Guilty.

Fragment trente-six.

Et malgré la peur que ressentait Joan lorsqu'elle était en présence de Harry, elle ne put être que touchée par ses récents aveux. Et à son tour, elle ressentait le besoin de lui confier toutes ces choses que tous ignoraient. Hormis Niall. Le blondinet était le seul à qui elle avait donné accès à son atelier de peinture. Elle savait qu'à force de fermer des portes devant lui, il finirait par se lasser et partirait alors, un jour, elle lui avait donné la clé de sa pièce secrète. En y entrant, Niall avait ressenti toutes les émotions qui avaient traversé la jeune femme quand elle peignait. De la joie. Beaucoup. Mais aussi un sentiment indéfinissable. Une peine énorme qu'il n'avait jamais réussi à saisir. Jusqu'à ce que Joan parle de cet être si cher à son cœur qui ne faisait plus partie de ce monde. Joan saisit la main du brun et silencieusement, elle l'entraîna à l'intérieure de la maison de campagne. Harry la suivit sans émettre la moindre plainte. Cet instant était magique, il ne voulait pas prendre le risque de le noircir avec des mots. Et puis, il savait combien il était rare que Joan prenne les devants. Ce n'était pas une suiveuse ni un stupide mouton qui obéissait aux règles. Elle était une meneuse. Celle qui ne se pliait pas aux règles qu'on lui imposait et qui nageait à contre-courant. Mais d'une façon encore différente de Harry. Elle n'avait pas besoin de boire ou de se la jouer provocatrice pour exister. Seul son art lui permettait de s'évader de son quotidien pour se confronter à des fantômes du passé qui la rendaient différente. Spéciale. Doucement, Joan poussa la porte de son atelier et Harry put entrevoir une pièce lumineuse, joliment éclairée par la lune qui était pleine cette nuit-là. Et soudain, la pièce lui sembla plus belle encore que la première fois qu'il l'avait vu, à l'insu de la jeune femme. Et Joan n'en saurait jamais rien. Aujourd'hui encore, le chanteur eut l'impression de découvrir une nouvelle facette de la blonde. La plus profonde et la plus personnelle, sans doute. Elle était peut-être une peintre qui commençait à se faire un nom dans le milieu, cet atelier restait néanmoins son jardin secret. Son lieu à elle. Son espace qu'elle ne partageait avec personne d'autres que ses toiles. Harry se sentit même privilégié, à cet instant. Niall avait eu l'occasion d'entrer dans son atelier en Irlande, lui avait l'honneur de découvrir celui qu'elle s'était crée aux Etats-Unis, dans son vrai chez elle. Son pays natal. Et ça, le bouclé savait que ce n'était pas donné à tout le monde. Nombreux étaient les collectionneurs qui auraient aimés être ici à voir les toiles encore fraîches de l'artiste ainsi que les nombreux dessins qu'elle avait entrepris. Dont quelques uns qui attirent l'attention de Harry. Son portrait dessiné de la façon la plus pure et la plus juste possible. Il resta planté devant les toiles plusieurs minutes à simplement apprécier le coup de crayon de la blonde et l'attention qu'elle avait portée en retranscrivant les paroles de ses propres chansons. Même sa signature en bas de la toile le toucha. Elle n'avait pas inscrit bêtement ses initiales mais avait signé avec une phrase qui transperça l'âme du brun. Joan se posta à côté de lui et croisa ses bras sur sa poitrine, gênée par l'attention que portait le chanteur à son œuvre.  

- J'ai utilisé du fusain. Je trouvais que ça faisait mieux ressortir tes yeux, avoua-t-elle timidement.

- C'est parfait.  

Harry resta encore quelques minutes à contempler les différentes toiles le concernant avant que son regard se pose sur le portrait qu'elle avait fait de Niall, le jour où il l'avait surpris. Il était peint, cette fois-ci, mais de manière si appliquée qu'on avait l'impression que la toile allait prendre forme humaine. Le résultat était bluffant. Mais en tournant la tête, le chanteur eut le droit à une nouvelle surprise. Son cœur s'arrêta de battre un instant avant de reprendre de plus belle, étonné de voir des dizaines de photos de toiles qu'il ne connaissait que trop bien. Son visage devenu blême, son souffle était court et des tremblements secouaient son corps svelte. Joan rejoignit le brun et l'interrogea du regard, ne comprenant pas son engouement pour des photographies des toiles qu'elle avait vendu lors de ses dernières expositions. Seulement, Harry ne le remarqua pas. Ni son regard interrogatif, ni sa présence. Toute son attention était tournée vers ses photographies. Et ses souvenirs.