Trente-neuf jours.
Steve n'avait pas eu le courage de rester aux Etats-Unis et de faire face aux nouvelles qui lui arrivaient de plein fouet. Il n'avait pas eu le courage de rester et de voir son poulain se faire descendre en flèche par des centaines de journalistes se réjouissant du procès contre Harry. Il n'avait eu la force de rester en Californie et de lutter de toutes ses forces pour prouver l'innocence du chanteur. Seule Joan pouvait le faire. Lui était trop impliqué sentimentalement pour être impartial. Au début, il avait cru en être capable. De relever Harry. De le sortir de sa dépression pour qu'ensemble, ils prouvent que le brun était innocent mais Steve s'était rapidement senti dépassé. La détresse de Harry lui rappelait la sienne qui n'avait existé que quelques années plus tôt. Steve était encore bien trop fragile pour faire face à la mort de la compagne de Harry. Et puis, l'homme avait aussi dû gérer la carrière du chanteur. Il avait fallu qu'il annule toutes les apparitions publiques de Harry toutes les émissions radio et télé, limiter au maximum les sorties et faire quelques déclarations publiques pour ne pas que les gens se posent trop de question. Trop de silence, c'était suspect. Le séjour dans l'Utah était la dernière chance de Harry pour prouver son innocence. Il y avait bien son avocat mais face au témoignage de la famille de Merle, il ne pèserait pas lourd dans la balance. Les jurés seraient d'avantage touché par les paroles larmoyantes de la mère de l'actrice plutôt que par le récit encore confus et troublé de Harry.
Steve étira chacun de ses membres et s'assit sur le bord de son lit. Il étouffa un bâillement et jeta un coup d'œil à son cellulaire posé sur la table de chevet. Dix-huit appels manqués et une quarantaine de sms en tout genre. Des journalistes, pour la plupart, mais le manager n'avait pas le courage d'y répondre. Il était venu à Londres pour s'accorder quelques jours de répits, certainement pas pour enchaîner les plateaux TV pour donner la destination de Harry ou encore des informations sur l'enquête. Tout cela ne le concernait pas. Seul le bouclé aurait pu exprimer son ressentit sur ce qui était en train de lui arriver mais il n'était pas en état de répondre quoique ce soit. Il était trop mal. Steve décida d'éteindre son cellulaire et quitta sa chambre pour rejoindre le salon à l'étage d'en dessous. Il y retrouva Niall, déjà habillé et coiffé, malgré l'heure matinale qu'affichait l'horloge.
- Bien dormi ? Lui lança son hôte.
Steve se contenta d'hocher la tête. Son regard se posa ensuite sur le répondeur téléphonique de la maison dont la led scintillait d'un rouge vif. « 36 » était inscrit à côté. Le manager comprit alors que même Niall était harcelé par les journalistes afin d'obtenir des informations sur Harry. L'homme lança un regard désolé à l'irlandais, celui-ci répondit par un haussement d'épaules.
- Je m'y suis fait, avoua-t-il. Mes proches savent qu'il faut appeler sur mon portable pour que je réponde. J'utilise plus le fixe depuis l'ouverture de l'enquête.
- Joan t'a appelé ?
- Pas encore mais il doit être trois heures du mat là-bas donc c'est normal.
Niall faisait confiance à Joan. Lorsque Steve avait conseillé à Harry de faire un voyage, il lui avait paru normal que Joan vienne avec lui. Elle savait faire preuve d'une grande ouverture d'esprit et ne jugeait jamais personne. Rien ne semblait la surprendre et puis, elle connaissait Harry. Pas beaucoup, certes, mais elle avait réussi à le cibler et c'était ce qui importait. Joan n'était pas du genre curieuse. Elle ne parlait pas beaucoup et vu l'état dans lequel se trouvait le bouclé, c'était tout ce dont il avait besoin. Une simple présence. Quelqu'un qui veillait sur lui. De loin. Pas par manque d'implication ou par un désintérêt total pour Harry mais simplement parce que cela faisait partie de son caractère. Quant à l'Utah, cet état s'était imposé à eux. Niall avait déjà rendu visite à la tante de Joan qui vivait là-bas et il était tombé amoureux de cet endroit. Cet orange a perte de vue, ce petit chemin qu'il fallait prendre pour accéder à la maison et tout d'un coup, une ancienne ferme s'imposait à eux. C'était la destination idéale pour Harry. Le soleil qui cognait fort dans le ciel, la tranquillité du lieu, les murs imprégnés d'une odeur de pain d'épices et la musique qui inondait la maison. Il n'y avait pas meilleur endroit au monde. Et là-bas, Joan se sentait comme chez elle. Elle pouvait installer son chevalet dans son ancienne chambre d'enfant et laisser son imagination la porter hors du monde. C'était la seule chose dont elle avait vraiment besoin.
