Joan regarda le carnet à la couverture en cuir marron qui se trouvait posé sur la table, en face d'elle. Harry venait de quitter la pièce après l'avoir sorti de sa poche et tendu à la jeune femme. Ce carnet, la blonde le connaissait. C'était un mythe, pour beaucoup. Que pouvait bien cacher Harry Styles dans ce cahier qu'il avait toujours avec lui ? Qu'il se trouve en Inde ou bien chez lui, à Holmes Chapel, il ne le quittait pas. C'était comme un prolongement de lui-même, une partie de lui qu'il ne voulait pas perdre et ça, Joan l'avait bien compris. Alors, pourquoi lui laissait-il à sa portée ? Pourquoi acceptait-il de lui donner sans qu'elle en ait fait la demande ? Et Joan, elle n'était pas certaine de vouloir lire ce carnet. Ce qu'il se trouvait dedans était intime. Harry ne le quittait plus depuis des années et Joan savait l'importance que pouvait avoir ce journal intime pour lui. Alors, pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi elle ? Pourquoi ne voulait-il pas parler de la nuit où Merle avait été assassinée mais il lui laissait volontairement son carnet, il lui contait son histoire et dévoilait des traits de sa personnalité que personne n'aurait jamais soupçonné ? Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Mais peut-être que la réponse à ses questions se trouvaient dedans, justement. Peut-être que parler était devenu trop difficile pour Harry et qu'il avait préféré coucher ses sentiments sur papier. Elle savait ce que c'était. D'être si mal que les mots n'avaient plus d'importance. D'être ravagée au point que seul le dessin puisse lui procurer une aquarelle de bonheur. Joan regarda aux alentours pour s'assurer que le brun n'y était pas et enfin, elle attrapa le carnet. Elle quitta sa chaise et grimpa les quelques marches qui la menèrent à son atelier. Il n'y avait qu'ici qu'elle pourrait avoir le courage de l'ouvrir et de lire les pensées les plus secrètes du brun. Joan se plaça à même le sol en bois de la pièce et caressa doucement la couverture en cuir usée du carnet avant de l'ouvrir. Une vague de frissons traversa son échine en découvrant l'écriture douce et raffinée de Harry. C'était rare pour un homme de prendre autant soin de ses affaires et de veiller à ne pas faire de fautes, à écrire chacune de ses lettres avec finesse, comme pour donner un sens plus profond à chacun de ses mots. Les premières pages du carnet étaient principalement composées de chansons, de quelques phrases griffonnées au crayon à papier et qu'il avait barrées, rectifiées, améliorées. Elle put même découvrir une nouvelle écriture sur le carnet, celle d'un rouquin qui était l'un des meilleurs amis du brun. Elle sourit en découvrant l'écriture de l'artiste et continua sa lecture. Mais plus elle lisait, plus Joan avait l'impression de trahir Harry. Elle découvrait un homme nouveau. Un homme plus sombre, plus ravagé par la prise de stupéfiants et d'alcool. Elle le découvrait nostalgique, blessé, meurtri et ce bien avant le décès de Merle. Les textes étaient signés de 2012. A cette époque, il ne la connaissait pas mais il était déjà brisé. D'une écriture pâteuse, il avait écrit un poème sur sa mélancolie. Une page de tournée et voilà qu'il dévoilait ses sentiments pour Niall qui avait le cœur brisé par une fille : « Le pire, c'est qu'il ne prend même pas conscience de la grandeur de son âme. Un jour, il rencontrera une fille qui l'aimera autant que lui. Et ce sera la bonne ». Instinctivement, l'artiste sourit. Sans en prendre conscience, Harry avait décrit Joan en ces quelques mots. A droite, une chanson d'amour écrite de la main du chanteur. Et une partition. Il venait de commencer l'apprentissage de la guitare avec Niall et exposait son savoir dans son carnet. Il y avait quelques pages concernant son art, son amour pour la musique et le plaisir qu'il prenait à être sur scène mais déjà, la noirceur de ses pensées reprenaient le dessus. « J'aimerais un jour rencontrer quelqu'un qui me voit. Pas qu'on me regarde, qu'on m'admire, qu'on me contemple. J'aimerais que, pour une fois dans ma vie, quelqu'un se soucie de moi et sache lire à travers Harry de One direction, à travers ma fortune, à travers mon physique... Lire mon âme ». Et les textes qui suivirent furent tout aussi sombre. Harry était en pleine descente aux Enfers et cette période dura près de deux ans. Jusqu'à ce que le prénom de Merle soit évoqué. Subitement, Joan referma le carnet. Elle n'avait pas envie de savoir. Pas maintenant. Autre chose l'obsédait depuis sa dernière lecture. L'artiste lâcha le carnet et se leva dans la précipitation. Ses mains tremblaient et ses pupilles étaient agitées. Une toile, vite ! Joan posa sa toile vierge sur un chevalet et ajusta le tabouret à sa hauteur. D'une main agile, elle fouilla dans sa trousse pour trouver quelques bouts de fusains qui lui restaient et elle se mit à dessiner tel qu'elle le voyait. Elle ne s'attarda pas sur le détail de son corps, son but n'étant pas de faire son portrait physique. Elle dessina les contours d'une manière qu'elle n'avait jamais explorée. Elle écrivit les paroles de « Who I am » pour dessiner le contour de ses cheveux et s'inspira des notes de Harry pour dessiner son corps. De dos. A côté, elle dessina le chanteur de face en utilisant le même procédé. Elle ne dessinait pas vraiment. Elle écrivait Harry de manière artistique. Elle le voyait avec son âme et non plus avec ses yeux. Et elle continua pendant une heure, deux heures, huit. Elle traça ses yeux et les emplis de messages de détresses, de SOS que Harry envoyait chaque jour mais que personne n'arrivait à interpréter. Son nez fût composé de larmes prêtes à couler et ses oreilles furent masquées par les insultes que le brun avait retranscrites dans son carnet. Cette même méchanceté peignait le visage du chanteur. Harry avait toujours été malheureux et Joan venait tout juste de s'en rendre compte.
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Guilty.
Hayran KurguDeux ans après la séparation du groupe, Harry Styles, chanteur mondialement connu est impliquée dans une affaire de meurtre..