Guilty.

Fragment dix.

Harry ne savait pas à quoi s'attendre en venant ici. Provo n'était pas exactement ce à quoi il s'attendait lorsque son manager lui avait proposé de voyager. Comme tout le monde, Harry connaissait les fameuses montagnes rocheuses de l'Utah mais cette région des Etats-Unis ne l'avait jamais vraiment intéressé. Il préférait de loin New York et ses buildings qui frôlaient le ciel, la décadence de Los Angeles ou le passé chargé d'histoire de San Francisco. Mais certainement pas le désert que présentait cette région. Du orange de partout, où que son regard se pose alors que Joan le conduisait jusqu'à une destination encore inconnue. « Le nord, avait annoncé la blonde en grimpant dans une superbe Mustang noire à l'intérieur en cuir crème. On va au Nord ». Harry n'avait bénéficié que de ces simples mots pour se remémorer ses cartes d'école et savoir ce qui pouvait bien se trouver au nord de l'Utah. Et hormis les diverses montagnes, il ne comprenait pas ce qu'il pouvait y avoir d'autre là-bas. Joan tourna finalement à droite, dans un chemin fait de terre battue et comportant de nombreuses pierres qui firent secouer la voiture. Harry interrogea la blonde du regard mais Joan ne laissa rien paraitre. Elle finit par enlever le foulard qu'elle avait sur la tête et enfila une paire de lunettes de soleil. Des Ray ban, remarqua le chanteur. Celles de Niall, de toute évidence. Et alors que Harry tourna la tête pour ouvrir la vitre et profiter de la vue, une maison apparue dans son champ de vision. Une immense battisse plutôt ancienne qui se démarquait de tout ce qu'avait pu voir le brun jusqu'ici. Ce n'était certainement pas l'une de ces villas californiennes qu'il avait pu s'acheter par le passé et elle ressemblait encore moins à son appartement dans le New Jersey. Cette maison était bien mieux avec ses murs crépis rougeâtre et ses volets bleus, quelque chose de surprenant dans le compté de Provo. Joan finit par se garer devant l'ancienne grange et quitta l'automobile. Ici, aucun brin d'air n'était perceptible et cela n'alourdissait pas l'atmosphère. Au contraire. Tout était différent. Tout était plus calme. Le paysage semblait plus beau, comme figé dans le temps. Et les couleurs prenaient une tournure avec le soleil du sud qui cognait dessus. Harry était littéralement ébahi par la demeure que possédait Joan. Si lui avait pu passer son enfance ici, il n'aurait certainement pas retrouvé l'Angleterre, comme l'avait fait la jeune peintre. D'ailleurs, était-elle américaine ? Elle n'en avait pas l'air. Mais à quoi ressemblait une américaine, dans le fond ? A l'exception des blondes siliconées, Harry n'avait jamais vraiment eu l'occasion d'en côtoyer et maintenant qu'il se trouvait à des milliers de kilomètres de toute civilisation, il regretta de ne pas avoir pris le temps. De profiter des gens qui l'entouraient. De sa famille. De ses amis. De sa vie. Et surtout, de Merle... Mais c'était trop tard. Tout était fini, maintenant, et pour les quarante jours à venir, la seule personne que serait autorisé à voir Harry, ce serait Joan.