Fragment trente.

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- Ma mère est ma seule vraie famille, lâcha Harry dans un soupir.

Joan fronça les sourcils et garda son regard posé sur le chanteur qui se trouvait à quelques centimètres d'elle. D'ici, elle ne pouvait voir que son dos parfaitement musclé qui était parfois secoué de tremblements à cause de ses sanglots. L'émotion était perceptible dans sa voix et la blonde était contente de ne pas apercevoir ses yeux. La simple vue de son chagrin l'aurait anéantit.

- Avec ma sœur, bien sûr, poursuivit le brun, bien décidé à se confier à la petite-amie de Niall. J'ai toujours dit que j'avais deux femmes dans ma vie et ce sont elles. Avec Merle. Avant. Elles ont toujours été là pour moi. Ma sœur me critiquait souvent mais je savais qu'au moindre problème, elle serait là pour moi. Et elle l'a été. Comme ma mère. C'est elle qui m'a forcé à aller à x factor. Elle en avait marre que je monopolise le garage avec mon groupe donc elle m'a inscrite. En solo. Elle pensait que si j'y allais avec mon pseudo groupe de rock, je n'aurais aucune chance. Et elle avait raison puisque j'ai été pris. Je t'épargne toute l'étape « sélection » car je pense que Niall a déjà dû te la raconter.

Harry respira profondément, essuya à l'aide du dos de sa main les larmes encore présentes sur ses joues et passa un coup de main sur son nez rougi à force d'avoir trop pleuré. Joan attendit, patiente, ne cherchant pas d'explications à la confession de Harry. S'il avait besoin de lui raconter ça maintenant, ce n'était pas sans raison. Il trouvait que c'était important qu'elle le sache donc elle resta assise sur sa chaise, les mains posées sur ses cuisses, à attendre que le brun reprenne sa tirade.

J'ai jamais eu beaucoup d'amis. J'avais que seize ans quand j'ai participé à x factor et j'étais pas le mec populaire de ma ville ou du lycée. J'étais juste Harry Styles, ce gamin qui chantait avec ses copains dans son garage et qui ne savait pas trop quoi faire de sa vie mais avec x factor, tout a changé. Tout à coup, je me suis trouvé adulé par des milliers de fans, j'étais dans un groupe avec quatre mecs qui sont devenus mes meilleurs amis et je me suis fait pleins d'amis. Du jour au lendemain, je suis devenu quelqu'un de nouveau. Et toute cette célébrité a fini par me monter à la tête. Pas quand on était un groupe mais après. Quand One direction a pris fin. Par ma faute. C'est moi qui ne voulait plus de cette carrière. J'en avais assez de ne pas être pris au sérieux sous prétexte que je faisais parti d'un boysband et puis, les mecs étaient d'accord avec moi. On s'aimait mais on en a eu assez de tourner en rond, de faire la promo de nos albums aux quatre coins du monde et de toujours dépendre d'un management envahissant. Alors, on a décidé de ne pas re-signer et de poursuivre nos vies chacun de notre côté. Niall est le seul qui est resté ami avec tout le monde. C'était important pour lui.

- One direction a été la plus chose qui lui soit arrivée, commenta Joan.

- J'oubliais. Tu le connais mieux que moi, sourit le chanteur avant de reprendre avec plus de sérieux, les sourcils froncés et le regard dur : J'ai dérapé par la suite. On m'a tout donné et moi, je voulais toujours plus. Je sais que c'est con mais... Je pensais qu'acheter dix voitures la même journée, dix-huit montres, trois maisons et autre, ça m'aiderait à me sentir moins seul. J'ai eu tord parce que plus j'achetais des biens, moins je trouvais des gens à qui je pouvais en faire profiter. Alors, j'ai crée une association et j'ai investis pas mal de sous là-dedans. De manière anonyme. Personne n'a jamais su que j'en avais crée une. T'es la première à qui je l'avoue mais j'ai une association pour les jeunes qui n'ont pas connu leur père. Ce n'est pas vraiment mon cas mais je le vis comme ça. Je n'ai jamais été très proche de lui. Il a abandonné ma mère et même si il a toujours été gentil avec moi, j'ai jamais réussi à lui pardonner. Et puis, ma mère a rencontré quelqu'un et il a été plus présent pour moi que mon propre père alors... C'est cette association qui m'a aidé à me remettre dans le droit chemin.