Niall apporta deux tasses de café fumantes dans le salon et les deux hommes s'installèrent sur le canapé, attendant que Joan réponde au sms que venait de lui envoyer l'irlandais. Ils avaient besoin d'être rassurés sur l'état de Harry pour bien commencer leur journée et Joan ne tarda pas à les appeler. Alors que Niall portait sa tasse à ses lèvres pour apprécier le breuvage qu'il s'était préparé, son cellulaire dernier cri vibra sur la table basse du salon, laissant bientôt envahir la pièce de la voix de Harry. Steve tourna immédiatement la tête vers l'irlandais, surpris de sa sonnerie de téléphone.Stolen. La chanson qui aurait dû introduire le premier album du chanteur et qui aurait dû sortir prochainement. La chanson aux paroles profondes et aux influences rock qui rendaient la voix de Harry plus déchirante et plus rauque qu'auparavant. Autrement dit, la chanson idéale pour lancer sa carrière solo. Son EP n'avait été qu'un avant-goût et la suite ne pouvait s'annoncer que meilleure. Du moins, c'est ce qu'ils croyaient.
Niall posa sa tasse dans la précipitation et décrocha, de peur de rater le coup de fil de sa petite-amie. Il activa immédiatement le haut parleur et souffla un « Allo », à bout de souffle.
- Désolé de ne t'appeler que maintenant, j'étais occupée.
- Comment va Harry ? Demanda Steve avec hâte.
Il sentit un malaise dans la voix de Joan. Elle n'était plus aussi sûre que la dernière fois qu'il l'avait eu au téléphone. Elle était hésitante, ne savait pas par quel bout prendre cette histoire et cela fit peur au manager. Il avait fondé tous ses espoirs en la jeune femme, elle ne pouvait pas renoncer maintenant. Harry avait besoin d'elle.
- Je ne sais pas, finit-elle par admettre dans un soupir. Je l'ai jamais vu comme ça. Il est tellement... Renfermé. J'ai pas l'habitude, moi, donc je ne sais pas comment il va. Il ne me parle pas beaucoup.
- Et toi, tu lui parles ? Intervint l'irlandais.
- Tu me connais, Niall.
Il soupira à son tour. Question bête. Joan ne parlerait pas à Harry mais elle savait faire sentir aux gens sa présence. Cela passait par un sourire, par un regard qui était si perçant qu'on avait l'impression qu'elle lisait dans notre âme, par un geste tendre. Même lorsqu'elle posait simplement sa main sur une épaule, Joan avait le pouvoir de rassurer quelqu'un. C'était la magie de Joan Sparks.
- Il a mangé ? S'inquiéta le manager.
- Oui, les gâteaux de Niall.
- C'est tout ? Et il est où, là ?
- Dans sa chambre.
- Tu le laisses sans surveillance ? S'énerva Steve. Mais t'es inconsciente ! Il est complètement ravagé, il ne faut pas le laisser seul !
- Vous avez voulu que je vienne ici pour m'occuper de lui et je le fais. Je le connais pas mais quand quelqu'un part s'isoler dans sa chambre, il n'a certainement pas envie qu'on le suive. Il est assez grand pour se surveiller tout seul et si vous avez le moindre problème avec ça, venez prendre ma place. Il est plus de deux heures ici, je suis restée éveillée juste pour vous donner de ses nouvelles et ça ne vous va pas. Alors, au revoir. Je ne répondrais plus au téléphone désormais puisque ce que je fais avec Harry ne vous va pas.
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Guilty.
FanfictionDeux ans après la séparation du groupe, Harry Styles, chanteur mondialement connu est impliquée dans une affaire de meurtre..