourire triste collé aux lèvres.

Et Niall continuait d'assister à la scène, impuissant.

- Tout va bien se passer, continua-t-elle. Pense bien à articuler et regarde les gens dans les yeux. Ne soupire pas et parle doucement. Comme tu le faisais avec moi. Ne te mords pas la lèvre quand tu as peur et évite de fixer trop longtemps quelqu'un, c'est suspect. Et respire. Pense à respirer, Harry. Tout ira bien, tu peux compter sur moi.

Il faillit glisser un « Je t'adore » mais se retenu en sentant le regard de son meilleur ami sur lui. Sans que le bouclé ne s'y attende, Joan l'étrenna. Doucement, elle colla sa poitrine à son torse et ancra son visage dans sa nuque chaude, légèrement, parfumée. Elle murmura quelques mots à son oreille et en se détachant, Harry hocha la tête, confirmant ses dires.

- Il est l'heure, rappela Niall.

Harry jeta son mégot de cigarette et avant qu'il ne rentre, il put entrevoir le visage torturé de la mère de Merle. Tous les deux se trouvaient dans le même état. Détruits.