Guilty.

Fragment quarante-six.

Mardi deux Juin. Jour du concert de John Mayer dans l'Utah. Veille du procès de Harry Styles. Le journal local était partagé entre ces deux sujets dans la rubrique « people ». Etait-il plus important de parler du brun ténébreux qui venait chanter ses nouvelles chansons lors d'un concert le soir ou du brun discret qui allait bientôt être jugé ?
Harry soupira et referma le journal qu'il avait été cherché tôt ce matin. D'une main peu assurée, il remua son café et souffla sur la brume qui s'en échappait avant de le porter à ses lèvres. Il grimaça. Trop tard, il venait de se brûler la langue. Le brun pesta contre lui-même et posa son regard sur Joan qui venait de pénétrer dans la pièce. Il ne l'avait jamais vu aussi naturelle. Elle n'avait pas pris le temps de maquiller ses yeux clairs, ses cheveux étaient attachés en deux couettes asymétriques et sa salopette usée par le temps laissait entrevoir des parcelles de ses cuisses ou encore de son ventre. Elle se hissa sur la pointe des pieds au-dessus de l'évier et attrapa une tasse qu'elle remplit de café, toujours sous le regard discret du chanteur. Elle finit par se poster contre le comptoir et regarda intensément Harry.

- Tu devrais mettre un costume bleu pour le procès. Bleu foncé, ajouta-t-elle. Avec une cravate grise claire.
- Je ne suis pas trop cravate, je préfère les nœuds papillon.
- Tu vas à un procès, pas à une remise de prix. Il faut que tu sois élégant et sérieux, pas sexy et attractif. On s'attend sûrement à te voir en morceau, complètement shooté ou bourré. Il faut que tu sois impeccable pour montrer que tu ne prends pas cette affaire à la légère. C'est sérieux, un tribunal.   Harry posa à nouveau son regard sur le journal devant lui et lâcha un soupir, lasse.
- Si ça se trouve, c'est ma dernière journée de liberté et demain, je serais en taule.
- Un procès pour meurtre, ça ne dure pas une journée, Harry. Tu as payé une caution. Peu importe leurs éléments, ils te laisseront partir jusqu'à ce que le juge prononce ta peine.
- Ma vie ne sera plus jamais la même après ça, murmura-t-il d'avantage pour lui-même.

Pour la première fois depuis le début de l'enquête, il prenait conscience que cette histoire marquerait sa vie à jamais. Pas seulement à cause de la perte de Merle mais aussi à cause des retombées médiatiques. Qu'il aille en prison ou non, qu'il soit coupable ou pas, il resterait le meurtrier de Merle pour beaucoup de gens. Il ne pourrait jamais se détacher de cette étiquette qui lui colle à la peau et sa carrière n'avait pas juste pris un coup. Elle était finie, désormais.

- Ta vie n'est déjà plus la même, commenta Joan.

Elle se détacha du comptoir et posa sa tasse encore fumante sur la table. Avant de quitter la pièce, elle posa une main réconfortante sur l'épaule de Harry.

- Il faut que tu ailles faire tes valises, Harry. On part dans trois heures.

Et Joan remonta dans son atelier avec dans ses mains, son carnet à dessin. Elle devait peindre la scène finale à l'œuvre que le brun lui avait demandé. La dernière pièce du puzzle ; Celle qui avait tout changé.