Guilty.

Fragment quarante-deux.

Niall ne s'était pas préparé à l'éventualité que la carrière de One direction pourrait prendre fin. Il savait que cela arriverait à un moment donné mais certainement pas alors qu'ils avaient programmé une tournée dont les places s'étaient vendues en quelques minutes et qu'ils avaient enregistré la moitié d'un album. C'était inimaginable. Et pourtant. D'abord, il y avait une phrase lancée maladroitement par Louis. Je suis fatigué de vivre cette vie. Ensuite, les absences de Harry de plus en plus fréquentes et le lendemain, on le retrouvait à la Une des magasines people avec une seule question en tête : Que faisait donc le leader de One direction dans l'appartement d'Ed Sheeran ? Si certaines rumeurs affirmaient que le bouclé était en couple avec le rouquin qui avait su conquérir le monde avec la force d'un seul album, la plupart songeait à « L'après One direction ». Quand le rideau se baisserait et que le brun chercherait à rebondir. Il y avait aussi eu une photo malencontreuse de Liam en train de visiter les studios d'un concurrent de Sony, leur studio actuel. Et suite à celle-ci, la fin de One direction s'était précipitée. Juillet 2014, la nouvelle tombait lors du passage du groupe dans x factor, le télé-crochet qui les avait fait connaître. Et formé. Le début. Et maintenant, la fin.   Niall avait erré pendant près d'un an, sans but. Il faisait des allers-retours entre son lit et son canapé. Il n'avait plus de raison de vivre. Il avait vécu quatre ans à parcourir le monde, à chanter presque chaque soir devant des milliers de personnes. Il avait été le rêve de quelqu'un pendant des années et maintenant, il devait retourner vivre chez ses parents qui ne le connaissaient plus vraiment avec des amis qui se rendaient compte de la transformation de One direction sur lui et avec une petite-amie qui n'avait pas mis longtemps à le quitter, ne supportant plus de l'avoir sans cesse auprès d'elle. Il y avait bien eu Harry pendant cette période mais le brun se retrouvait submergé par tout ce qui lui arrivait. La fin du groupe avait marqué son renouveau, son affirmation entant qu'homme et entant qu'artiste, alors que son meilleur ami était en pleine chute libre. Et il ne savait pas quoi faire pour le sauver.

Mais il y avait eu Joan.

Ils étaient devenus amis, dans un premier temps. Joan ne parlait pas beaucoup et cela convenait parfaitement à Niall. Aucun compte à rendre, aucune explication à donner. Il avait quitté la maison familiale pour s'acheter un pavillon de banlieue dans lequel il invitait souvent la blonde. Et elle restait là, assise à même le sol, à peindre des dizaines de toiles. Niall la regardait avec fascination. Il lui parlait de sa vie et elle, elle peignait avec passion. Et quand l'irlandais avait le sentiment de ne pas être écouté, il lui disait. Joan pouvait répéter ses dires mot pour mot et même reproduire ses traits faciaux.  

- Mais comment tu fais ça ? Avait-il demandé, surpris qu'elle soit capable de lire en lui alors que son regard était encore posé sur l'œuvre qu'elle était en train de peaufiner.

- Ta voix résonne différemment selon tes mimiques. Mais le son que je préfère, c'est quand tu souris.  

Et maintenant, lorsque Niall pensait à son histoire avec Joan, il se disait que c'était cette phrase qui avait consolidé leur amitié et permis une ouverture à l'amour. Parce qu'elle aimait sa voix lorsqu'il souriait. Et qu'elle savait deviner la moindre expression qui traversait son visage. Et que Niall possédait le plus joli rire qu'elle ait pu entendre. Il s'en fichait de rire fort, de devenir écarlate et de reprendre bruyamment son souffle. Il aimait la vie et elle, elle l'aimait lui.   Joan l'avait sans doute toujours aimé, du jour où elle avait posé son regard sur lui au moment où il l'avait embrassé. Maladroitement. Avec gêne. En se demandant si ce baiser n'était pas en train de détruire tout ce qu'ils avaient bâti pendant des mois. Ils ne s'étaient rien dit. Niall n'avait pas cherché à officialisé leur couple avec un statut Facebook, une annonce formelle via communiqué de presse ou un article dans un magasine people. Joan s'était contentée de poser sa tête sur l'épaule encore chaude du blondinet et Niall avait ses doigts liés aux siens. C'était là la magie de leur couple. Cette force qu'ils possédaient quand ils étaient ensemble et cette capacité à lire dans l'autre. Personne n'avait jamais compris pourquoi Joan avait choisi Niall. Elle était discrète, parfois introvertie et elle parlait trop peu pour qu'ils aient de longues conversations le soir sur le sens de la vie. Elle était à des milliers de kilomètres de Niall. Lui aimait bien manger, elle frôlait l'anorexie quand elle était au travail. Lui qui parlait fort ; elle qui ne parlait pas. Lui qui riait fort ; elle qui le regardait faire, un sourire aux lèvres. Lui qui était passionné ; Elle qui était passionnée. Leurs arts s'opposaient sans doute mais leur amour pour celui-ci les réunissait. Joan pouvait passer des heures à regarder le blond annoter les partitions de ses chansons. Elle s'asseyait derrière lui, nouait ses jambes autour de ses hanches et posait sa tête sur son dos courbé et le regardait simplement écrire puis composer des chansons qu'il vendrait à des artistes qu'il trouvait méritant. Tout le monde ne pouvait pas avoir les textes de Niall. C'était une mine d'or seulement réservée aux privilégiés. En l'espace de quelques mois, le blond s'était trouvé une véritable passion pour l'écriture, plus encore que lorsqu'il était dans le groupe. Il passait le plus clair de son temps à noircir les pages de son carnet, à dessiner quelques morceaux de partition avant de s'emparer de sa guitare et de les tester. C'était devenu son quotidien. Et parfois, il quittait son bureau pour venir voler un baiser à son amante se trouvant dans la salle d'à côté, à peindre des toiles plus belles les unes que les autres. Elle pestait toujours contre lui lorsqu'il venait la déranger mais dans le fond, elle mourrait d'impatience en attendant son baiser quotidien. Mais Harry était apparu. Il avait proposé à l'irlandais de le rejoindre à Londres pour qu'il puisse être plus facilement abordable par les artistes et puis, ça aurait été l'occasion d'être ensemble. « Comme au bon vieux temps, Niall. Juste toi et moi dans le même appart à Londres. Tu verras, on va s'éclater. Y a rien qui te retient ici, rejoins-moi. » Niall aurait certainement dû lui expliquer que l'Irlande était son pays qu'il l'aimait plus que tout au monde, que sa famille était sur place et qu'elle lui manquerait du moment où il serait sur le sol anglais et que maintenant, il y avait Joan dans sa vie mais au lieu de ça, il avait accepté. Harry avait toujours été sur le fil. Les deux hommes étaient restés en contact mais avec une certaine distance. Le bouclé était à la dérivé, passait la majeure partie de son temps à s'autodétruire alors que Niall remontait la pente. Il lui avait déjà parlé de Joan. Plusieurs fois. Mais Harry était trop stone pour se souvenir de quoique ce soit. Seule sa petite personne l'intéressait. Et Merle. Merle qui venait de mourir. Joan qui avait dû quitter Niall pour rejoindre l'homme qui était en train de briser son couple. Niall qui était en train de crever à cause de son absence. Et Harry qui refusait encore de se confier, quitte à ce qu'il finisse en prison et laisse derrière lui une mère inconsolable, une sœur fragilisée, un meilleur ami à nouveau détruit et Joan.

Joan...