Sans le vouloir, un rire nerveux s'échappa de sa bouche et une vague de nostalgie s'empara de lui.

- Avec mon EP, ajouta-t-il. Cet album, c'est ma plus belle réussite. Je l'ai écrit presque entièrement et je me suis fait aider de Niall et d'Ed pour le peaufiner. Je voulais faire quelque chose pour moi, me surpasser et montrer aux fans que je peux être à la hauteur. J'ai pas mal foiré de choses dans ma vie, j'ai déçu beaucoup de gens et encore plus avec toutes mes orgies mais j'ai voulu me rattraper. Et je crois avoir réussi.

- Pourquoi « Maybe », alors ? Demanda la blonde.

- Parce que je n'étais sûr de rien. Je ne savais pas si il allait marcher, je ne savais pas si les fans allaient suivre, si ma famille allait être fière de moi et si les journalistes verraient mon re-nouveau ou toujours le type de One direction. Tu connais le titre de mon album ?

Joan secoua la tête mais Harry ne put la voir. Il pivota sur sa chaise et regarda le visage tourmenté de la dessinatrice. Elle était profondément touchée par les aveux du chanteur et elle ne pouvait pas lui cacher. Harry sourit intérieurement et poursuivit sa tirade cette fois-ci en regardant la jeune femme dans les yeux :

- « Things I can ».

- Comme ton tatouage, murmura-t-elle.

Il approuva d'un signe de tête.

- Je me sentais imbattable. Comme si plus rien ne pouvait m'atteindre maintenant. Alors, j'ai choisi ce nom. Je ne m'étais jamais rien fait tatouer sur ce bras car pendant des années, on m'avait privé de mes droits. Maintenant, je peux enfin les reprendre. J'étais intouchable. Je ne m'étais jamais senti aussi heureux qu'à cet instant...

Un voile triste se posa sur les yeux du brun. Joan avala difficilement sa salive et posa sa main sur la chaise de Harry. Assez près pour qu'il puisse sentir la chaleur qui se dégageait de son corps et le soutient qu'elle lui témoignait. Assez loin pour qu'il puisse être en droit de le refuser.

- Et Merle dans tout ça ? Se permit de lancer Joan.

- Oh, Merle... Un sourire naquit ses lèvres immobiles. Il laissa passer quelques minutes avant de lui raconter : On s'est rencontré lors d'un défilé. Un peu par hasard, d'ailleurs. J'étais là pour Nick, comme chaque année pour la fashion week. On avait raté le défilé de Milan à cause de mes frasques donc on avait été à Paris. Et j'ai rencontré Merle. Le soir, je l'invitais au restaurant. Le lendemain, j'arrivais à la convaincre de rentrer en Angleterre avec moi. Je l'ai rencontré au pire moment de ma vie et elle a su le rendre meilleur. Niall était en pleine déprime, je venais de me fâcher avec le reste du groupe, j'avais peur que ma carrière solo ne décolle pas et je passais le plus clair de mon temps à boire et à fumer. J'avais recommencé à me droguer pour tenir le coup et j'enchaînais les coups d'un soir car la seule vue d'un lit vide m'angoissait. Elle m'a sauvé la vie ce jour-là et elle a continué de le faire pendant deux ans. Elle était mon pilier, celle qui tenait l'équilibre parfait entre les deux parties de ma personnalité. Elle m'a réappris à être moi-même, à ne plus tenir compte du regard des gens pour que je vive pleinement ma vie. Elle m'a soutenu pour mon EP et m'a inspiré la plupart des chansons qui se trouvent sur mon album. Un album que personne n'entendra jamais maintenant... Il soupira. J'étais un puzzle. Un tas de pièces mélangés dans un sachet et personne n'arrivait à trouver la bonne combinaison pour former le motif sur la boîte mais elle, elle est arrivée de nulle part et elle a essayé. Une à une, elle a rassemblé les pièces du puzzle pour que je redevienne moi-même. Mais elle n'avait pas collé les pièces et maintenant qu'elle est partie, je tombe à nouveau en morceaux...

Guilty.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant