Guilty.

Fragment huit.

Joan soupira en refermant la porte de son atelier derrière son passage. Muni de son chevalet et de son sac à dos usé, la jeune femme descendit les escaliers et retrouva son amant sur le pas de la porte, à se battre avec ses valises, n'arrivant pas à faire entrer plusieurs paquets de gâteaux destinés à Harry. Niall était persuadé que ces paquets feraient remontés de bons souvenirs au bouclé et, bien que Joan ne croyait pas à cette « thérapie culinaire », elle avait promis de les donner à Harry dès son arrivée. Mais elle savait que Niall se trompait au sujet de son ami. Harry n'était pas « juste pas bien ». Il était déprimé. Complètement anéantit. Dévasté. Et ce n'est pas les quelques mots qu'il avait bredouillé au téléphone qui avait suffit à la rassurer. Bien au contraire. Maintenant, Joan vivait avec l'angoisse de la mort. Dans quelques heures, elle se retrouverait seule avec Harry et elle n'était pas certaine de pouvoir le surveiller nuit et jour. Mais que se passerait-il pour le brun quand il se retrouvera seul en compagnie de ses souvenirs douloureux et un couteau à porté de main ? Que pourra-t-elle faire lorsqu'elle laissera traîner ses médicaments contre la migraine et que Harry sera dans le coin ?

C'est la peur au ventre que Joan ajusta son sac sur son dos et attrapa la main rassurante de l'irlandais. Il était temps d'aller à l'aéroport.

- Tout va bien se passer, lui murmura-t-il avant de l'embrasser sur le front, pour se rassurer lui plutôt qu'elle.

***

Harry n'avait pas envie de quitter l'appartement de son manager. Pas qu'il se sentait particulièrement bien ici, en haut d'un immeuble qui surplombait la ville, mais au moins, l'appartement était agréable et Steve ne lui posait aucune question. Il se contentait d'être là. Il cuisinait chaque jour pour le brun mais ne le forçait pas à manger. Il laissait son chien se promener dans l'habitat, espérant ainsi motiver Harry à le sortir dans le parc de la propriété. Il passait plusieurs coup de fils par jour aux journalistes ou présentateurs télé, espérant ainsi que Harry se sente impliquer et décide de reprendre sa carrière en main. En vain. Harry était plongé dans un chagrin sans fin duquel Joan voudrait sans doute lui en sortir. Ils ne se connaissaient pas tant que ça, tous les deux, mais leur amour pour Niall les avait rapproché, ces derniers mois. Niall n'avait pas vécu que des choses faciles et il avait pu compter sur son meilleur ami et Joan pour remonter la pente. Et maintenant, c'était à Harry d'être aidé par le couple mais il doutait que cela fonctionne. Il était trop détruit pour que l'on puisse recoller les morceaux de son cœur.

- Ca va aller ?  

Harry tourna la tête en direction de Steve et haussa les épaules. Il n'en savait rien, justement. Il allait dans l'Utah d'avantage pour faire plaisir à Niall que par réel envie. Si l'irlandais avait envie de croire en son ascension dans un autre état, alors, il irait. Steve soupira et regarda l'écran qui se trouvait en face d'eux. Le numéro du vol du brun venait d'être affiché ; il était temps pour lui d'y aller. Le manager se tourna face à Harry et le serra dans ses bras.

- Prend soin de toi là-bas, chuchota-t-il à son oreille.

- Dis plutôt ça à Joan.

- Je suis sérieux, Harry. Ce n'est pas en te laissant abattre qu'elle reviendra et faut que tu sois fort pour  le procès. Eux ne te feront pas de cadeaux.

- J'ai pas envie de devoir prouver à une bande d'inconnus que je l'ai pas tué. Je m'en fou d'aller en prison, Steve. Ca pourra pas être pire que ce que je vis.

Et il s'était emparé de sa valise et avait rejoint la porte d'embarquement, prêt à quitter la Californie pour rejoindre une femme qu'il connaissait à peine et qui ferait tout pour découvrir la vérité. Et une vérité qu'elle ne croyait pas aussi sombre et lugubre...